lundi 28 septembre 2009

Le capitalisme, valeur première de l'Olivier?

A suivre le JT de ce soir, on se rend compte que le capitalisme est plus débridé que jamais. Il y a un an, le "système" était en "crise", et on se dit aujourd'hui que le mot était approprié. Ce n'était qu'une crise. Le train fou continue à rouler. Les entreprises à fermer, pour se délocaliser et/ou pour permettre à leurs actionnaires d'obtenir de plus plantureux et plus rapides bénéfices encore.
Même la poste bientôt libéralisée s'y met. Chez France Telecom, les suicides ne se compteront bientôt plus. On parlera plus pudiquement d'abandon de poste.

La Wallonie reste fidèle à son image de carabinier d'Offenbach. La crise, on connaît depuis cinquante ans, donc on sait que ce n'est que passager. Donc, business as usual.
Le récent avis favorable de la CRAT sur le projet de "centre de glisse" de Maubray en est un exemple parmi d'autres. La Commission Régionale d'Aménagement du Territoire, censée être, en la matière, la conseillère indépendante du ministre a fait la preuve de son instrumentalisation et de beaucoup d'incohérence et de mauvaise foi. L'avis est favorable, mais assorti d'une série de remarques plutôt... défavorables. C'est que nous sommes en Wallonie où les investisseurs - même dans des projets ringards - sont les rois. Ou, à tout le moins, les princes...
Son ministre-président continue à manier la langue de bois avec un art consommé qui l'a mené où il est. Un coup à gauche et, hop, un coup à droite. Son interview dans la Libre Belgique du 26 septembre est dispensable. Il n'y dit rien, sinon qu'il sera rigoureux. Et attentif aux uns et aux autres, s'il fallait le rappeler. Ce qu'il fait sur deux pages. Dans le Vif du 11 septembre, essayant de récupérer l'idée de green deal, il disait attendre des citoyens "de l'initiative entrepreneuriale", même sous forme de coopérative. "Cette envie de participer au développement économique, cet enthousiasme, c'est la condition sine qua non du redéploiement de la Wallonie", dit-il. Dommage qu'il ne précise pas de quel type de redéploiement il rêve (s'il échet).
Le projet de centre de glisse, maintenant clairement soutenu par la CRAT et ceux qui la téléguident, est un exemple symptomatique de ce capitalisme qui fonce sans feux dans le brouillard.
"Ceux qui prêchent la croissance de la consommation dans les pays où les besoins vitaux sont déjà plus que satisfaits sont aussi néfastes que les dealers de drogue", affirme Albert Jacquard (le Vif, 10.04.09). "Car la croissance est une drogue: elle fait du bien dans les premiers instants, mais nous tue ensuite. Les solutions proposées par les dirigeants de la planète pour répondre à la récession recourent systématiquement à un accroissement de l'activité, sans poser la question de la compatibilité de cet avenir avec les limitations imposées par la nature", ajoute le généticien.
Lui répondant en écho, Hervé Kempf, journaliste scientifique au "Monde" (1), estime que "ces trente denières années, le capitalisme s'est traduit par la poursuite d'une augmentation de la productivité extrêmement importante, c'est-à-dire la capacité du travail humain à transformer son environnement. Les capacités destructrices de nos activités économiques se sont accrues." (LLB, 21.09.09) "Tout le monde est tiré vers cette envie de surconsommation véhiculée par le mode de vie des plus riches", ajoute-t-il. "Tout cela nous entraîne collectivement vers une consommation matérielle exagérée qui pose des problèmes écologiques."
Deux jours auparavant, dans la même Libre Belgique, c'est l'économiste Pierre Pestieau qui estimait que "la gauche européenne en général et belge francophone en particulier manque parfois d'imagination. Elle est coincée dans une sorte de conservatisme. On le sent en période de crise, où on assite à une sorte de repli sur ses acquis plutôt qu'à un sursaut pour essayer d'améliorer les choses avec les ressources dont on dispose", dit-il. Interrogé sur les inflexions vertes du plan Marshall, il affirme qu'il y a "certainement des efforts à faire en termes de régulation, de réglementations...".
On en revient à l'exemple du centre de glisse où on sent bien que l'accord a été délivré depuis longtemps, mais qu'il faut quand même (essayer de) donner le change, faire croire que le politique a son mot à dire. Alors qu'il apparaît totalement inféodé au système capitaliste et à ses promoteurs d'autant plus convaincus que tout leur est permis que leurs projets les plus absurdes et déphasés sont l'objet de toutes les attentions.

Dans leur documentaire, récemment diffusé en télé, les Yes Men rappelaient que pour Milton Friedman, le laisser-faire total était la meilleure des politiques que puisse mener un Etat. L'Etat, pour lui, n'a pas à réguler, au contraire il doit laisser faire ceux qui créent de la richesse
Dans le documentaire, un de ses adeptes affirme que "mieux vaut laisser faire l'économie de marché" et un autre, parlant du réchauffement climatique, estime que "la chaleur, c'est la santé et elle va augmenter!".
Apparemment, le Gouvernement wallon est très friedmanien. Il nous reste à espérer que les écologistes sauront arrêter ce train fou. Et, pour sauver la Wallonie, sortir du capitalisme.

(1) Pour sauver la planète, sortez du capitalisme - Editions du Seuil

1 commentaire:

Anonyme a dit…

Bonjour. Juste un petit mot pour vous dire que j'aime bien votre blog, que je lis régulièrement. Je le trouve rafraîchissant, inspiré, pertinent. Parfois un peu naïf aussi, mais ça fait du bien. Continuez ! Un ex-fan de Génies en Herbe et l'un de vos anciens électeurs.