mercredi 3 novembre 2010

CQFD

Jean-Yves Hayez est pédopsychiatre. Un spécialiste reconnu dans sa profession, régulièrement sollicité par les médias. La Dernière Heure lui a demandé de brosser le portrait de Bart De Wever. Il estime que le leader flamingant (1) entend se faire détester par les francophones, affirme sa "volonté de puissance" et a "une personnalité très dominante". Il agit comme "un enfant-roi", dit le pédopsychiatre. Bref, des analyses qu'aurait pu livrer le premier observateur venu de la vie politique belge, des observations qui semblent relever du bon sens.
Mais Bart De Wever est très fâché. Il n'accepte pas l'analyse. Caliméro se plaint. C'est dans son caractère. "C'est trop injuste", dit-il. Il trépigne. Il tape du pied. Peut-être l'anti-monarchiste aurait-il préféré être traité d'enfant-président. Il annonce qu'il déposera plainte contre Hayez devant l'ordre des médecins. On le comprend: un enfant-roi en aurait fait tout autant.

(1) il est étrange de constater que ce terme semble avoir disparu du vocabulaire actuel, alors que la flamingantisation semble à son paroxysme.

3 commentaires:

gabrielle a dit…

Intéressant.
Porter plainte est évidemment très exagéré et révélateur de la conception de la liberté d'expression. Il n'y a en effet pas de diffamation, juste un diagnostic.

Je pencherais volontiers - je ne suis pas médecin - pour une simple petite allergie au mot "roi". ;-)

M a n u a dit…

M. De wever, préférez le débat à l’intimidation


En démocratie, l’accès au pouvoir, tout autant que son exercice ou l’opposition à ceux qui l’exercent déjà, suppose que l’homme politique se soumette à l’examen public : cet examen implique que l’on passe au crible les idées, les programmes, mais aussi les personnes qui veulent les mettre en pratique.

Bien sûr, tout n’est pas permis à l’égard des hommes politiques. Et il faut reconnaître que l’évolution de la société hyperconnectée met politiques et journalistes à rude épreuve lorsqu’il s’agit de conserver une vision claire des usages les plus appropriés. Convenons à ce sujet que la perfection est un idéal pas toujours atteint.

Dans l’univers politique particulier qu’est la Belgique, Bart De Wever et la N-VA se revendiquent d’une volonté de rupture, en termes d’idées, de pratique politique et surtout de programme : l’idée nationaliste pour la Flandre constitue un dessein de rupture par excellence, annoncé et assumé comme tel.

Avec pareil dessein, et pareille volonté de rompre les codes, M. De Wever et ses coreligionnaires ne peuvent s’étonner que l’examen public auquel veulent les soumettre leurs opposants politiques comme les médias, est si minutieux : il l’est d’autant plus, que ses idées suscitent l’étonnement, voire l’inquiétude de nombreux citoyens. Disons le tout net, sans aucun mauvais esprit : le fameux « jardin extraordinaire belge » de Gaston Eyskens a tout de même enfanté, en la N-VA, un nouvel animal qui paraît très étrange à beaucoup de monde. Cela ne peut surprendre M. De Wever, puisqu’il positionne son combat politique hors de la norme belge.

En se revendiquant de la démocratie, M. De Wever doit accepter cet examen public d’autant plus renforcé, qu’il veut faire triompher, sinon partager, des idées et des méthodes en rupture.

Il reste à M. De Wever à prouver que les écarts qu’il reproche aux médias francophones – mais les Flamands ne sont pas à l’abri de sa vindicte – sont réels, ou qu’ils dépassent le traitement réservé à tous les autres hommes politiques de ce pays. Serait-ce le cas, qu’il s’agirait là du prix à payer pour la radicalité qu’il revendique.

Mais l’attitude, entachée d’intimidation, de M. De Wever face aux médias, et face au Soir auquel il refuse de parler depuis de longs mois, laisse penser qu’il préfère substituer, quand cela l’arrange, l’auto-victimisation au viril débat d’idées. De notre côté, la porte reste ouverte, à lui comme à tous les acteurs politiques démocratiques.


Edito de JUREK KUCZKIEWICZ dans Le Soir du vendredi 05 novembre 2010.

Anonyme a dit…

Salut Michel,
j'ajouterais même "leader NATIONALISTE flamingant" parce que je ne comprends pas pourquoi un nombre considérable de gens le considère comme démocrate (le nationalisme étant non democrate par essence, puisqu'il rejette l'Autre)

Alain 2B