jeudi 20 octobre 2022

La Biélorussie entrainée dans une guerre qui n'est pas la sienne

Voilà que le dictateur Loukachenko, qui jusqu'à présent était resté distant de "l'opération spéciale" de celui dont il est vassal, entre en guerre. "Après l’annonce de la création d’un groupement militaire conjoint entre la Russie et la Biélorussie, écrit Le Monde (1), une mobilisation cachée serait en cours." Terroriser et mater son peuple ne lui suffit pas. Il va maintenant s'attaquer aux Ukrainiens.
"Le 10 octobre, écrit encore Le Monde, une partie du déluge de missiles qui se sont abattus sur toute l’Ukraine venait aussi du territoire biélorusse. Une semaine plus tard, c’est encore de la Biélorussie que les « drones kamikazes » qui ont touché Kiev, lundi 17 octobre, ont été lancés, ont affirmé les autorités ukrainiennes."
Un nouveau front s'ouvre ainsi au nord de l'Ukraine. La faiblesse numérique et opérationnelle de l'armée biélorusse amoindrit les craintes que peut nourrir l'Ukraine qui cependant n'exclut rien "et se prépare à tous les scénarios, y compris à une éventuelle nouvelle invasion à partir du territoire biélorusse".
La population biélorusse, elle, est très majoritairement  hostile à la guerre. Elle souffre déjà suffisamment de ce régime dictatorial brutal qui piétine les droits les plus élémentaires.

Le jury du Prix Nobel de la Paix l'a souligné, en distinguant cette année l'écrivain Ales Bialiatski (2), prisonnier d’opinion au Bélarus, accusé de fraude fiscale, lors de procès montés de toutes pièces, et condamné à du travail forcé dans les camps de détention au régime sévère. Il fut emprisonné de 2011 à 2014 et l'est à nouveau depuis juillet 2021.
"En 1996, face à la répression du régime Loukachenko, écrivait en 2012, la Ligue française des Droits de l'Homme (3), Ales crée le Centre de défense des droits de l’Homme Viasna, une organisation qui vient en aide aux victimes de la violence politique et milite pour faire connaître dans le monde les conditions de la répression au Bélarus. En 2003, comme des centaines d’autres associations, Viasna – qui signifie printemps en bélarusse – est liquidée sous le coup d’une décision de justice, et entre dans l’illégalité. Mais son combat, très tôt reconnu, se poursuit et lui vaut de recevoir de prestigieuses récompenses. En 2007, seulement trois ans après avoir rejoint la FIDH, Ales Bialiatski est nommé vice-président de la Fédération internationale des ligues des droits de l’Homme (FIDH). Il devient ainsi le premier représentant issu de l’un des ex-pays communistes d’Europe. Il s’est rendu, lors des missions d’enquête, en Russie, en Ukraine, au Kazakhstan, au Kirghizstan, en Géorgie ou encore en Arménie. Sur le terrain, il accomplit des observations de procès politiques, de soutien aux familles de détenus, des enquêtes sur des crimes de masse. Il mène de nombreuses actions internationales et participe à des missions de solidarité. Il partage son expérience sur le terrain avec les défenseurs des droits de l’Homme égyptiens, cubains ou encore tunisiens… "

" Pendant le vaste mouvement de contestation post-électoral de l'été 2020 et sa répression par Alexandre Loukachenko, Viasna recensait les arrestations, les accusations de tortures en prison et les blessés", écrit Radio France (4). Quelques jours après la réélection contestée d'Alexandre Loukachenko, Ales Bialiatski constatait que "tant dans les petites villes que dans les villes régionales et la capitale, il y a une véritable terreur. L'objectif est très simple : conserver le pouvoir à tout prix et semer la peur dans la société." D'autres membre de Viasna sont détenus dans diverses affaires, allant du "trouble à l'ordre public" à la "participation à une organisation criminelle". Des perquisitions ont visé en février et en juillet 2021 plus de cinquante lieux liés à des membres de l'organisation.
Ce prix Nobel "est une reconnaissance importante pour tous les Bélarusses combattant pour la liberté et la démocratie" contre le régime d'Alexandre Loukachenko, a commenté la cheffe de l'opposition Svetlana Tikhanovskaïa.

(1) https://www.lemonde.fr/international/article/2022/10/18/la-bielorussie-fait-un-pas-de-plus-vers-une-implication-directe-dans-la-guerre-en-ukraine_6146277_3210.html
(2) co-lauréat, avec l'ONG russe de défense des droits humains Memorial et l'ONG ukrainienne Centre pour les libertés civiles.
(3) https://www.ldh-france.org/Ales-Bialiatski-vice-president-de/
(4) https://www.radiofrance.fr/franceinter/cinq-choses-a-savoir-sur-le-prix-nobel-de-la-paix-l-opposant-belarusse-emprisonne-ales-bialiatski-4351382

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