lundi 27 août 2018

Le triste temps des suffisants

Où que ce soit, la politique offre ces derniers temps un spectacle lamentable.
En France, l'affaire Bennala (du nom de ce membre du cabinet d'Emmanuel Macron, chargé de sa sécurité, qui a tabassé deux jeunes lors d'une manifestation) nous démontre qu'il faut être bien naïf pour croire les candidats aux élections qui nous promettent une République exemplaire, un Etat irréprochable, des institutions intègres. Et l'attitude arrogante du président Macron à ce propos ("Qu'ils viennent me chercher") accentue son image d'héritier de Louis XIV.
En Italie, du haut de son extrême prétention, le ministre Salvini, inculpé pour séquestration de personnes et abus de pouvoir pour avoir pris en otages des migrants coincés sur un bateau, affirme que les juges ne pouront s'opposer "à la volonté de soixante millions d'Italiens". Un responsable politique qui confond ses opinions avec celles de l'ensemble de ses compatriotes a perdu la tête (et n'a plus les pieds sur terre).
Le tsar russe Vladimir Poutine s'est installé depuis longtemps (et pour longtemps sans doute) comme le champion toutes catégories du cynisme et de l'absence d'émotion.
En Turquie, le sultan Erdogan ne voit que l'étranger comme responsable de la situation économique catastrophique dans laquelle il a plongé son pays.
Au Nicaragua, l'ex-guérillero Ortega est devenu un dictateur comme un autre. Comme son quasi voisin Maduro au Venezuela.
Dans plusieurs pays d'Europe centrale et de l'est, les seules politiques qui soient menées sont celles du rejet, voire de la haine, de l'étranger et du repli sur soi.
Aux Etats-Unis, Ubu Trump affirme que son pays s'effondrera s'il devait être destitué, que l'Amérique ne peut se passer de son remarquable cerveau.

Pendant ce temps en France, Jean-Luc MélenChe annonce qu'il entend faire des élections européennes de 2019 "un référendum anti-Macron". Démontrant par là que l'Union européenne est décidément bien difficile à construire, ses élections étant partout réduites à des tests nationaux. Ces élections européennes devraient être l'occasion d'affirmer - et surtout de mettre en œuvre - des priorités:  la création d'une véritable Union européenne et la définition de plus encore de politiques communes, les moyens de mener une lutte radicale contre le réchauffement climatique (dont plus personne ne conteste les effets catastrophiques mais que personne n'affronte), les conditions et l'organisation de l'accueil des demandeurs d'asile, une politique commune pour le respect des droits humains  (y compris économiques) dans les pays de départ des migrants.
Mais on sent bien que ces élections seront avant tout des tests de popularité pour les suffisants qui s'y affronteront. Prouvant ainsi combien ils sont insuffisants en vision à moyen terme, insuffisants à distinguer les priorités, insuffisants à prendre leurs responsabilités.

Post-scriptum: cette fois, ça y est: la révolution est en marche, la VIe République est sur les rails. Fini le temps des présidents, voici le temps des chattes impératrices:
https://www.huffingtonpost.fr/2018/08/27/melenchon-presente-le-chat-recueilli-par-son-equipe-a-marseille_a_23510316/?utm_hp_ref=fr-homepage
Sacré Jean-Luc!

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