mardi 23 août 2011

Célérité de l'Histoire

L'Histoire va trop vite. Certains n'arrivent pas à la suivre. Parfois, ils ne sont pas encore au bout de leur mandat que déjà elle les rattrape.
En 2004, c'est-à-dire il y a peu, Mouammar Kadhafi était reçu à Bruxelles, par Romano Prodi alors Président du Conseil européen, par Guy Verhofstadt, Premier Ministre belge, par Herman De Croo, Président de la Chambre (la vidéo de promotion de la Chambre en témoignait encore récemment (1) - peut-être en témoigne-t-elle encore cette heure?), par des hommes d'affaires. Le terroriste numéro un s'était assagi, disait-on. Il s'était racheté une conduite. Il était à nouveau fréquentable. On pouvait faire des affaires avec lui. Il n'y avait donc pas de raison que d'autres en face à notre place.
Fin 2007, c'était avant-hier, le tout frais émoulu président français Sarkozy recevait le leader libyen. Celui-ci planta sa tente dans les jardins de l'Elysée et multiplia les parades et les caprices: balade en bateau sur la Seine, visite du Louvre et du château de Versailles, chasse en forêt de Rambouillet (2). Sarko en fut humilié.
Juin 2009, c'était hier, le Premier wallon, Rudy Demotte, décidait "dans la sérénité", au lendemain des élections régionales, d'accorder à la Fabrique Nationale d'armes de Herstal une licence de vente d'armes à l'armée libyenne (3).
Et voilà qu'aujourd'hui, le partenaire d'hier est jeté comme un malpropre, pire poursuivi comme un assassin, par sa propre population. Lui qui en était le guide suprême. On voit par là qu'il ne faut espérer aucune gratitude et qu'il convient de se laver les mains plusieurs fois.

(1) voir le Vif, 12 août 2011
(2) lire ou relire à ce propos ce qu'en dit Patrick Rambaud dans "Deuxième chronique du règne de Nicolas Ier". Un extrait, pour le plaisir: " Dès lors, Mouammar se consacra au désordre, il figura le Mal, ses manières piquaient insultaient même, et il devint aussi fin à nuire qu'à se faire des ennemis; son commerce sembla insupportable par son autorité brutale, ses humeurs, sa malice, avec un air de supériorité qui faisait vomir et révoltait en même temps.
Le sobriquet de Cruel était justifié par ses actes." (p. 14)
(3) voir sur ce blog le billet "Wallonie, terre d'écueil" du 19 février 2011

2 commentaires:

gabrielle a dit…

Sans oublier qu'en janvier de cette année, deux parlementaires CDH participaient encore à un colloque en Libye (Conférence sur les immigrés africains).
Le thème principal n°4 était sans conteste du plus haut intérêt.

http://www.afrik53.com/Libye-Conference-sur-les-immigres-africains-en-Europe_a2987.html

Michel GUILBERT a dit…

Ah! En effet: participer à l'atelier "Mouammar Kadhafi: 50 ans de travail et de lutte acharnée en Afrique" justifiait largement le déplacement!