lundi 25 juin 2018

Référendum piège à cons

Deux ans après avoir été décidé, le Brexit est à l'arrêt en plein milieu de l'Eurotunnel. Dans le noir complet. Au point que le shuttle ne sait plus dans quel sens aller, s'il doit poursuivre sa route ou faire machine arrière.
Une majorité de Britanniques (une faible majorité, mais une majorité quand même, ainsi va la démocratie) a décidé en juin 2016 de quitter l'Union européenne. Et voilà aujourd'hui la Grande-Bretagne dans une impasse, le royaume moins uni que jamais (1).
Si la vox populi est vox dei, alors c'est celle d'un dieu totalement inconséquent.
Selon certains, le seul outil véritablement démocratique serait le référendum. Plutôt que de déléguer leur voix à des représentants, les citoyens décident eux-mêmes de leur avenir. Quel avenir attend la Grande-Bretagne au-delà du Brexit? Celui qui pourra répondre à cette question ne semble pas encore né.
Dès le lendemain de la décision de Brexit, certains ténors du camp du out se défilaient lâchement, conscients de la catastrophe attendue et refusant d'assumer leurs responsabilités. Ce fut particulièrement le cas du leader d'Ukip, ce triste clown de Nigel Farage, qui reconnaissait à demi-mot que les promesses de ristourner au peuple britannique des dizaines de millions de livres prétendument versées quotidiennement à l'Union européenne n'étaient que... promesses (2). On sait qu'elles n'engagent que ceux qui y croient. On sait aussi qu'ils ont été nombreux à tomber dans le panneau. Et à tenter vainement de se relever aujourd'hui. 
Dans un excellent billet (3), Alex Taylor nous apprend que les éleveurs de fruits de mer du port de Grimsby, dans le nord de l'Angleterre, fervents brexitteurs, se sont rendu compte qu'une sortie de la Grande-Bretagne de l'union douanière européenne leur serait fatale. Ils ont dès lors demandé à être reçus par le gouvernement, réclamant une exception pour leur seul port.
La frontière entre les deux Irlande constitue, tout le monde en est conscient, l'un des problèmes les plus aigus. Aussi des défenseurs du Brexit, conscients qu'elle crééra plus de problèmes qu'elle n'en résoudra, en arrivent à suggérer qu'on ferme les yeux sur les trafics illégaux de part et d'autre de la frontière. Voilà donc des gens qui, après avoir tout fait pour qu'on réinstaure des frontières, proposent que, le jour où elles redeviendront réalité, on fasse comme si elles n'existaient pas. 
L'ex-ministre et ancien président du Leave, Lord Lawson, semble avoir aujourd'hui une nouvelle conception de ce leave: il s'agit pour lui de quitter le Royaume-Uni en demandant en France une carte de résident permanent pour vivre dans son manoir de Gascogne.
Faut-il rire ou pleurer de ce Brexit? On est dans une tragi-comédie où le grotesque et la bouffonerie le disputent au catastrophique et à la panique. Comme le constate Alex Taylor, le Brexit trouve ses références chez Shakespeare, Benny Hill et les Monthy Python. Brexit semble devenu un synonyme de débandade.
Qui oserait encore affirmer que le référendum est l'outil le plus démocratique? Utilisé par des hommes et des femmes politiques aussi inconscients qu'irresponsables, il n'est qu'un piège à gogos débouchant sur des décisions aux conséquences auxquelles personne ne semble avoir réfléchi. 

(1) http://www.lalibre.be/actu/international/le-royaume-uni-toujours-dans-le-noir-deux-ans-jour-pour-jour-apres-le-vote-sur-le-brexit-5b2e73aa55325ecee80cf679
(2) https://www.lemonde.fr/les-decodeurs/article/2016/07/05/la-memoire-selective-de-nigel-farage-sur-sa-campagne-pro-brexit_4963784_4355770.html
(3) https://www.huffingtonpost.fr/alex-taylor/le-brexit-du-shakespeare-aux-allures-de-monty-python-sur-un-generique-de-benny-hill_a_23465654/?utm_hp_ref=fr-homepage

1 commentaire:

Anonyme a dit…
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