mardi 7 juin 2016

Allo, la Terre? Ici Bruxelles!

"Bruxelles tient bon face à la Belgique" (1). Le titre est intrigant. En tout cas pour un lecteur belge. En quoi cette ville peut-elle "tenir bon" face au pays dont elle est la capitale? Il faut évidemment traduire en français ce titre de l'hebdomaire Marianne pour qui Bruxelles est ici synonyme d'Europe. Les journalistes français, comme sans doute la grande majorité de leurs confrères et consœurs des pays de l'Union européenne (et au-delà sans doute), ont pris l'habitude de faire simple et de parler de Bruxelles pour désigner l'Union européenne, quelle que soit l'institution concernée.
En l'occurence ici, il ne s'agit d'ailleurs même pas de Bruxelles mais de Luxembourg, puisque l'article traite de la position de la Cour de Justice de l'Union européenne par rapport à l'interdiction du port du voile sur le lieu de travail. Position qui s'annonce contraire à celle de l'Etat belge.
Au-delà de la paresse intellectuelle qui amène des journalistes à simplifier des appelations jusqu'à l'absurde, reste que ce terme générique de Bruxelles semble renvoyer à un machin (comme aurait dit de Gaulle) venu d'en haut, déconnecté des pays de l'Union européenne et qui édicterait des règles qui seraient contraires aux intérêts de ceux-ci. En parlant de Bruxelles, plutôt que du Conseil des Ministres, de la Commission, du Parlement européen ou d'autres instances, des journalistes et des responsables politiques semblent (vouloir) ignorer que ces différentes instances sont constituées, notamment, de membres de leur propre pays et que les décisions qu'elles prennent ne tombent pas du ciel, qu'elles sont prises par des gens en lien avec des territoires nationaux. Si on veut redonner du sens à l'Union européenne, il serait temps d'appeler les organismes européens par leur nom plutôt que de les fondre en un magma informe.

(1) http://www.marianne.net/interdiction-du-voile-au-travail-bruxelles-tient-bon-face-belgique-100243435.html

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