vendredi 7 avril 2017

Lettre à Elvire et à mes amis français

Cette lettre a été envoyée personnellement par mél à mes amis, connaissances et copains français.

Chère Elvire,
Cher-e-s ami-e-s français-es,

je sais qu'aucun d'entre vous ne votera pour Marine Le Pen, qu'aucun d'entre vous ne se laisse abuser par son sourire carnassier, qu'aucun d'entre vous ne peut croire à l'entreprise de dédiabolisation de son parti, qu'aucun d'entre vous ne pense qu'on peut avancer en faisant marche arrière.
Mais certains d'entre vous laissent entendre ou entendent autour d'eux qu'il faudra peut-être en passer par là pour se débarrasser du F.N., qu'après tout, si une majorité de Français devait se donner une présidente d'extrême droite, celle-ci ferait vite la démonstration de son incompétence et de la bêtise de son programme et que le Front national perdrait aussi vite le crédit dont il dispose actuellement parce qu'il n'a jamais exercé le pouvoir.
Certains estiment aussi que, de toute façon, même si la fille à papa devait présider la France elle n'arriverait pas à la gouverner, faute de disposer d'une majorité parlementaire. Ce dont je ne suis pas si sûr, vu les positions de plus en plus dures du parti nommé Les Républicains, vu aussi les appétits de pouvoir de certains, prêts à vendre leur âme au (dé)diable pour quelques portefeuilles ministériels.
L'hypothèse Le Pen m'angoisse. Le jusqu'au-boutisme de François Fillon et l'éclatement prévisible de la droite autant que de la gauche pourraient bien profiter à la Le Pen. Ce qui est incompréhensible, parce que, au vu de la quantité de casseroles qu'elle trimbale derrière elle, on croirait plutôt qu'elle concourt pour Top Chef (1). Mais - on l'a vu avec la victoire du Brexit et de Donald Trump - nous avons visiblement quitté l'ère du raisonnable. Aujourd'hui, tout est possible et permis et la probité compte peu. Marine Le Pen ne jure que par la police et réclame une justice plus ferme et plus rapide, sauf quand elle est concernée personnellement, pauvre petite fille riche martyrisée par un système dont elle aura profité mieux que personne.

Nous sommes venus de Belgique nous installer en Berry, Hélène et moi, il y a bientôt quatre ans, dans une France  ouverte, un des acteurs majeurs de l'Union européenne. C'est en tant que citoyens européens, libres de circuler et de s'installer dans cet immense espace commun que nous pouvons vivre cette belle aventure d'un changement de vie qui nous a notamment permis d'avoir le plaisir de rencontrer plusieurs d'entre vous. Aujourd'hui, je suis inquiet. Pour nous, mais aussi et surtout pour tous ceux, Français ou non, qui vivent déjà dans des conditions difficiles. Je pense particulièrement à ceux qui vivent de manière extrêmement précaire, à ceux qui ont cru que la France, patrie des droits de l'homme, leur ouvrirait ses portes et leur permettrait de vivre en sécurité, loin d'une terre natale qui ne leur offre que guerre et misère. Tels les jeunes Afghans, Érythréens, Pakistanais, Soudanais à qui, avec beaucoup d'autres (et c'est réjouissant de voir autant de gens se mobiliser!), j'apporte un peu d'aide.

Il ne faut jamais donner sa chance au pire. Il est toujours pire que ce qu'on imagine.
Une victoire de l'extrême droite, ce serait un triomphe pour les racistes, les sexistes, les homophobes, les antisémites, une libération de la violence verbale comme physique. C'est ce qui se passe aujourd'hui aux Etats-Unis, où les agresseurs racistes et antisémites se sentent légitimés par la victoire de Trump. Marine Le Pen est l'arbre qui cache (mal) la forêt. Dans l'arrière-cuisine du F.N., derrière sa façade repeinte, ça sent toujours le même graillon qui donne envie de vomir.
Proche de l'autocrate Poutine (dont elle a été chercher la bénédiction à Moscou), soutien du boucher Assad (2), admiratrice d'Ubu Trump (qu'elle est convaincue avoir inspiré), l'héritière dirige un parti affairiste et fondamentalement raciste qui compte, et de loin, le plus grand pourcentage d'élus mis en examen ou condamnés (3). A lire et entendre les militants et sympathisants du FN, le racisme s'y porte bien et s'y exprime allègrement (c'est le terme le plus approprié, hélas) (4). Ses soutiens inventent et diffusent des théories du complot, toutes plus hallucinées les unes que les autres. La vérité ne compte pas pour eux, seuls valent les arguments, même totalement insensés, qui peuvent semer le trouble dans des esprits prêts à se laisser coloniser.
Marine Le Fiel se présente fièrement comme une des deux seules femmes candidates à l'élection présidentielle et a été faire un sketch à Beyrouth, tentant de se faire passer pour une féministe. Curieusement, elle est la seule candidate qui ait refusé de rencontrer l'équipe du mensuel féministe Causette (5). Courage, fuyons!

Une victoire de Le Pen constituerait une menace immense pour l'Union européenne, si elle parvenait à mettre en application son projet d'abandon de l'euro (6), voire de retrait de l'Union européenne et de fin de la libre circulation des citoyens européens. Son programme se résume en un mot: casser.
Peut-être faut-il rappeler aux électeurs potentiels de la démolisseuse pourquoi l'Union européenne s'est construite. Pour unir des peuples qui pendant plus de deux millénaires se sont affrontés; pour éviter désormais toute guerre militaire et économique; pour bâtir des projets communs; pour se donner des règles collectives, parce que la nature, l'eau, la pollution, la culture, la vie n'ont pas de frontières.
Les pro-Brexit, les anti-européens, Trump, Poutine, les islamistes, les populistes se frottent déjà les mains, émoustillés par la perspective de la fin d'une union et du triomphe du nationalisme. Allons-nous nous retrouver dans une France racrapotée sur elle-même, fermée aux étrangers? Si cela devait être le cas,  il y aura eu, pour nous, tromperie sur la marchandise. Ce n'est pas cette France-là que nous avons choisie, pas cette France-là qui nous a accueillis. Pas une France qui se donnerait une petite présidente, mesquine, repliée sur un passé mythifié, voilée dans son drapeau. Faire confiance à Marine Le Pen serait monter dans une voiture conduite par un conducteur qui enclenche la marche arrière et appuie à fond sur l'accélérateur en roulant sans rétroviseur. L'embardée ne devrait pas tarder. Et elle ferait d'innombrables victimes. Surtout parmi les plus vulnérables.

Ne laissez personne dire qu'il votera pour Le Pen sans réagir, ne laissez personne penser que la France peut traverser aisément une expérience aussi rétrograde qui s'avérera vite génératrice de dégâts difficilement réparables. Un million quatre cent mille étrangers membres de l'Union européenne vivent en France, dont la moitié d'actifs. Le principe de "préférence nationale" et la taxe sur les emplois d'étrangers les pénalisera (7). Ils le seront plus encore si la France quitte la zone euro et, pire, l'Union européenne. Si les étrangers devaient fuir la France, ce serait une catastrophe totale pour les régions françaises qui se désertifient. Certaines revivent un peu, ou en tout cas subsistent, grâce à l'installation de citoyens européens attirés par la qualité de vie et de paysage des campagnes françaises. Certaines écoles rurales restent parfois ouvertes grâce à l'arrivée d'enfants venus d'ailleurs, notamment de réfugiés. Refermer le pays sur lui-même serait une erreur historique pour ces zones qui se sentent déjà abandonnées et le seraient ainsi bien plus demain.
Quitter l'U.E. serait une catastrophe de plus pour les agriculteurs, quoi qu'en dise la Le Pen qui multiplie mensonges et contre-vérités pour les séduire. Les étudiants français savent-ils que, si leur pays devait quitter l'Union européenne, il abandonnerait du même fait le programme Erasmus?
Quitter l'U.E. serait une catastrophe totale pour une ville comme Strasbourg qui accueille non seulement le Parlement européen mais aussi de nombreux services et organismes européens (8). Ce serait une perte pour Angers qui accueille l'Office communautaire des Variétés végétales, pour Valenciennes où siège l'Agence de l'Union européenne pour les chemins de fer.
En Grande-Bretagne, les conséquences négatives du Brexit se font déjà sentir: l'Orchestre baroque de l'Union européenne, qui y était basé depuis 1985, va quitter le Royaume-Uni pour s'installer à Antwerpen en Belgique. Sa directrice estime que les restrictions en matière d'immigration et de libre circulation deviendront trop compliquées à gérer. L'Orchestre des jeunes de l'Union européenne va, lui aussi, quitter la Grande-Bretagne pour un autre pays européen, pour éviter les contraintes administratives à venir (9). Diverses entreprises et institutions s'apprêtent à faire de même. De nombreuses banques de la City pensent délocaliser une partie de leur personnel à Francfort.
Un constructeur automobile allemand qui envisage un investissement de 80 millions en Alsace a ajouté une clause dans le contrat: si d'ici la fin 2017 la France manifeste son envie de sortir de la zone euro, le contrat sera nul et non avenu (10).
Ce n'est pas moins d'Europe qu'il nous faut, c'est une meilleure Europe, plus axée sur le social et sur le culturel. Marine Le Pen se dit convaincue que hors de l'U.E. la France retrouvera sa grandeur, alors qu'elle ne sera plus qu'un petit pays sur la scène mondiale.

Chère Elvire,
Cher-e-s ami-e-s français-es,
j'espère que le pire n'arrivera pas et je n'ai pas voix au chapitre (électoral). Mais je vous en prie, faites tout ce qui est en votre pouvoir pour cela. Parlez, argumentez, votez et encouragez à aller voter (pour un candidat qui défende une Europe plus forte et plus juste), faites barrage aux nuisibles, faites comprendre à celles et ceux qui sont tentés de voter pour la candidate de l'extrême arrière que ce serait là le choix du suicide, même pas assisté.
Certains observateurs estiment que l'abstention pourrait être importante et qu'elle profiterait à MLP. Beaucoup de jeunes annoncent leur intention de voter blanc ou de s'abstenir, si pas au premier, en tout cas au second tour. J'ai entendu un jeune affirmer qu'il votera Mélenchon au  premier tour et qu'il devra se retenir pour ne pas voter MLP au second "pour créer de l'instabilité". L'anthropologue et spécialiste de la finance Paul Jorion affirme recevoir des mails de personnes annonçant qu'elles voteront Mélenchon au premier tour et Le Pen au second si Mélenchon n'y est pas (11). Tous ces gens veulent "leur" donner une leçon, ce "leur" étant visiblement un pronom indéfini. Ils n'ont pas l'air conscients que cette leçon, cette instabilité ils seront les premiers à se les prendre dans la figure, comme un boomerang incontrôlé. Tous les programmes, tous les candidats ne se valent pas. Certains sont extrêmement dangereux!
Certains experts estiment que la reine des nuisibles pourrait être élue grâce aux abstentionnistes: c'est l'absention différenciée qui pourrait la faire gagner même avec moins de 50% des voix (12). Si on veut éviter le pire, il faudra absolument aller voter, en se bouchant le nez s'il le faut. Peut-être pas pour quelqu'un qu'on apprécie, mais pour éviter la peste noire, une épidémie qu'on éradique difficilement.

En attendant, je vais me mettre à l'espagnol. Ou plutôt au catalan. Cent soixante mille personnes ont manifesté à Barcelone en février pour réclamer l'accueil de plus de réfugiés (13). Si la fille à papa Le Pen l'emporte, allez hop, direction l'Espagne!
Ou alors Lampedusa? Cette île italienne de 6.000 habitants a vu débarquer et passer par chez elle en  vingt-cinq ans 350.000 demandeurs d'asile, sans que cet afflux n'altère "l'esprit d'accueil qui caractérise depuis toujours les Lampédusiens" (14).
Mais, franchement, c'est au beau milieu de la France que j'ai envie de continuer à vivre.
Comme disent les politiques chez vous à la fin de leurs discours, vive la France! Mais celle des Lumières! Et vive l'Europe!
Délivrez-nous du mal. Amen et cordialement.
Michel Guilbert

Les hommes avaient perdu le goût
De vivre, et se foutaient de tout
Leurs mères, leurs frangins, leurs nanas
Pour eux c´était qu´du cinéma
Le ciel redevenait sauvage,
Le béton bouffait l´paysage... d'alors (...)
Oh, tu peux rire, charmante Elvire,
Les loups regardent vers Paris.

                                          Albert Vidalie

Post-scriptum: une nouvelle chanson de Maxime Le Forestier, sur la France. Elle a pour titre "Vieille dame":
http://www.huffingtonpost.fr/maxime-le-forestier/paroles-vieille-dame-maxime-le-forestier_a_22037379/?utm_hp_ref=fr-homepage
http://www.huffingtonpost.fr/2017/04/14/maxime-le-forestier-revient-avec-un-morceau-politique-sur-la-fra_a_22038662/?utm_hp_ref=fr-homepage

A lire aussi: ce patron français qui incite ses 4.500 salariés à ne surtout pas voter pour Marine Le Pen et "son programme aberrant":
http://www.huffingtonpost.fr/2017/04/04/jean-luc-petithuguenin-a-alerte-ses-salaries-sur-les-risques-du_a_22024942/?utm_hp_ref=fr-homepage
Et cet autre chef d'entreprise qui prend aussi une position ferme contre MLP:
http://www.huffingtonpost.fr/guillaume-cairou/chef-entreprise-marine-le-pen_a_22035252/?utm_hp_ref=fr-homepage
Sur les intox des candidats sur l'U.E., lire:
http://www.lemonde.fr/les-decodeurs/article/2017/04/07/presidentielle-le-festival-d-intox-des-candidats-sur-l-europe-lors-du-grand-debat_5107575_4355770.html
A (re)lire sur ce blog:
"Vive l'Europe (quand même)!", 15 mars 2017;
"Gens honnêtes et honnêtes gens", 17 février 2017;
"Le sens de la famille", 31 janvier 2015;
"Vieilles marmites", 16 janvier 2012
et tant (trop!) de billets sur les Le Pen, leurs mensonges, leur agressivité et leurs casseroles.

(1) http://www.lemonde.fr/videos/video/2017/02/27/les-affaires-qui-menacent-marine-le-pen-en-3-minutes_5086394_1669088.html
(2) Bernard Guetta, France Inter, 21.2.2017, 8h15.
(3) "Le F.N. compte, et de loin, le plus grand pourcentage d'élus mis en examen. De 1997 à 2012, 15,7% des élus F.N. ont été mis en examen ou condamnés, contre 3,12% des élus du parti Les Républicains et 1,94% des élus P.S. Mais peu importe, c'est tout de même le F.N. qui dénonce le plus vivement la corruption de nos hommes politiques." Guillaume Erner, Charlie Hebdo, 8 février 2017.
(4) Revue de presse,  France Inter, 19.2.2017 et chronique de Guillaume Meurice, "Si tu écoutes, j'annule tout", France Inter, 28.2.2017. Et aussi Nadia et Thierry Portheault, "Revenus du Front - deux anciens militants FN racontent", Grasset 2014. Et encore Claire Checcaglini, "Bienvenue au Front - journal d'une infiltrée", éd. Jacob-Duvernet 2012.
(5) "Les allégations féministes de Marine Le Pen", Causette, mars 2017, p. 24.
(6) http://www.huffingtonpost.fr/henri-weber/la-sortie-de-euro-fn-est-un-scenario-catastrophe-anti-national/?utm_hp_ref=fr-homepage
(7) https://oeilsurlefront.liberation.fr/les-intox/2017/03/30/si-une-arrivee-de-le-pen-au-pouvoir-changerait-enormement-de-choses-pour-les-europeens-en-france_1559262
(8) le Centre d'information sur les institutions européennes, l'Enterprise Europe Network, l'Antenne Media, les Centres de Documentation européenne, l'Etat-Major du Corps européen, la Fondation européenne de la Science, l'Assemblée des Régions d'Europe et d'autres institutions encore.
(9) Dépêches Notes, France Musique, 20.2.2017.
(10) France Inter, 1.3.2017, Journal de 7h.
(11) Télérama, 22 mars 2017 et
http://www.lemonde.fr/election-presidentielle-2017/article/2017/03/09/a-roubaix-il-y-en-a-meme-qui-revendiquent-de-ne-pas-aller-voter-a-la-presidentielle_5091970_4854003.html
(12) http://theconversation.com/pourquoi-et-comment-marine-le-pen-peut-gagner-avec-moins-de-50-dintentions-de-vote-74994
(13) http://www.lalibre.be/actu/international/quelque-160-000-manifestants-a-barcelone-pour-l-accueil-des-refugies-en-espagne-58a88c61cd702bc31943f1b6
(14)  Le Courrier international n° 1371, 9.2.2017, p. 42.

4 commentaires:

Michel GUILBERT a dit…

Commentaire reçu de Philippe Dutilleul

Cher Michel,
Je suis dans la même situation que toi, résidant désormais en France, et cela fait maintenant 4 ans que je crie casse-cou à mes amis français que je côtoie régulièrement en leur disant que l'aventure Le Pen serait un drame pour la France et l'Europe. Ils me répondent invariablement que son élection est impossible. Moi pas.
La situation s'est aggravée depuis avec l'arrivée de TRUMP aux USA, l'ascension d'ORBAN en Hongrie et de son équivalent en Pologne avec des thèmes racistes qui se banalisent dans la population. Là ou j'habite, dans le Sud-Est, c'est pareil, d'autant que "Les Républicains" rejoignent peu ou prou les thèses du FN (voir mon blog).
J'ose croire, néanmoins, qu'il y aura un sursaut démocratique et si j'avais le droit de vote, je serais bien embêté de choisir mon candidat au premier tour. HAMON, par conviction pour son programme, ou MACRON, par raison, pour son ouverture et son discours pro-européen. La personnalité de MELENCHON et son programme ne me rassurent pas.
Je sais qu'à droite, les plus modérés hésitent à voter FILLON pour se reporter sur MACRON ou voter blanc... Les autres voteront LE PEN à coup sûr si leur candidat mis en examen est recalé au premier tour...
L'équation est donc à plusieurs inconnues mais je parie, en toute modestie et sans fausse note de sa part, sur une victoire de MACRON.
Pour le reste, ton analyse juste ne souffre aucune remarque sinon que j'aurais terminé cette missive par bien fraternellement ou bien cordialement, plutôt qu'une référence biblique car celle-ci me fait trop penser à l'électorat catholique extrémiste qui soutient FILLON.
Amitiés.
Philippe Dutilleul

Michel GUILBERT a dit…

Salut, Philippe.
Si je devais voter, je ferais les mêmes choix que toi, pour les mêmes raisons.
Mon "amen" se voulait au second degré, suivant le "délivrez-nous du mal", que je cite parce que je crois qu'aucun dieu ne nous délivrera du mal, mais que ce sont, en l'occurrence, les électeurs qui décident. Et qu'il en soit ainsi (autrement dit, amen)!
Amicalement.
Michel

Michel GUILBERT a dit…

Commentaire bis de Philippe Dutilleul:

En complément à ceci, j'ajoute que j'ai été impressionné par la prestation de Mélenchon à Marseille ce dimanche... Finalement, ne serait-il pas le recours des gens de gauche et des écologistes.... Ce n'était pas mon premier choix mais vu les circonstances et malgré les défauts du personnage....je préfère mille fois une rupture avec lui qu'avec l'autre fasciste....ou un statu-quo qui bénéficierait au FN à moyen terme ou une régression sociale/environnementale à la FILLON... Ph. Dut.

Michel GUILBERT a dit…

Commentaire reçu de Jean:

Le droit de râler n'est pas inscrit dans la déclaration des droits de l'homme. C'est pourtant, comme l'a noté Jean Amadou, la première activité des Français. Alors, ça râle contre tout et n'importe quoi ? C'est un peu vrai. De toutes les manières ? Egalement. Certains passent des mots aux actes, violemment, d'autres se contentent de la menace de l'isoloir.

Qui se targue de les écouter ? Les extrêmes - la gauche ne valant pas mieux que la droite.

Je me souviens de la campagne de Lionel Jospin, type intelligent et probablement honnête, face à ce roublard de Chirac. Le macro-économiste face à la poignée de main. Beaucoup de gens qui votaient à gauche n'ont pas eu l'impression qu'ils étaient écoutés et l'ont fait savoir par un vote Le Pen. Il y a bien eu quelques "oups !" lors du résultat du premier tour et puis l'alerte est passée.

Soit les cours d'histoire sont très mal donnés en France ou bien soit les Français ont la mémoire courte, ou plutôt à géométrie variable. Si bien que lorsque MLP, en digne descendante de J-M, affirme que la rafle du Vélodrome d'Hiver n'est pas le fait de l'état français, la plupart des gens s'en foutent. Et puis la préfecture de police de Paris s'est refaite une virginité en août 44. Et puis c'était la position de Mongénéral. Et puis le temps a passé ; le poids de l'histoire se fait moins sentir : pour de tels propos, Jean-Marie aurait eu droit à un procès mais Marine est critiquée par des associations juives.

Vous avez fait le voyage de la Belgique vers la France et moi l'inverse il y a une dizaine d'année. La Wallonie a toutes les caractéristiques requises pour basculer dans l'extrême-droite : immigration élevée, chômage important, système éducatif sclérosé et une Flandre nationaliste agressive qui réussit bien mieux. Et pourtant, les parties démocratiques tiennent toujours le haut du pavé y compris, malgré des casseroles innombrables, le PS. Y a-t-il plus de sagesse dans le houblon que dans le raisin ?

Quoiqu'il en soit, à chaque occasion, je sème. Je n'essaie pas de convaincre. Je sème une contre-idée, une image, quelque chose qui va pousser à l'abri des regards. C'est plus long. Mais ça me paraît plus efficace contre la mauvaise herbe qui prospère depuis quelques temps.