lundi 14 mars 2022

Néandertal, le retour

Six espèces humaines coexistaient il y a trois cent mille ans, quand homo sapiens a commencé à évoluer. Et peu à peu à s'imposer. "Curieusement, écrit Kate Ravilious dans The New Scientist (1), ce sont peut-être certaines de nos plus grandes vulnérabilités - notre dépendance vis-à-vis des autres, notre aptitude à la compassion et à l'empathie - qui nous ont donné l'avantage." Homo sapiens vivait dans des groupes plus importants que les autres humains et pouvait former des groupes au-delà de son cadre immédiat. Il savait s'adapter aux circonstances. "Notre besoin affectif nous a poussés à entrer en contact avec les autres", estime l'archéologue Penny Spikins. Le sens du groupe nous a rendus plus résistants et "a permis à l'être humain de chasser des animaux dangereux tout en vivant avec les conséquences en matière de risques de blessures. Et cela a allongé la durée de vie, donnant aux grands-parents la possibilité de s'impliquer dans l'éducation des plus jeunes et de leur transmettre leur savoir et leurs compétences."
Peu à peu, homo sapiens a étendu ses réseaux, a multiplié les interactions entre groupes et a ainsi acquis des comportements et des inventions auprès de groupes voisins, ce qui a pu aider à sa survie, affirme le paléoanthropologue Chris Stringer. 
Les néandertaliens, eux, parfois décrits comme ayant l'air de brutes, avaient un mode de vie isolé, ce qui leur a coûté cher. Aujourd'hui, on croit voir néandertal se réincarner en un autocrate brutal qui veut à toute force conquérir un territoire, dût-il en faire un champ de ruines et un cimetière. Qui dira à Vladimir Poutine que néandertal n'a pas d'avenir ?

(1) "Mon ami Sapiens"Kate Ravilious, The New Scientist, 24.11.2021, in Le Courrier international, 10.2.2022.

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