vendredi 19 août 2011

Big brother is stealing you

Les Réseaux d'Information de Quartier sont à la mode, paraît-il. En France, on parle de "voisins vigilants". Chez nous, on en compterait quelque vingt-cinq côté wallon et dix fois plus en Flandre. Le principe: les habitants du quartier relèvent tout ce qui leur apparaît anormal, tout ce qui sort de l'ordinaire et préviennent aussitôt la police. Le problème est évidemment de savoir ce qui peut être qualifié d'anormal, ce qui sort de l'ordinaire. Un jeune qui vient à mobylette rencontrer un de ses copains qui habite le quartier; un punk ou un baba cool qui passe par là, ou un africain, un asiatique, ou pire encore: un rom; un travailleur qui stationne sa voiture dans le quartier pour partir en covoiturage; voilà, on l'imagine, autant de motifs d'inquiétude. L'ado qui fait le mur pour sortir de chez lui ou pour y rentrer ensuite risque fort d'être dénoncé auprès de ses parents par ces si gentils voisins vigilants. Bref, le quartier est sous contrôle et "normé": les voisins vigilants doivent induire, on l'imagine, un mode de vie standard, une même vision de qui est étrange ou étranger. Le quartier doit se refermer sur lui-même. Une sociologue flamande a étudié la composition des ces Réseaux: 40% de leurs membres votent pour l'extrême-droite (2).
La délinquance, paradoxalement, est extrêmement faible dans les communes qui ont adopté le système, écrit Elodie Emery dans Marianne (1). Elle cite un policier de Loriol dans la Drôme qui estime que "les voisins vigilants agissent surtout sur le sentiment d'insécurité; ça rassure...".
Je pense à cette amie qui vit dans le sud de la France: en son absence, elle avait confié les clés de sa maison à sa voisine. A son retour, elle avait constaté qu'elle avait été victime d'un cambriolage. D'après les gendarmes, celui-ci n'a pu être commis que par quelqu'un qui disposait des clés...La vigilance des voisins a dû se relâcher à leur propre égard (ou égarement).

(1) 6 août 2011
(2) JT RTBF 17.08.2011

1 commentaire:

gabrielle a dit…

En France, l'opération "Voisins vigilants" a été lancée au lendemain de l'élection présidentielle.
Au fil des ans, l'entreprise n'a néanmoins pas généré suffisamment d'adeptes-mouchards.
Pour rebooster l'affaire, le gouvernement est donc allé jusqu'à permettre de rémunérer cette "vigilance" (*).
Las! Cela n'a pas marché non plus.
Et c'est heureux.

(*) Il y a eu, au début août si mes souvenirs sont bons, un article du 'Monde' consacré au sujet.