mardi 10 juillet 2018

Transe nationale

Les Belges sont décidément de drôles d'oiseaux. Sont-il en manque de nation?
Traversant vendredi dernier (avant le match Brésil - Belgique donc) une partie de la France du fin fond de la région Centre jusque Paris, par ce qui pourrait ressembler à un chemin des écoliers, avant de rejoindre par autoroute Valenciennes, puis la frontière belge à Brunehaut, on y voit tout au plus cinq drapeaux français en soutien aux Bleus.
Effectuant à peine dix kilomètres en Belgique, on ne pourrait compter les drapeaux belges et les images des Diables rouges sur les façades, les voitures, les commerces. Cent cinquante au moins. Peut-être le double. Ce n'est plus de la ferveur, c'est de l'idolâtrie. 
En Belgique, la fête nationale est très peu fêtée et ceux qui connaissent l'air et les paroles de la Brabançonne, l'hymne national, ne doivent pas être plus nombreux qu'une équipe de football. Mais quand l'équipe nationale belge gagne, c'est tout un pays qui entre en transe.
Qu'est-ce qui explique un tel engouement? Le sentiment d'être un petit Etat, voire un Etat petit, et d'exister via son équipe de foot? L'impression (illusoire) d'appartenir - enfin - à un pays uni? Le soutien à une équipe multicolore dont les joueurs ont des origines diverses?
Les Belges qui se sont longtemps moqué du chauvinisme français sont, depuis plusieurs années, passés maîtres en la matière. Leurs cocoricos sont bien plus tonitruants que ceux des Français.
Bien sûr, ne le boudons pas, c'est aussi le plaisir de faire la fête avec des amis, avec les voisins, avec des inconnus qui partagent la même passion, vivent les mêmes émotions, se (sou)lèvent à la même seconde. 
Mais quand même - j'assume le rôle du schtroumpf grognon - comment peut-on autant s'identifier à des millionnaires en short? Parce que tout le monde a, un jour ou l'autre, joué au football?
Il y a au moins une raison de se réjouir de ce sentiment national(iste), c'est qu'il doit faire grogner Bart De Wever et sa NVA. Et rien que ça - au-delà de leur talent - me rend sympathiques les Diables rouges.

(Re)lire sur ce blog
- "Boire et déboires", 6 juillet 2014;
- "Footfootfootfootfootfootfootfootfootfoot", 11 juin 2016;
- "Much a do about nothing", 2 juin 2016;
- "Qatar bouillu, coupe du monde footue"; 27 mai 2015;
- "Les djihadistes du Standard", 27 janvier 2015;
- "Un modèle mal footu", 20 novembre 2014;
- "Ne pas déranger", 28 avril 2014;
- et d'autres encore.

2 commentaires:

Grégoire a dit…

Bonjour,
Je me souviens avoir lu il y a très longtemps, trop pour me souvenir de la source, une blague qui circulait il y a un peut plus de cent ans dans les tranchées : "L'Anglais meurt pour la Reine, le Français meurt pour la France, et le Belge meurt contre son gré."
Le foot n'évoluant pas vraiment, l'avis de Pierre Desproges devrait garder toute sa saveur:
"Voici bientôt quatre longues semaines que les gens normaux, j'entends les gens issus de la norme, avec deux bras et deux jambes pour signifier qu'ils existent, subissent à longueur d'antenne les dégradantes contorsions manchotes des hordes encaleçonnées sudoripares qui se disputent sur le gazon l'honneur minuscule d'être champions de la balle au pied."
Quant à la Brabançonne, un directeur de conservatoire m'a axpliqué un jour que la difficulté de la retenir tenait très probablement au fait que la métrique du texte de la chanson ne coincidaient pas avec ses notes, contrairement à la Marseillaise, par ex.
"Dure" période quand on n'aime pas particulièrement le foot, et que les médias nous en abreuvent du matin au soir, pendant que presque 180 Japonais disparaissent à cause des intempéries (loi du mort kilométrique) dans une certaine indifférence, etc.
Bah... Si cela apporte quelques moments de bonheur à l'un ou à l'autre, dans ce bas-monde...

Anonyme a dit…
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