lundi 8 novembre 2010

Jours de fête

Les Assises de la Multiculturalité vont déposer aujourd'hui leur rapport. Sans qu'on en connaisse encore la teneur, on sait que ses auteurs plaident, avec raison, pour des politiques plus volontaristes et plus égalitaires en matière d'emploi et de logement. Il est évidemment inadmissible que des personnes soient discriminées en la matière du fait de leurs origines.
Le rapport se penche aussi, nous dit-on, sur les jours fériés. On parle chez nous de calendrier chrétien. Les fêtes liturgiques catholiques rythment notre année. Faut-il adapter notre calendrier aux fêtes d'autres religions? Certains plaident pour des jours fériés flottants: chacun aurait droit à des congés selon ses croyances. Ce qui impliquerait que chacun soit obligé de se positionner publiquement par rapport à sa foi ou sa non foi en une religion. Ce qui impliquerait également une plus grande division de la société. Ce matin, sur la Première (RTBF), une des auteurs du rapport des Assises de la Multiculturalité rappelait qu'un jour est férié parce qu'il marque une célébration et qu'il convient de garder du sens à celle-ci. Pour beaucoup, disait-elle, la raison de la fête est inconnue. On ne peut que la rejoindre et constater que, la pratique catholique étant en chute libre, il se trouverait vraisemblablement un nombre extrêmement faible de Belges capables d'expliquer ce que sont l'Ascension, l'Assomption, voire Pâques. Mais, ce constat étant posé, qu'en tirer comme conclusion? Surtout pas que le calendrier devrait être rythmé par des fêtes catholiques, protestantes, musulmanes, juives, laïques, selon les convictions des uns et des autres. L'organisation du travail, des cours, de la vie en société s'en trouverait impossible. Et absurde.
C'est sur un calendrier déconfessionnalisé qu'il faut travailler, en donnant à chacun des jours fériés une vraie signification pour tous les citoyens.
Quelques modestes propositions de jours fériés revus et corrigés.
Gardons évidemment le 1er janvier, jour de l'an, même si dans certains pays l'année ne commence pas le même jour.
Remplaçons Pâques par la Fête de la Nature (1). C'est le printemps, le renouveau, un nouveau départ, bref, une résurrection. Chacun y mettra le sens qu'il veut. On peut même y ajouter le Lundi de la Nature, une journée de travail bénévole pour améliorer son environnement.
Le 1er mai continuera, bien entendu, à célébrer la Fête du Travail.
Remplaçons l'Ascension, qui célèbre le retour du Christ au ciel, par une journée des religions et de la philosophie. Une manière de s'élever, en réfléchissant au sens que l'on donne à sa vie.
La Pentecôte qui vit les Apôtres devenir multilingues pourrait devenir la Fête de la Multiculturalité et de la Solidarité.
Conservons (jusqu'à nouvel ordre...) la Fête nationale.
J'avoue de ne pas connaître le sens de l'Assomption. Le Petit Robert nous apprend qu'il s'agit de "l'enlèvement miraculeux de la Sainte Vierge au ciel par les anges". Bref, Ascension et Assomption sont proches sur la forme comme sur le fond. Donc, je propose de supprimer cette redondance pour la remplacer le 10 décembre par la Fête des Droits de l'Homme.
La Toussaint, dans nos pays, est confondue avec le jour des morts qui la suit. Supprimons donc le jour férié du 1er novembre pour le remplacer par le Jour des morts le lendemain, une célébration autant laïque que religieuse.
L'Armistice ou plutôt les armistices continueront à être commémorés le 11 novembre en tant que journées de célébration de la paix.
Reste Noël qui pourrait être rebaptisée en Fête de la Famille et de l'Amour.
Les plus attentifs auront noté qu'ils risquent de perdre un jour de congé, celui du Lundi de Pentecôte. Il pourrait, par exemple, être remplacé le 1er avril par la Fête du Rire et du Sourire.
Un tel calendrier aurait, me semble-t-il le mérite de donner du sens à chacun des jours fériés pour tous les membres de notre société, en travaillant sur ce qui nous unit plutôt que ce qui nous sépare.

(1) On notera que remplacer Pâques par une date fixe aura l'immense avantage d'éviter une date fluctuant chaque année, qui en entraîne d'autres dans son sillage, rendant compliquées certaines organisations.

Post-scriptum: quant aux régimes alimentaires adaptés aux prescrits religieux, ne compliquons pas le travail des gestionnaires des cantines scolaires. Tous végétariens! C'est bon pour la santé et pour la planète.

1 commentaire:

gabrielle a dit…

Pour remplacer l'Assomption dans votre sympathique calendrier, on pourrait également adopter dans les jours fériés la journée du 9 mai, fête de l'Europe. Un continent multiculturel cela se célèbre. ;-)