lundi 21 octobre 2013

De l'indignation

"Il faut savoir contrôler ses nerfs quand on est ministre", voilà ce que dit Florian Philippot, numéro deux du F.N. à Christiane Taubira (1). Une tête de liste frontiste traite la Garde des Sceaux de singe et de sauvage, mais celle-ci doit rester digne et sans doute courber l'échine. Il ne viendrait pas à l'esprit du F.N. et de sa présidente de s'excuser auprès de la ministre. Ce n'est pas le genre de la maison. On a sa dignité. Alors quand la ministre qualifie le parti d'extrême droite de "mortifère", celui-ci riposte en déposant plainte contre elle en justice. Pas question de faire profil bas. L'indignation au F.N. est à géométrie variable. Ce qui est amusant avec lui, c'est que chaque fois qu'il veut démontrer qu'il n'est pas d'extrême droite, il use de méthodes qui prouvent qu'il l'est. Dès qu'il essaie de se composer un visage avenant, il ne peut s'empêcher de laisser s'échapper un rictus. On ne se refait pas.

Sur "l'affaire" Leonarda, qui fait les gorges chaudes de la presse et d'une bonne partie de la gauche, j'ai ressenti, comme beaucoup sans doute, un malaise. Je me suis réjoui qu'en ces temps pollués par la montée de l'extrême droite, les lycéens manifestent leur solidarité avec d'autres jeunes, quelles que soient leur nationalité et leur origine. Mais, découvrant comme tout le monde, que la famille n'aurait pas, loin s'en faut, suivi la voie de l'intégration et que les règles d'expulsion auraient été respectées, je ne peux que m'incliner. Les âmes vertueuses peuvent s'indigner, la main sur le cœur, les règles sont ce qu'elles sont et c'est précisément parce qu'il y a des règles - qui doivent être respectées par toutes les parties - qu'on évitera l'arbitraire. La position qu'a adoptée le président Hollande me paraît humaine. Quel autre choix aurait-il? Laisser revenir une famille qui se moque de la main que la République lui a déjà  tendue?
Sur ce sujet, un point de vue, qui m'apparaît assez équilibré et à contre courant de la "bien-pensance": celui  de Jean Matouk, économiste. Il est publié sur son blog, relayé par rue89:

Le Conseil constitutionnel a refusé le droit aux maires d'invoquer une clause de conscience pour refuser de célébrer un mariage homosexuel. On respire. Quelles auraient été les limites d'une clause de conscience? Aurait-on vu des maires refuser d'enregistrer la naissance d'un enfant parce que ses parents veulent lui donner un prénom qui ne serait pas traditionnellement français? Pas d'Ilan, d'Ibrahim, d'Amel ou de Leïla, mais uniquement des Albert, des Gaston, des Jeanne et des Chantal? Aurait-on vu des maires refuser un permis de bâtir sous prétexte que la maison ne serait pas construite en pierre de pays et selon des méthodes traditionnelles? Il est logique qui si on est incapable d'être de son temps et de respecter les lois de la République, on ne puisse être maire.

(1) JT de France 3, 20 octobre 2013, 19h30.

P.S. Toujours sur ce qu'on appelle "l'affaire Leonarda, ce billet de Daniel Schneidermann:
www.rue89.com/2013/10/22/leonarda-quand-pen-denonce-lepenisation-tele-246832

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