mardi 19 novembre 2013

Grandes et petites voix

On les attendait. Des voix se sont fait entendre pour refuser le racisme qui semble s'exprimer presque normalement en France ces derniers temps. Celle de Jeanne Moreau, celles de Benjamin Stora, de Bernard Murat, de Danièle Thompson, de Denis Olivennes. "Nous sommes tous des singes français", affirment-ils, se demandant comment il se peut "qu'au XXIe siècle certains de nos concitoyens, éduqués comme nous dans un grand pays que nous aimons, apprennent encore à leurs enfants l'humour nauséeux, la barbarie, la haine de l'autre et le mépris". D'autres artistes et intellectuels se mobilisent aussi: Yann Moix, Christine Angot, Caroline Fourest, Bernard Henri-Lévy, Dominique Sopo se sont réunis dimanche à Paris pour dénoncer le racisme. "Les républicains ne laisseront pas cette haine bestiale sortir des citoyens de l'espèce humaine", affirme C. Fourest (1).
Pendant ce temps, d'autres se trompent de combat: il y eut d'abord les auto-proclamés "343 salauds". "Touche pas à ma pute", préviennent-ils. Un pute appartient forcément à qui la paie. C'est leur logique d'hommes, de vrais hommes. On ne s'étonne pas de trouver parmi les premiers signataires un certain Eric Zemmour, on sait combien il a mal à sa virilité. On fut - un peu - surpris d'y trouver Nicolas Bedos. Il a retiré depuis sa signature (2).
Plus récemment, il y a Antoine: l'exotique vendeur de lunettes, a lancé une pétition s'opposant au projet gouvernemental de lutte contre la prostitution. Catherine Deneuve, Charles Aznavour et d'autres l'ont rejoint. Sur France 3 Centre (3), au même moment, une jeune femme, qui fut prostituée pendant cinq ans, témoignait des années de violence qu'elle a alors vécues. Elle ne comprend pas la pétition. Celles et ceux qui la signent, dit-elle, ne se posent pas la question du proxénétisme et de la violence que connaît le milieu de la prostitution. De quel côté se placent-ils, tous ces signataires? Que savent-ils du vécu de la grande majorité des femmes qui se trouvent sur le trottoir sans l'avoir jamais voulu?
Résumons-nous: l'homme descend du singe. 


(1) http://carolinefourest.wordpress.com
(2) dans la famille Bedos, je choisis le père.
(3) 17 novembre 2013, 19h00.

2 commentaires:

Grégoire a dit…

Métis, Alexandre Dumas, homme de talent, fut souvent en butte aux sarcasmes racistes de ses contemporains qui s'attirèrent des répliques cinglantes :
"Au fait, cher Maître, vous devez bien vous y connaître en nègres?", lui demanda-t-on un jour.
"Mais très certainement. Mon père était un mulâtre, mon grand-père était un nègre et mon arrière-grand-père était un singe.Vous voyez, Monsieur : ma famille commence où la vôtre finit.", répondit-il.
Dans les "réponses" apportées à ces insultes racistes, je n'y décèle que trop peu de traits d'esprit. le "Nous sommes tous des singes français" relève un peu du "c'est celui qui dit qui est".
Les Alexandre Dumas se font trop rares de nos jours...

Michel GUILBERT a dit…

Je ne connaissais pas cette excellente réplique d'Alexandre Dumas.
Peut-être pas de trait d'esprit dans son billet, mais une très bonne analyse de Caroline Fourest sur France Culture:
www.franceculture.fr/emission-le-monde-selon-caroline-fourest-les-siffleurs-du-11-novembre-une-vraie-regression-de-la-soc