mardi 18 avril 2017

L'heure du choix

Cette élection poussera-t-elle les Français à repenser leur système démocratique? Vont-ils enfin cesser de croire en l'homme ou la femme providentiel-le? Ont-ils compris qu'il ou elle n'existe pas? Le croquemitaine existe, oui, il a pris la forme d'une blonde, mais le père Noël n'existe pas plus que le prince charmant. C'est dur à admettre mais il faudra en passer par là pour que la démocratie avance.
Les Français attendent tout de leur président, tout et son contraire. Il doit mettre fin au chômage, sauver les petits commerces en milieu rural, redynamiser les banlieues, redonner sa fierté à la France,  rénover fondamentalement le système scolaire, ne pas bousculer les institutions, être proche d'eux et être au-dessus de la mêlée, prendre rapidement et avec sang froid les décisions qui s'imposent sans précipitation, il doit être proche et distant, juste, intelligent et compassionnel, stratège et spontané, sévère et sympathique.
Quelle place cette campagne (les candidats et les médias) a-t-elle sérieusement accordé aux vrais enjeux: cette arrivée sans précédent de réfugiés, le dérèglement climatique, les conflits moyen-orientaux, le partage des ressources et des richesses, les règles du vivre-ensemble? On a parfois l'impression que les candidats ont passé plus de temps à dézinguer leurs adversaires qu'à développer leurs projets.
Amnesty International a formulé des recommandations par rapport à l'accueil des réfugiés et la protection des libertés individuelles et, après avoir analysé les propositions des onze candidats en ces matières, a bien dû constater (1) qu'ils n'étaient qu'une poignée à s'en préoccuper de manière positive. Si certains ne s'en soucient tout simplement pas, d'autres formulent des propositions dangereuses, parfois contraires aux engagements pris par la France. Seuls Hamon, Macron et Mélenchon rejoignent, pour partie au moins, les positions d'A.I.

Quel choix auront ce dimanche les Français? Ceux qui se soucient de défendre la valeur famille pourront choisir entre Madame fille de et tante de et Monsieur époux de et père de
Plus largement, si on ne prend compte que les principaux candidats, le choix se fera entre Monsieur Bloodsweatandtears, Madame J'aimepaslesautres, Monsieur Langelot, Monsieur Lefrondeurfrondé et
Monsieur Leslendemainsquichantent. Chacun avec son enthousiasme, mais aussi ses contradictions, ses approximations, ses erreurs voire ses mensonges, avec parfois des solutions aussi simplistes que les analyses qui les justifient. Beaucoup d'électeurs choisiront celui ou celle qui les fait espérer ou rêver ou les deux. De quel espoir est porteur quelqu'un qui veut quitter l'Union européenne, qui veut rejeter les migrants à la mer, qui dit son admiration pour Trump ou pour Poutine ou qui pense que la Syrie ne peut se passer d'Assad? Beaucoup d'électeurs affirment ne pas vouloir voter "par défaut". Mais le défaut n'est-il pas dans le fruit dès le début? Pourquoi la France ne pourrait-elle avoir un président comme les autres, comme en Allemagne, au Portugal, en Suisse, en Autriche, en Italie, quelqu'un qui préside sans règner, qui joue le sage au-dessus de la mêlée et laisse son gouvernement gouverner? François Hollande voulait être un "président normal". ll y a maldonne. Les Français veulent un président omnipotent, qui leur promet la lune et aussi les étoiles et le soleil. Et qu'ils conspueront dès qu'il sera élu.

(1) https://www.amnesty.fr/liberte-d-expression/actualites/les-candidats-et-les-droits-humains?utm_medium=email&utm_source=newshebdo


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