jeudi 9 août 2018

L'urgence

Ils ont beau le clamer dans toutes les langues du monde depuis de longues années, les scientifiques qui annoncent des catastrophes climatiques ne sont pas entendus, rendus inaudibles par le vacarme des moteurs d'avions et le bruit de la circulation automobile (1).
L'Europe suffoque sous la chaleur, les incendies et les inondations se succèdent un peu partout dans le monde, l'eau manque et manquera de plus en plus, mais l'homme n'est pas prêt à modifier son mode de vie. "La croissance, ce pacte faustien, est parvenue à monter, en chacun de nous, le consommateur contre le citoyen, écrit Philippe Lançon. Elle en a fait un personnage qui agit à court terme pour détruire sa destinée à plus ou moins long terme; qui, tel Saturne devenu fou, dévore donc malgré lui ses enfants. Il y a du Trump, qu'on  le veuille ou  non, en chacun de nous." (2) Notre souci premier est de prendre l'avion pour la Costa Brava, le Mexique ou les Seychelles.  Ou de n'avoir plus de bouchon sur l'autoroute de la mer.
Nos représentants politiques l'ont bien compris, qui continuent à prendre des décisions qui vont accélérer un peu plus vite encore le désastre planétaire. A défaut d'être négociable - comme l'affirmait je ne sais quel (ir)responsable politique, notre mode de vie est irresponsable et devient réellement criminel.
L'homme est un imbécile suicidaire.

A proximité de Poitiers, l'autoroute A10 sera élargie à trois voies plutôt que deux sur une petite centaine de kilomètres (3). Il s'agit là d'un projet "d'utilité publique". On est en droit de s'interroger sur cette notion, quand on sait que des études ont prouvé que toute nouvelle voie ou élargissement de voirie génère plus de trafic. Et donc de pollutions de tous types.
Même type de projet autour de la capitale belge: selon l'échevine en charge de la mobilité, la Ville de Bruxelles aurait décidé d'élargir le ring, la voie dite express (mais totalement engorgée) qui la ceinture (4).
En Autriche, le parti d'extrême droite, membre du gouvernement, annonce son intention de fixer les vitesses maximales sur autoroutes à 140 km/h plutôt que 130. Une très mauvaise idée, rappellent des associations de défense de l'environnement, tant pour la santé publique que pour les émanations de CO2 (5).
Ubu Trump, qui semble décidément s'être donné pour mission d'aggraver le plus possible le dérèglement climatique, assouplit les normes anti-pollution des voitures (6).
En Belgique, et sans doute dans bien d'autres pays, les ventes de climatiseurs explosent (7). L'homme réchauffe un peu plus la planète pour tenter de supporter les effets du réchauffement qu'il a provoqué. L'homme est un peu bête.

Les solutions sont nombreuses, connues depuis longtemps et à défaut d'avoir été adoptées en temps utile devraient l'être aujourd'hui dans l'urgence et de manière radicale: investir massivement dans les transports en commun et les rendre accessibles via des tarifs peu coûteux; interdire les voitures en ville; faciliter au maximum l'usage du vélo; développer le télétravail; taxer très lourdement tous les dérivés du pétrole: gasoil, mazout, essence, kérosène; imposer une TVA sur les billets d'avions; limiter drastiquement le nombre de vols d'avion; développer le transport par voie d'eau et le ferroutage; taxer  les marchandises aux kilomètres parcourus; appliquer réellement le principe pollueur - payeur; interdire les pesticides et herbicides; augmenter le prix de l'eau; ne plus construire que des bâtiments passifs. Il en est bien d'autres encore, mais qui en parle et surtout qui les applique aujourd'hui? Où sont les visionnaires audacieux? Où sont les politiques et les électeurs courageux? Les solutions existent, mais aucun élu n'oserait les mettre en œuvre de crainte de ne pas être réélu. Et peu de citoyens font le choix d'une politique écologique qui pourtant s'avère, plus que jamais, indispensable. La résistance au changement reste importante, même si le dérèglement climatique impose ses propres changements qui vont de plus en plus rendre la vie sur terre insupportable (8). Tous ces chefs d'Etat, ces gouvernements ne semblent pas voir que leur pré carré brûle et que gouverner un tas de cendres ne présente aucun intérêt.
On voit par là que partout à travers la planète on manque de responsables politiques responsables.
Le pire est devant nous et nous y allons la fleur au fusil, demeurés que nous sommes.

"Ça fait moins peur
De mourir à plusieurs.
Avec ardeur,
Nous sommes nos fossoyeurs"
Arno, Mourir à plusieurs.

"J'étais pourtant, et plus que jamais, conscient que l'humanité ne méritait pas de vivre, que la disparition de cette espèce ne pouvait, à tous points de vue, qu'être considérée comme une bonne nouvelle"
Michel Houellebecq, La possibilité d'une île.

A lire: http://www.lalibre.be/debats/opinions/la-terre-se-meurt-nous-le-savons-et-nous-le-nions-5b6b1132553269254891c976

(1) "Le grain de poivre", Charlie Hebdo, 8.8.2018.
(2) http://www.lesoir.be/171876/article/2018-08-07/van-ypersele-sur-le-climat-le-niveau-daction-est-trop-faible-par-rapport
(3) https://www.lanouvellerepublique.fr/a-la-une/a-10-feu-vert-pour-2x3-voies-entre-veigne-et-poitiers?queryId%5Bquery1%5D=57cd2206459a452f008b4594&queryId%5Bquery2%5D=57c95b34479a452f008b459d&page=10&pageId=57da5ce0459a4552008b4567
(4) http://www.lalibre.be/actu/politique-belge/la-ville-de-bruxelles-serait-favorable-a-l-elargisssement-du-ring-philippe-close-nuance-ecolo-fulmine-5b646cf655324d3f13ba4b92

3 commentaires:

Anonyme a dit…
Ce commentaire a été supprimé par un administrateur du blog.
Anonyme a dit…

Beau texte mais tu ne mentionnes pas l'énorme impact des tankers en haute mer . Tout ce à quoi tu fais mention , bien que réalité , n'est qu'infime par rapport à leur incidence sur l'environnement !!!!

Anonyme a dit…

j'ai oublié de signer----Philippe Deplus Bonjour !!!