jeudi 13 octobre 2022

Panne des sens

L'essence manque. C'est la panique chez beaucoup d'automobilistes. La plupart d'entre eux affirment avoir impérativement besoin de leur voiture. Ce qui est parfois vrai et parfois pas. Nous avons pris de très mauvaises habitudes et trop souvent les pouvoirs publics, en délaissant les petites lignes de train ou en offrant peu voire pas de service de bus, nous ont forcés à acheter une voiture. Nous sommes habitués à avoir chacun la nôtre. On voit même des couples en France avec trois voitures. On les prend pour tout déplacement, même sur de petites distances, même plusieurs fois par jour.
Parfois, les services de transport en commun existent, mais sont trop méconnus, tant en termes de trajets proposés que de tarifs. Ce qui amène des organismes du type Pôle Emploi à organiser des formations à l'utilisation des transports en commun. Des personnes découvrent qu'un bus passe à deux rues de chez elles, qu'existent des systèmes d'abonnement, que celui-ci peut être pris en charge par l'employeur.
L'épidémie de Covid-19 avait amené de nombreuses personnes à découvrir les plaisirs et les avantages du vélo. Mais la vie redevenant normale, elles ont repris leur voiture comme elles ont oublié de se fournir auprès de producteurs locaux.

Une étude menée dans soixante pays (1) fait apparaître que la part de l'utilisation du vélo pour les déplacements quotidiens n'est que de 5% en moyenne. Alors que la part de possesseurs de vélos est souvent beaucoup plus élevée, mais la bicyclette reste un objet de loisirs utilisé durant le week-end ou les vacances et pas un moyen de déplacement quotidien. "Si chacun se déplaçait à vélo en moyenne 1,6 kilomètre par jour, soit la distance moyenne quotidienne des Danois, le monde réduirait les émissions de CO2 de quelque 414 millions de tonnes par an, soit l'équivalent des émissions annuelles de la Grande-Bretagne, selon les calculs des chercheurs. Avec 2,6 kilomètres de trajets effectués à vélo par jour comme aux Pays-Bas, on pourrait réduire les émissions de 686 millions de tonnes par an (l'équivalent des émission annuelles du Canada), sans compter les bénéfices pour la santé et pour l'amélioration de la qualité de l'air." 
Pour Gang Liu, auteur principal de l'étude, l'intérêt principal de celle-ci est qu'elle montre que le vélo a un rôle important à jouer dans la réduction de l'empreinte carbone du transport, alors que le débat tend à se focaliser sur l'électrification des voitures.

Il est urgent de sortir de la logique de la voiture individuelle et désolant de voir que dès qu'une autoroute est saturée, les pouvoirs publics se dépêchent - aujourd'hui encore - de l'élargir, que la voiture prend toujours autant de place dans les villes. Où que l'on circule, il est navrant de constater que l'immense majorité des voitures ne sont occupées que par leur conducteur. Des pouvoirs publics tentent de favoriser le covoiturage, mais on entend des automobilistes le refuser : "j'aime être seul dans ma voiture", affirmait récemment l'un d'eux dans un journal télévisé.
La pénurie de carburant que nous connaissons actuellement devrait nous amener à nous déplacer autrement. La vie normale n'est pas une vie en voiture. Cette panne d'essence devrait être l'occasion de changer de sens.

(1) https://www.lalibre.be/planete/environnement/2022/08/20/une-nouvelle-etude-pointe-les-enormes-economies-de-co2-si-on-se-deplacait-plus-a-velo-pour-les-petits-trajets-6WZJ47WY5FFX3CLROAJLV4E4MQ/
(Re)lire sur ce blog : "Nos têtes immobiles, 14.7.2022 ; "Lever le pied", 11.5.2022 ; "L'heure du vélo," 25.5.2020.

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