Qui est légal, qui ne l'est pas? C'est ce brave Donald Trump qui nous amène à nous poser cette question existentielle.
L'homme qui critique la terre entière (sauf lui-même, l'homme le plus intelligent que cette planète ait généré et génèrera, et dans une moindre mesure Vladimir Poutine et Nigel Farage) estime qu'Angela Merkel "a fait une erreur vraiment catastrophique qui a été d'accueillir tous ces illégaux, vous savez prendre tous ces gens d'où qu'ils viennent. Et personne ne sait d'où ils viennent". (1) Il ne précise pas en quoi l'accueil de demandeurs d'asile serait catastrophique, mais on a bien compris que ce n'est pas son propos qui consiste à lancer des anathèmes agressifs et simplistes.
Lui ne le sait évidemment pas, mais ces gens viennent de pays où ils sont en danger à cause de la guerre (parfois voulue et menée par les Etats-Unis), de la misère, de risques d'emprisonnement et de torture. Des gens qui ont l'inacceptable ambition de mener une vie meilleure. Pour ces raisons-là, ces personnes sont donc illégales, selon le futur président des Etats-Unis. Entendez par là qu'elles n'ont pas d'existence légale. Ce qui est exactement l'objectif des gens qui tentent de les supprimer ou, au moins, de les faire taire.
Qu'est-ce donc qu'un humain légal? L'existence-même de tout homme, de toute femme, de tout enfant peut-elle être illégale, ne pas être reconnue pour ce qu'elle est tout simplement? Peut-on ne pas exister alors qu'on est? Et de toute façon, à partir du moment où un gouvernement, celui que dirige Angela Merkel par exemple, accepte de faire entrer des gens sur son territoire, en quoi ces personnes seraient-elles illégales? Qu'est-ce qui confère une légalité à un être humain? Des papiers?
Ou plutôt des valeurs telles que la solidarité, l'accueil, la compassion, l'intelligence? Si c'est le cas, Ubu Trump est totalement illégal.
(1) http://www.lalibre.be/actu/international/kerry-denonce-les-propos-deplaces-de-trump-hollande-declare-que-l-europe-n-a-pas-besoin-de-conseils-587c5b6ccd70717f88f77b6e
1 commentaire:
Dans le mot "étranger", il y a le mot "étrange". C'est celui qui n'est pas comme nous, donc qui fait peur. Sur les 16 membres désignés du cabinet de D. Trump, 13 sont des hommes blancs. Trump ne rêve que d'un pays où tous les habitants lui ressembleraient. Blancs, riches, avec de la volonté, etc. Dans son mode de pensée, comme dans celui de tout représentant de la Droite (ultra)libérale, le raisonnement est simple : chacun est responsable de sa situation. Et celui qui débarque d'on ne sait où, et si ça se trouve d'un pays même pas en guerre, vient sûrement pour profiter de son nouveau pays d'accueil. Le cas de l'Allemagne est sans doute particulier. Elle se sent, à raison, fautive vis-à-vis de l'humanité à cause du nazisme et des ses conséquences. Or, en allemand, faute et dette sont un même mot. Redevable, elle se doit d'être plus accueillante qu'un autre pays. L'Autriche, hélas, n'a pas connu de dénazification (sauf erreur de ma part) et c'est sans doute ce qui explique le succès de l'extrême-droite là-bas... Mais c'est un autre sujet. Ce million de personnes qui débarquent en Allemagne, ne parlant pas la langue, n'ayant pas toujours les bonnes compétences professionnelles en adéquation avec les métiers en pénurie, seront forcément à charge du pays pendant un bon bout de temps, et de facto en compétition avec les Allemands qui se trouvent dans une précarité socio-économique. En Belgique et en France, l'homme de la rue se plaint de plus en plus de l'attention et de l'aide portées aux réfugiés-migrants (distinction de plus en plus floue dans les médias) au détriment, pense-t-il, des pauvres nationaux (cfr. plus bas). Aucun chiffre (qui s'y risquerait?) ne vient le contredire ou le persuader du contraire.
Je pense que Trump (d'origine allemande, soit dit en passant) se fiche complètement de la situation de l'Allemagne. Il souhaite plus probablement attiser le ressenti des pays comme la Grèce ou l'Espagne, victimes de l'intransigeance économique allemande, elle même forte de sa croissance, et ainsi diviser l'Europe pour mieux l'affaiblir.
Et les médias étant toujours plus prompts à mettre en avant ce qui ne va pas alimentent parfois le raisonnement de l'homme de la rue. Ainsi, ce Syrien qui tenait son fils en traversant la frontière hongroise dans une foule d'autres réfugiés, il y a presque un an et demi, et qui avait été frappé par une journaliste hongroise présente sur les lieux et qui essayait de l'empêcher de passer, a-t-il été accueilli en Espagne, par un club de foot qui lui loue un appartement et lui a offert un poste d'entraîneur. On ne pourrait que se réjouir pour lui, seulement voilà, après un an et demi, le club de foot déplore que son nouvel entraîneur ne parle toujours pas espagnol, et que la confiance ne soit plus au beau fixe...
Encore un chose concernant Trump, je suis à chaque fois étonné, et je me demande bien pourquoi, du vocabulaire de ce dernier dans ses déclarations. Niveau cours de récréation CM2.
Je reste pessimiste, et quant au mois de janvier, comme disait P. Desproges, cela m'étonnerait qu'il passe l'hiver.
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