vendredi 7 octobre 2022

Chasse-neige

Les stations de sports d'hiver françaises s'adaptent un peu - un tout petit peu - au réchauffement climatique. Les remontées mécaniques seront ralenties, la production de neige artificielle sera diminuée, les dates d'ouverture reculées et de fermeture avancées (1). De modestes petits pas vers des pratiques plus intelligentes.
Dans le même temps, l'Arabie saoudite avance un peu loin dans la bêtise et le cynisme en annonçant qu'elle accueillera les Jeux panasiatiques d’hiver de 2029. On croit à une information parodique du Gorafi, mais non, l'info est bien réelle et d'autant plus idiote. Un pays connu pour son désert et ses fortes chaleurs va organiser des compétitions exclusivement pratiquées sur neige et sur glace. Les polémiques actuelles et les critiques adressées au Qatar qui accueillera dans quelques semaines les matchs de la Coupe du monde de football dans des stades climatisés indiffèrent l'Arabie saoudite qui veut prouver que rien ne lui est impossible. surtout pas le mépris pour l'avenir de la planète.
"Ces Jeux asiatiques d’hiver se dérouleront dans la province de Tabouk, frontalière de la Jordanie et baignée par la mer Rouge, explique Le Monde (2). Elle fait face au détroit de Tiran, qui la sépare de la ville égyptienne de Charm El-Cheikh. La prochaine COP27 sur le changement climatique se tiendra justement dans cette dernière en novembre. Les délégués qui s’y presseront pourront disserter à loisir sur cette parabole saoudienne. Elle illustre à la perfection la subordination systématique des enjeux environnementaux aux impératifs de puissance et de prestige."
Le Monde rappelle que l'Arabie saoudite a pour ambition d'être neutre en carbone d'ici 2060 en plantant des milliards d’arbres, en réduisant massivement ses émissions de gaz à effet de serre dès 2030 et en doublant ou presque ses zones protégées, y compris dans la province de Tabouk. "Ces objectifs louables restent manifestement compatibles, selon la logique saoudienne, avec l’affront environnemental que vont constituer la préparation et la tenue des Jeux asiatiques d’hiver. Leur organisation répond il est vrai à un objectif qui n’a rien à voir avec le sport et encore moins avec l’écologie. Il s’agit de promouvoir un projet qui tient particulièrement à cœur à l’homme fort de Riyad, le prince héritier Mohammed ben Salman, récemment promu premier ministre : la création ex nihilo dans cette province de Tabouk d’une cité futuriste, Neom. Mohammed Ben Salman, dont la réputation reste entachée par l’assassinat et le démembrement du dissident Jamal Khashoggi, tente en fait de copier, avec quelques décennies de retard, la cité la plus clinquante des Emirats arabes unis, Dubaï."
Comme l'écrit encore Le Monde, on peut comprendre - sans l'accepter - la logique d'un potentat, mais pas celle d'une organisation internationale. Quoique... Le sport, on le sait, ne fait pas de politique. Uniquement de l'argent. 

Ceci dit, on se souvient qu'à Antoing, dans la vallée de l'Escaut, il n'y a pas si longtemps - une petite vingtaine d'années - le prince de Ligne entendait créer sur ses terres des pistes de ski, un stade de glace et une rivière tropicale (3). Quasiment tous les élus du coin ont soutenu avec un enthousiasme débordant ce projet délirant. Il a fallu une forte mobilisation citoyenne pour qu'il en vienne à une conception plus économe et intelligente. 

(2) https://www.lemonde.fr/idees/article/2022/10/06/des-jeux-d-hiver-saoudiens-anachoniques_6144701_3232.html
(3) (Re)lire sur ce blog "Skier à Maubray ou  surfer sur le réchauffement climatique ?", 16.4.2007 et quantité d'autres billets sur ce projet démentiel. 

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