mardi 25 avril 2017

Le temps des pharisiens

Le système électoral français est fait comme cela: vicié dès le début. Au premier tour, c'est du premier choix; au second, du deuxième. C'est comme ça. Faut faire avec. Pour l'instant en tout cas.
Mais certains ne veulent rien savoir et refusent de choisir, affirmant que Le Pen et Macron sont bonnet blanc et blanc bonnet. Visiblement, il semble que l'irrationnel soit contagieux.
Contrairement à ses porte-parole, Jean-Luc Mélenchon a (jusqu'à présent?) refusé de se prononcer, il ne veut pas donner de consigne de vote à ses électeurs. C'est que ceux-ci sont adultes et capables de savoir ce qu'ils ont à faire. Ses fans y voient la preuve que le chef des Insoumis est un grand  démocrate: il va consulter ses électeurs avant de se prononcer. Ainsi donc, l'homme qui a combattu, plus d'une fois, virulemment et avec brio, les Le Pen, père et fille, qui a exprimé tout le mal qu'il pensait du FN, qui a alerté sur le grave danger qu'il représente ne saurait plus quelle position tenir? Le voilà qui rompt avec une tradition républicaine de gauche. Curieux positionnement pour celui qui vient de s'installer comme le leader de cette gauche et ne dit rien ni ne négocie rien à partir de ce statut. Qu'il n'appelle pas à voter pour Macron on peut le comprendre, mais la moindre des attitudes d'un vrai démocrate serait d'exhorter à faire barrage au F.N.
Certains électeurs de JLM annoncent fièrement qu'ils n'iront pas voter le 7 mai, laissant ainsi la porte ouverte à la possibilité du pire, à l'arrivée au pouvoir de l'extrême droite avec toutes les conséquences qu'elle pourrait avoir sur le sort des réfugiés, sur la montée du racisme, de l'antisémitisme, de l'homophobie, du retrait de l'Union européenne. Mais visiblement, tout cela compte peu face au premier souci de  ces électeurs: garder les mains blanches. Ils sont trop vertueux pour choisir entre un centriste et une candidate d'extrême droite. Ils se drapent dans leur toge de Ponce Pilate.
En 2002, eux-mêmes ou leurs parents avaient, en se pinçant le nez, voté pour Chirac, candidat solidement de droite, pour éviter Le Pen père et pire. Aujourd'hui, ils refusent de voter pour un centriste.
Que feront-ils le soir du 7 mai les absentionnistes si, par malheur, l'extrême droite se retrouve au pouvoir? Descendront-ils dans la rue pour affirmer que ce n'est pas ce qu'ils voulaient? La politique réclame du courage. Aussi de la part des électeurs. Et les irresponsables ne sont pas uniquement du côté des politiques.
Qu'est-ce qu'être démocrate? Qu'est-ce qu'être citoyen? Certainement pas de jouer les Tartuffe.

Sur le ni-ni mélenchonnien, lire ou écouter Thomas Legrand sur France Inter ce matin:
https://www.franceinter.fr/emissions/l-edito-politique/l-edito-politique-25-avril-2017
Et sur les différences Macron - Le Pen, Bernard Guetta, toujours sur F.I.:

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