mercredi 26 avril 2017

Le temps de l'hystérie

Si de plus en plus de Français sont coincés dans une vision totalement personnelle (égoïste?) de l'avenir de leur société, il faut en finir rapidement avec ce système d'élection présidentielle. Ils sont nombreux ceux qui prétendent ne pouvoir ou vouloir voter que pour le candidat qui leur convient totalement, sinon ils ne voteront pas, et les conséquences de leur abstention leur importent peu. Un porte-parole de Mélenchon, très énervé, affirme que personne ne peut lui demander d'adhérer au projet de Macron (1). Mais qui le lui demande? Tous les électeurs de gauche qui ont voté pour Chirac en 2002 n'adhéraient aucunement à son programme, mais avaient simplement fait le choix de défendre l'intérêt collectif de la France et de lui éviter l'abject.
Heureusement, à Orléans ce soir, une conseillère Front de gauche appelle à une manifestation contre la Le Pen et annonce qu'elle votera Macron sans pour autant partager son programme (2).
Et Nicole Ferroni, elle, assume aussi (3).
"Sans moi le 7 mai", certains se déchaînent, nous dit-on. Et sont très fiers de constater que leur non-position est partagée par des centaines de milliers de tweeters (1). Une diffusion massive serait-elle signe d'intelligence? A ce compte-là, TPMP serait la meilleure émission de la télé française et Guillaume Musso devrait être Prix Nobel de littérature. Le slogan a été lancé par le site jeuvidéo.com. Faut-il expliquer à ces gens qu'il ne s'agit pas d'un jeu, que nous sommes ici dans la réalité et que celle-ci dès le 8 mai pourrait être très brutale si la fille à papa l'emporte grâce à l'absention?

L'hystérie gagne la France d'extrême droite comme d'extrême gauche et une bonne partie des médias qui transforment en information capitale le moindre commentaire du premier quidam venu ou montent en épingle la moindre déclaration de soutiens de l'un ou l'autre candidat.
Les arguments les plus stupides, les plus simplistes se succèdent. Les candidats sont poussés à faire n'importe quelle promesse. Les travailleurs de Whirlpool attendent des promesses qui ne concernent pas un président de République. François Hollande en sait quelque chose, lui qui en 2012 s'était engagé trop légèrement  à sauver les aciéries de Florange. Macron reste prudent et refuse de s'engager à sauver l'entreprise. La fille de Jean-Marie l'a suivi comme un roquet, prête à le mordre au mollet et à promettre n'importe quoi. Avec elle, l'usine ne fermera pas, elle s'y engage, prenant en otage les travailleurs d'Amiens (4). Elle - la députée européenne -  qui, il y a une semaine,  a fait enlever le drapeau européen du cadre de l'émission de TF1 où elle était invitée, s'affirme maintenant comme une européenne convaincue. Elle est passée à la vitesse supérieure, celle où elle multiplie plus que jamais les mensonges et les volte-face et tord à sa façon la réalité (5). La candidate de la marche arrière se trumpise un peu plus (oui, c'est possible). Demain, elle annoncera qu'avec elle quatre millions d'emplois seront créés, que la France deviendra la première puissance mondiale, qu'elle guérira les lépreux et multipliera les pains et que son père recevra le Prix Nobel de la paix. 

Je me trompe ou cette France devient folle? Si vous avez des cartons utiles pour un déménagement, je suis preneur.

(1) France Inter, journal de 13h, 26 avril 2017.
(2) France 3 Centre, journal de 19h, 26 avril 2017.
(3) https://www.youtube.com/watch?v=9RwcEL641sw
(4) http://www.lemonde.fr/election-presidentielle-2017/article/2017/04/26/marine-le-pen-s-invite-dans-la-visite-d-emmanuel-macron-a-whirlpool_5117926_4854003.html

3 commentaires:

Anonyme a dit…

Ah ! 2002 ... LePen au second tour, les Parisiens dans la rue contre l’extrême droite. La gauche appellant à voter Chirac, y compris Mélanchon. Mais pas Arlette.
15 ans après, ce sont les policiers qui occupent la Bastille et les quelques manifestants qui ont voulu faire savoir leur rejet de l’extrême droite ont été dispersés. Comme cela, les casseurs ont pu mieux s’exprimer. Ca fait de meilleures images.

7 millions de collabos et quelques milliers de résistants. Ca me rappelle quelque chose. Mais visiblement nous ne sommes plus très nombreux à savoir quoi. Le danger venait de l’est et les secours sont venus de l’ouest. Tout change. Le Nord était une terre de résistance et l’Alsace a eu ses Malgré Nous. Aujourd’hui il y a beaucoup de Pourquoi Pas.

Le gouvernement sortant laisse d’excellents outils de contrôle des populations. Il va être difficile de résister « à l’ancienne ». Et je crains fort qu’un Macron s’en serve aussi bien qu’une Le Pen.

La solution dans l’exode ? Vers le nord, cette fois... Pas sûr. Certains ont reçu une gifle mais ne se sont pas forcément exprimés. Les consciences peuvent encore se réveiller et les « visions personnelles » devenir communes. Avec un peu de chance, ça pourrait bien commencer avec les législatives. Le système n’est pas parfait mais il a encore quelques ressources.

Gardez vos cartons encore quelques temps.

Jean

Grégoire a dit…

Votre article (l'état peut- doit -il sauver une entreprise en difficulté) et son premier commentaire de Jean (les élections de 2002) me conduisent à repenser à la phrase de Lionel Jospin, début des années 2000, qui lui a collé aux semelles : "l'Etat ne peut pas tout".
Si je peux comprendre la position de Mélenchon, à savoir refuser dans un premier temps de donner des consignes de vote, je crains que celle-ci soit plus dictée par son amertume que par un souhait de laisser ceux qui ont voté pour lui la liberté de bien choisir entre deux maux. Sur une tv publique belge, qui n'était pas tenue par la réserve entre 19h00 et 20h00 dimanche dernier, un commentateur (?) a une une remarque, me semble-t-il assez juste, à savoir que le mouvement de E. Macron qui s'intitule "En Marche", mais en marche vers quoi?
Ce "parti", né on ne sait où (Macron n'a jamais été élu, et ne l'est toujours pas), allant on ne sait où (ni franchement vers la gauche, ni clairement vers la droite), n'est que l'outil de l'ambition d'un homme. Difficile de mieux définir l'aventure... A l'image de son candidat, impossible à caricaturé graphiquement. Quant à la région française où j'ai envie de passer ma retraite (si j'arrive jusque là et si le système existe encore), elle n'a pas voté massivement pour Le Pen. Je pourrais donc y continuer mes vacances dans une certaine quiétude...

Michel GUILBERT a dit…

J'espère aussi que, une fois la déception digérée, les troupes insoumises, vont se réveiller et avoir une attitude citoyenne.
Je ne défends pas du tout Macron qui est, effectivement, un personnage flou, quasiment sans expérience politique. Mais quand la démocrarie est en péril, on ne peut faire la fine bouche. Il faut 1. la sauver, 2., la faire évoluer.
Rappelons-nous quand même qu'il y a moins de quatre mois encore le second tour qui s'annonçait, c'était Fillon - Le Pen, extrême droite contre droire dure. On a déjà évité ce "pire".