samedi 29 février 2020

Coranovirons de bord

Nous vivons une époque formidable. La planète se réchauffe à une vitesse incontrôlable, l'humanité et la biodiversité courent à leur perte et globalement personne n'entend changer quoi que ce soit à ses sacro-saintes habitudes. Les pires hommes occupent le pouvoir dans de nombreux pays avec une prétention qui n'a d'égale que leur action néfaste. Les croyants des différentes religions sont plus agressifs que jamais (ou autant que toujours?) avec qui ne pense pas comme eux. Internet est devenu le haut parleur des schtroumpfs grognons, des haineux et des complotistes Et voilà qu'un coronavirus a décidé de s'attaquer aux plus âgés et plus fragiles d'entre nous et de nous obliger à nous éloigner les uns des autres et à nous méfier des voyageurs. Quel écrivain aurait imaginé pareille dystopie?

A quelque chose, dit-on, malheur est bon. L'épidémie de coronavirus devrait nous amener à changer radicalement le fonctionnement de cette société mondialisée qui est la nôtre. Si nous étions sages et raisonnables. Ce qui reste amplement à prouver. 
Nous devrions cesser notre dépendance économique vis-à-vis de la Chine. Mettre fin à cette folie industrielle qui veut qu'aujourd'hui des produits traversent la planète dans tous les sens. Nous devrions arrêter de miser tant sur le secteur touristique qui veut que nous prenions l'avion bien plus que nos grands-parents ne prenaient le train. Cesser de construire et de faire voyager ces monstrueux bateaux de croisière pollueurs des mers et diffuseurs de virus. Et globalement repenser notre rapport compulsif à l'argent qui nous amène à tant d'activités néfastes pour la planète et pour nous-mêmes.
Nos gouvernements seraient bien inspirés de cesser de destructurer le service public de santé, de maintenir des hôpitaux de proximité, d'engager du personnel et d'investir dans la recherche.
Le coronavirus a déjà un effet positif à son actif: l'annulation du Salon de l'Auto de Genève. C'est déjà ça.

4 commentaires:

Bernard De Backer a dit…

Voir l'incroyable diminution de la pollution en Chine sur le site du Guardian : https://www.theguardian.com/environment/2020/mar/01/dramatic-fall-in-china-pollution-levels-partly-related-to-coronavirus

Pierre Guilbert a dit…

Oui, il y aura des effets collatéraux positifs à la crise dans laquelle nous entrons, sans savoir ni quand ni comment on va en sortir. Mais les effets seront nettement plus négatifs. Tant en termes de décès proches que sur le plan économique et de l'emploi. Nous n'en sommes qu'aux débuts.

Pierre Guilbert a dit…

Et c'est vrai, tu fais bien de le souligner, qu'on peut voir un fameux paradoxe : depuis le temps - près de 50 ans - que des scientifiques, de plus en plus nombreux, attirent notre attention sur les efforts à faire pour sauver la planète, sans quasi aucun effet, tout d'un coup, un malheureux virus venu d'on ne sait où en arrive à faire changer de comportement des milliards d'êtres humains. Chapeau, l'artiste !

Bernard De Backer a dit…

J'avais été un peu trop optimiste dans "Bienvenue dans l'Anthropocène", en écrivant notamment ceci : "... sa victoire sur ce qu’elle a fini par appeler « la nature », après s’en être un tant soit peu affranchie. Autant la nature destructrice interne, notamment celle des bactéries et des virus qui colonisent et minent le corps humain, que la dangereuse nature externe, celle du froid, de la faim et des autres espèces, qui la dévorait ou lui dérobait ses ressources." Ah, si un chamane pouvait dialoguer avec l'âme du Corona !