dimanche 27 mars 2022

A mes amies et amis mélenchonistes

(Ce billet est principalement constitué d'extraits de textes publiés sur ce blog. Les références des publications sont signalées entre parenthèses)

Je sais, les amis, vous admirez Jean-Luc Mélenchon pour son verbe haut, pour ses talents de tribun, pour ses coups de gueule.
Moi, je me méfie de cette espèce de gourou qu'est devenu le MélenChe qui pense que tout lui est permis. Je ne l'aime pas, pour son populisme, pour sa traitrise, pour ses contradictions, pour ses analyses simplistes, pour son ego hypertrophié. 

Une haine de la presse
Pour ses attaques contre les journalistes aussi qui en disent long sur sa conception de la la liberté de la presse.
J'ai déjà exprimé ici combien je trouvais sa France insoumise très soumise à la production d'UBM, ces unités de bruit médiatique. Paradoxalement, son leader, avec le même sens de la nuance que la fille à papa Le Pen, ne cesse de vomir les médias, parlant du "parti médiatique" ou même de "la CIA médiatique". Soutenant sur ce terrain Laurent Wauquiez, leader de la droite dure, l'homme refuse les invitations de nombreux médias, ceux qui ne lui posent pas les bonnes questions. "Le pouvoir médiatique est d'essence complotiste", affirme-t-il, n'hésitant pas ainsi à participer à la diffusion de théories du complot. A cracher ainsi sur la presse, on ne peut s'affirmer démocrate. On se classe plutôt parmi les populistes. Ou les staliniens. Comment s'étonner que des véhicules de médias, telle une voiture de Radio France, aient été vandalisés lors de "La fête à Macron" organisée en mai 2018 par les Français insoumis ? "Vous n'avez rien à faire ici !", ont entendu les techniciens. Faudrait-il alors que les médias cessent d'évoquer la France insoumise, ses actions et les interventions de ses représentants ? Ce parti a un rapport particulier aux médias : quand et comme ça l'arrange. ("Jean-Luc Iznogoud", 10.5.2018)

Ces derniers temps, les attaques contre des élus se sont multipliées, inquiétantes et inacceptables. Comme beaucoup d'autres, Jean-Luc Mélenchon en a été victime et à raison s'en est plaint. Sauf qu'il avait lui-même traité, en 2018, des journalistes de France Info de "menteurs", de "tricheurs" et d’"abrutis", appelant à "les discréditer". "Pourrissez-les partout où vous pouvez”, s'était-il écrié. Il a été, au début de cette année, condamné pour injure publique et diffamation envers Radio France. Le leader maximo a une conception de la presse très particulière et des indignations à géométrie variable. Les menaces qu'il avait lancées hier lui sont revenues en boomerang. Il a le culot de s'en offusquer. ("Toi-même", 14.1.22)
En meeting à Paris en décembre dernier, le candidat de La France insoumise s'adressait à son peuple et trois chaînes d'information en continu sur quatre retransmettaient en direct et sans filtre son message si essentiel. Elles en faisaient de même avec le discours, tout aussi important, de l'épouvantail Z. Les écrans de ces trois chaînes indiquaient que les images étaient fournies par le candidat. Le son l'était aussi. BFM TV, C-News et LCI se sont ainsi "transformées en robinets à propagande électorale". Elles remettent "les clés de leur antenne à des communicants", constatait la journaliste de France Inter Sonia Devillers. Elle rappelait qu'en 2019 LCI s'était fait remonter les bretelles par le CSA pour "non maîtrise de son antenne". Mais que ce rappel à la déontologie journalistique est restée lettre morte. "Sacrée défaite du journalisme", déplorait-elle. France Info a, heureusement, refusé de jouer ce jeu dangereux. Ce dont MélenChe s'est plaint pendant son meeting. Il a remercié "les chaînes de télévision qui accomplissent leur devoir civique en nous permettant de nous exprimer devant tous les Français qui le souhaitent, ce qui n'est pas le cas du prétendu service public" (acclamations). On sait maintenant à quoi ressemblerait le service public dans un régime tenu par la France insoumise :  un service soumis. On sait aussi quel président sud-américain il serait : Fidel Castro (MélenChe a récemment déclaré que s'il était élu, il serait un président sud-américain).  ("France (Info) soumise", 6.12.21)

L'Etat, c'est moi
Plus d'une fois, Jean-Luc Mélenchon a eu une attitude indigne d'un candidat à la présidence. Quand il ne sait pas répondre, il agresse. Alors qu'il fustigeait une justice aux ordres, parce qu'elle le poursuit, une journaliste lui a demandé s'il ne se sentait pas en contradiction avec ses propos précédents quand il critiquait les Le Pen et Fillon qui pointaient une justice politique. Incapable de répondre, il a choisi la méthode Trump : attaquer, insulter. Il s'est moqué de l'accent de cette journaliste du midi: "quesseu-queu ça veut direu?", a demandé l'élu de Marseille. Et d'ajouter: "quelqu'un a une question formulée en français et à peu près compréhensible? Parce que votre niveau me dépasse, je ne comprends pas". Sait-il que les gens méprisants sont méprisables?
Il s'était gentiment - et à raison - moqué de ces candidats (Fillon, Le Pen fille) poursuivis par la justice pour non respect des règles mais qui se posent en victimes. Mais il a fait de même en hurlant face aux policiers qui opéraient une perquisition chez lui et dans les locaux de son parti. On peut évidemment comprendre qu'il y ait là de quoi s'énerver, mais de là à se présenter comme "La République" intouchable, il y a un pas. Comme si les policiers et le juge qu'il bouscule n'agissaient pas précisément au nom de celle-ci. La République représente un ensemble de principes, de valeurs, de règles. Lesquels incarne encore Jean-Luc Mélenchon ? Quand la justice agit contre ses concurrents, il la soutient. Quand elle s'intéresse de trop près à lui, il lui crache à la figure. ("Merci, Jean-Luc", 20.10.2018)

"Le populisme de la France Insoumise est en train de tourner au bonapartisme", affirmait au début 2020 Federico Tarragoni. Le sociologue estime que quand, Mélenchon, s'opposant à une perquisition de ses locaux par l'Office central de lutte contre la corruption, a présenté sa personne comme sacrée, clamant "la République, c'est moi" et "c'est une attaque contre moi et donc contre la France", a révélé "une forme aiguë de personnalisation du pouvoir. Il a révélé sa propre vision du rôle du leader en politique". ("Saint-Peuple", 29.1.2020)

Non aligné ou munichois ?
En mai 2018, Mélenchon s'est rendu à Moscou à l'occasion de la commémoration de la victoire de l'URSS sur l'Allemagne nazie. Il y a rencontré un des leaders de l'opposition de gauche à Vladimir Poutine. "Je ne veux pas entrer dans le concert d'aboiements et d'hystérie anti-russe qui s'observe en Europe sous prétexte de Monsieur Poutine", a-t-il déclaré. Il semblait entendre ce qu'il avait envie d'entendre : qui donc en Europe n'est pas capable de faire la part des choses entre les Russes et leur président? "Je viens ici le 9 mai, c'est un acte militant pour dire : les Russes sont nos amis."
"En clair, un message à la Macron, soulignait la journaliste d'Arte : en même temps, les Russes, oui ; la Russie, oui ; mais un bémol sur Vladimir Poutine."
Son porte-parole, Alexis Corbière, n'a pas fait pas non plus dans la nuance tout en appelant à le faire : "arrêtons ce climat aujourd'hui, qui vise à considérer que quiconque n'est pas aligné sur le discours agressif, notamment des Etats-Unis, qui désigne Mr Poutine comme étant quasiment en train de préparer une nouvelle guerre mondiale, se voit immédiatement traité d'agent poutinien". 
"Un grand écart difficile, estimait la journaliste d'Arte : Mélenchon condamne l'attitude de Poutine mais aussi les sanctions contre la Russie pour l'annexion de la Crimée et sa participation à la guerre en Syrie. "Un voyage symbolique au pays de Poutine. Pas sûr qu'il remette les pendules à l'heure, tel que le souhaite Mélenchon." 
Pas sûr non plus que ce sujet réconcilie l'ancien député européen anti-européen avec "la CIA médiatique" et en particulier avec la chaîne de télé qui entend participer à la construction européenne. ("Jean-Luc Iznogoud", 10.5.2018)

Pour en finir (ou non) avec la guerre barbare que mène aujourd'hui (et de manière inattendue de son point de vue) la Russie en Ukraine, MélenChe porte l'idée du "non-alignement". Il condamne l'intervention russe mais réussit à la trouver compréhensible. « La Russie en porte toute la responsabilité », écrit-il, mais il considère cette guerre comme « un rebondissement d’une de ces guerres sans fin qui, depuis Pierre Le Grand et Catherine II, tenaillent les peuples du secteur ». Si demain un pays de l'Union européenne en agressait un autre, Mélenchon pourrait aisément ressortir le même constat fataliste. Après tout, que sont septante ans de paix dans l'histoire guerrière de l'Europe ?
« Poutine a dû comprendre que la décision [américaine d’intégrer l’Ukraine dans l’Otan] était déjà prise », écrit encore le Che français. Comprenons par là que Poutine a dû (c'est Marc-Olivier Padis qui analyse les propos de JLM) "prendre les devants sur une offensive américaine dont il avait annoncé qu’il la considérerait comme une agression, par une action préventive rétablissant par avance un équilibre que le candidat insoumis considère comme légitime. Cette hypothèse sortie de nulle part («tout cela se déduit facilement de l’observation», explique-t-il) ne fait rien d’autre que reprendre à son compte le discours victimaire de Poutine, selon lequel la pression de l’Otan sur les frontières de la Russie désigne son pays comme une victime de l’Occident acculée à une légitime défense : si Poutine envahit l’Ukraine, c’est de la faute de Biden". Les analyses de Mélenchon de la situation internationale semblent uniquement menées sous l'angle de l'anti-américanisme, avec des lunettes des années '60. ("Contorsionnistes", 17.3.2022)

Il ne croyait pas à la possibilité d'une intervention russe en Ukraine. Pas plus qu'il ne croit à celle de la Chine à Taïwan. Son analyse est confondante : " Les Chinois n'ont pas l'intention d'envahir Taïwan, mais si Taïwan se déclare indépendante, alors, il est possible, à juste titre, que la Chine trouve qu'une ligne rouge a été franchie, donc il faut trouver le moyen qu'il ne se passe rien". On voit par là que le MélenChe justifie a priori l'injustifiable. Comme l'écrivait Guillaume Erner dans Charlie Hebdo, "Taïwan n'a pas à se déclarer indépendante : l'île l'est de facto. Elle a une armée, une monnaie, accorde des visas. la seule chose qui la distingue d'un pays souverain, c'est le refus chinois. A priori, entre une dictature implacable et une démocratie, le choix devrait être rapide...". Mélenchon visiblement a fait le sien. Un ami qui connaît bien Taïwan me disait qu'il y a quelques années le MélenChe avait comparé la présidente taïwanaise, élue au suffrage universel, à Marine Le Pen : elle refuse la mainmise de la Chine, donc elle est anti-communiste, donc elle est d'extrême droite. Quand les analyses politiques sont aussi simplistes, elles vous mènent au goulag. ("Le MélenChe, un festival à lui tout seul", 15.11.2021)

Il est très séduit par la Chine : "Je considère que le développement chinois est une chance pour l'humanité. (...) Je trouve stimulant et intéressant de voir comment la planification a été un outil de développement."
(Fabrice Nicolino, "Mélenchon est-il vraiment écologiste ?", Charlie Hebdo, 2.3.2022)

Etre enfin calife
Dans le corso peu fleuri de la France Insoumise à Paris en mai 2018, trois chars fustigeaient le président Macron : Macron en Jupiter, Macron en Dracula et Macron en Napoléon. Puis, un quatrième char promenant le leader des Insoumis et ses députés. Mélenchon en Zeus, en Mars, en Che ? Les élus insoumis ne pouvaient sans doute marcher avec les manifestants de crainte d'être confondus avec des représentants de La France en MarcheEtrange calicot dans cette manif festive : "Elu par défaut, viré pour défauts", pouvait-on y lire. Si Emmanuel Macron a été élu par défaut, c'est qu'il était, aux yeux de la majorité des Français, le moins pire des candidats (ainsi fonctionne l'élection présidentielle française). Parmi lesquels figurait un certain Jean-Luc Mélenchon. Les manifestants de la F.I. semblent avoir oublié, un peu vite, que leur candidat n'a pas réussi à séduire une majorité de Français. Il n'a pas été élu, ni par choix positif, ni par défaut. Ce qu'on peut comprendre : comment un tel dinosaure de la politique, ce vieux de la vieille qui depuis trente-cinq ans a occupé toutes les fonctions politiques imaginables pourrait-il encore apparaître comme l'homme du renouveau ? Seule fonction politique qu'il n'ait pas exercée : celle de président de la République. Et on sent qu'il aimerait tant être calife à la place du calife. Avant d'être député à l'Assemblée nationale, il l'avait été au Parlement européen (où il a brillé par son absence), abandonnant son mandat à mi-course, témoignant du mépris qu'il a pour la fonction et pour ses électeurs. Comment faire confiance à un élu si volage? ("Jean-Luc Iznogoud", 10.5.2018)
La responsabilité de la division de la gauche française est partagée entre les différents partis qui la composent, mais Jean-Luc Mélenchon a été le premier à se déclarer candidat, n'écoutant que son ego qui l'encourageait vivement à se présenter. Tous les appels à rencontre et négociation lancés ensuite par les uns et les autres n'ont reçu que son mépris.

En 2017, pour le second tour, opposant Marine Le Pen à Emmanuel Macron, il a renvoyé dos à dos les deux qualifiés, refusant de se positionner et d'appeler au « front républicain », comme il l'avait fait pour contrer Le Pen père en 2002. Est-il incapable de faire la différence entre un démocrate et une ennemie de démocratie ? Ou cette différence lui importe-t-elle si peu ?

Avec les barbus
En 2010, Jean-Luc Mélenchon affirmait que les femmes voilées se stigmatisaient toutes seules et il récusait le terme d'islamophobie. En 2018 encore, il estimait que la religion devenait de plus en plus ostentatoire dans nos sociétés. Mais l'année suivante le MélenChe n'a pas hésité à participer à une manif où la foule scandait Allah Akbar et huait les noms de Mohamed Sifaoui ou de Zineb El Rhazoui parce qu'ils ont l'outrecuidance de dénoncer l'islamisme, ce pourquoi ils vivent, l'un et l'autre, sous protection policière.
En 2015 Mélenchon, à l'enterrement de son ami Charb, lâchement assassiné au nom du Prophète, dénonçait son exécution par "les fanatiques religieux, crétins sanglants qui vocifèrent de tous temps". Depuis, MélenChe s'est dévoilé : il n'est qu'un traitre qui marche sur le cadavre de celui qui fut son ami, un vulgaire politicien en quête de voix, communautaires en l'occurrence. Lui et tous ceux qui essaient, parfois de manière très paternaliste, de protéger contre ses dérives violentes l'Islam de France et de l'absoudre de son manque d'auto-critique ouvrent un boulevard à l'extrême droite, trop contente de les voir flirter avec les islamistes et de pouvoir se présenter ainsi comme le seul rempart contre cette violence indéniable. ("Moments de dévoilement", 2.12.2019)
Par contre, il n'éprouve aucun état d'âme pour le million d'Ouïgours enfermés dans des camps en Chine, torturés, assassinés. Ce n'est qu'"une répression que fait le gouvernement chinois contre les organisations islamistes ouïgoures". Circulez, tout va bien. Quant au Tibet, il a, selon lui, été "libéré" de la théocratie. (Fabrice Nicolino, "Mélenchon est-il vraiment écologiste ?", Charlie Hebdo, 2.3.2022)

Un écolo productiviste
Pour Mélenchon, l'avenir s'annonce radieux. Il suffit de se lancer dans l'exploration de l'espace et des mers. "L'exploration spatiale a d'ores et déjà apporté sur terre beaucoup de bienfaits. Elle a contribué à des avancées majeures." Dans son meeting immersif de Nantes en janvier, il a vanté ces "milliers d'applications dans nos poches qui dépendent de l'espace : météo, GPS, cartographie et surveillance écologique des traités internationaux". Sans doute faudrait-il qu'on lui explique ce qu'implique cette colonisation de l'espace. "Qu'importe la réalité, écrit Fabrice Nicolino. Qu'importe que l'espace soit devenu une décharge industrielle pleine de millions de déchets tournant autour de la Terre. Que Musk lance des milliers de satellites qui empêcheront beaucoup d'observations astronomiques. Pas grave. C'est le rêve qui compte. Et de même pour la mer." Qui est pour lui une terre de conquête : "la mer est notre nouvel espace de réussite et d'exploits scientifiques et techniques". Ce qui fait aussi réagir Nicolino : "pas un seul mot sur l'état réel des mers. Pas un mot sur leur acidification. Pas un mot sur la pêche industrielle, et donc sur les risques d'extinction pesant sur tant d'espèces." Pas un mot sur les  amas de déchets en plein océan, sur les zones mortes, etc. La mer est un espace à conquérir.
"D'évidence, (Mélenchon) est resté un productiviste", constate Nicolino. "Ecologiste, Mélenchon ? Dans ses envolées si peu lyriques, il ajoute aux terres de conquistadors que sont pour lui l'espace et la mer, le numérique." (Fabrice Nicolino, "Mélenchon est-il vraiment écologiste ?", Charlie Hebdo, 2.3.2022)

Voilà, les amis, si vous me lisez régulièrement, vous le saviez déjà : Mélenchon n'est pas et ne sera pas mon camarade. Je n'ai aucune confiance en ce grand colérique, imbu de lui-même. Ceci dit, je ne suis pas Français, je ne peux voter à l'élection présidentielle, mais mon choix se porterait sur le candidat écologiste, malgré ses manques et ses défauts. Parce que le ou la candidat-e parfait-e n'existe pas. Mais surtout parce qu'il y a une urgence absolue à changer de lunettes et de cap.

"Si le public devait retenir quelque chose de mon film, ce serait peut-être que lorsqu’on va voter, mieux vaut laisser de côté sa fascination pour la face obscure des hommes de pouvoir. Les candidats qu’on trouve vraiment, profondément, ennuyeux dans la vie, voilà, c’est pour eux qu’il faut voter."
Paolo Sorrentino, réalisateur italien, à propos de son film Il Divo, consacré à Giulio Andreotti (Télérama, 21.5.2008)

"Lorsque vous jugerez nécessaire de vous mettre en colère, choisissez, pour vous mettre en colère, un moment où vous ne serez pas en colère. Vous n’aurez jamais l’air mieux en colère et vous proportionnerez exactement ainsi votre colère à l’objet de votre colère, ce qui deviendrait impossible si vous étiez vraiment en colère."
Pierre Gatérat : Vade-mecum du petit homme d’Etat, Seuil, 1952

"Quand un homme oscille entre l’être et le paraître, et quand le paraître plus que l’être lui ramène les ovations, alors il finit par perdre jusqu’au besoin de mentir, il convainc naturellement parce qu’il a lui-même dissipé ses doutes, parce qu’il adhère à ses paroles par les fibres essentielles de son être. Sans doute garde-t-il un noyau de lucidité, il sait bien qu’il ne pourra pas tenir ses promesses, mais ce savoir-là ne l’encombre aucunement tandis qu’il s’exprime à la tribune, tout occupé qu’il est de plaire à l’auditoire. Il croit en qu’il dit parce qu’il croit en ce qu’il montre, je veux dire qu’il devient son personnage, se regarde au travers des yeux de tous ces gens qui l’approuvent et l’applaudissent, et finit par se pénétrer de son rôle et de sa vocation. Il gagne en sincérité parce qu’il ajuste non ses paroles à ses croyances, mais ses croyances à ses paroles, et cette sincérité est la condition même de son leadership."
Alain Eraly : Le Pouvoir enchaîné, Labor, 2002

Post-scriptum :
J'oubliais cet élément : dans le cadre de la campagne, Mélenchon a annoncé (1) que, s'il était élu président, il amnistierait les Gilets jaunes qui ont été condamnés par la justice. Que nous dit cette promesse ? Que selon MélenChe la justice est aux mains du pouvoir et que les gens mécontents ont raison de tout casser au nom de leur colère. Mais surtout que lui président cassera les décisions de justice, ce qui signifie que la justice sera aux mains du pouvoir qu'il incarnera et que ce fait du prince ne respectera pas la séparation des pouvoirs. Un peu de cohérence, Jean-Luc ? 

(1) https://www.lemonde.fr/election-presidentielle-2022/article/2022/03/21/marine-le-pen-s-oppose-a-la-proposition-de-jean-luc-melenchon-d-amnistier-les-gilets-jaunes-condamnes_6118440_6059010.html

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