lundi 30 mai 2011

Le populisme a de belles fenêtres

En Europe, le populisme se porte bien. Une série de reportages dans la Libre Belgique tout au long de la semaine dernière en témoigne. S'il le fallait. Du nord au sud de l'Europe, d'ouest en est, on se rend compte que le simplisme, les déclarations à l'emporte-pièce l'emportent. Que le nationalisme, la xénophobie, l'égoïsme, la bêtise gagnent du terrain. Et que la réflexion, l'intelligence, la nuance, l'ouverture d'esprit ont peu de place dans les discours et dans les têtes. "Les gens" deviennent-ils plus bêtes? Les appareils idéologiques d'Etat (pour reprendre une expression gramscienne) concourent à augmenter la "crétinisation" (pour reprendre le titre d'un ouvrage de Charpentreau de... 1974). La télévision joue un rôle de premier plan en la matière. Quand elle est privée, on ne s'en étonne pas, même si on s'en navre. Le Lay, quand il était patron de TF1, avait exprimé sans état d'âme quel était son rôle: rendre disponibles à la pub les cerveaux de ses téléspectateurs. Quand la télé est publique, on en pleure. On s'arrache les cheveux (du moins, quand on en a encore). Hier soir, le JT de la RTBF s'ouvrait sur le retour du club de foot montois en première division. Une information qui dépassait à coup sûr toutes les autres. On voyait et entendait "des imbéciles heureux qui sont nés quelque part" brailler leur bonheur face caméra. Ces imbéciles heureux sont nés à Mons. Une semaine auparavant, d'autres étaient nés à Liège. Le fait que leur Standard ait remporté la coupe de Belgique valait de longs sujets au JT. Et un quart d'heure d'antenne le lendemain matin sur la Première à 7h45. Robert Wangermée, reviens !
A Barcelone, les jeunes protestataires pacifiques qui plaident pour un changement de régime se sont fait virer de la place manu militari. Entendez par là de manière extrêmement violente par la police. C'est qu'il fallait se préparer à faire place aux supporters vociférants du club de foot local qui allait sans doute - et ce fut chose faite - remporter la Coupe d'Europe. Panem et circenses. Non, non, rien n'a changé. Que se passerait-il si on supprimait le foot? "Les gens" se mettraient-ils à réfléchir? Les journalistes des télés publiques présenteraient-ils des sujets intelligents et intéressants? Le populisme déclinerait-il?

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