jeudi 12 janvier 2017

Ubu roi des Amériques

Leur président n'est pas encore en fonction que déjà ils se savent cocufiés. Les braves gens qui ont voté pour Dingo Trump parce qu'il serait opposé au "système" doivent maintenant - à moins d'être sourds, aveugles et totalement idiots - avoir compris que c'est pour le remplacer par un autre: le sien. Un système de milliardaire qui s'appuie sur les richissimes, les militaires et sa famille. Les compétences, l'expérience et les valeurs autres que l'argent n'entrent visiblement pas dans ses critères de choix.
Ce homme va devenir président sans avoir la moindre expérience politique. On aurait dès lors pu penser qu'il s'entourerait de gens qui en ont. Et voilà que c'est son gendre, qui n'en a pas plus que lui, qu'il désigne comme haut conseiller. (1)
Les dix-sept membres du cabinet Trump disposent ensemble de 9,5 milliards de dollars, soit autant que les 43 millions de foyers américains les plus pauvres, représentant un total de 109 millions de personnes. (2) Mais ce qui compte, c'est sûrement que ce cabinet soit anti-système...
Encouragés par les propos abjects de leur chef, certains de ses collaborateurs se sentent autorisés à cracher violemment leur immonde grossièreté, notamment vis-à-vis du président Obama et de son épouse (3).
Quand les électeurs auront compris que Trump et sa clique monstrueuse les prennent pour des demeurés et se soucient d'eux comme de leur première limousine, peut-être la démocratie aura-t-elle quelque peu avancé.

Trump reconnaît à présent que des Russes ont piraté la campagne du Parti Démocrate, mais réfute virulemment l'information selon laquelle les services secrets russes détiendraient des éléments compromettants à son égard. Un homme d'Etat honnête et digne de sa (future) fonction exigerait que toute la lumière soit faite pour pouvoir ensuite gouverner la tête haute. Lui pas, qui entend régner par coups de gueule twittés.
Le Congrès, pourtant majoritairement aux mains des Républicains, a néanmoins décidé de mener une enquête sur l'intervention de la Russie dans l'élection présidentielle (4).

Trump a décidé de construire un mur entre le Mexique et les Etats-Unis (c'était une de ses grandes promesses de campagne) et affirme que c'est le Mexique qui le paiera, d'une manière ou d'une autre. Le Mexique annonce, très logiquement, qu'il ne paiera pas. Y a-t-il d'autres exemples dans l'histoire politique mondiale où un président veut faire assumer par un autre Etat le coût de ses propres délires?  On attend habituellement d'un homme d'Etat qu'il assume les conséquences de ses décisions. On peut déjà conclure de cette (première) affaire que Trump n'est pas et ne sera pas un homme d'Etat.

Lui qui a passé toute sa campagne à insulter la moitié de ses concitoyens et une bonne partie de la planète n'accepte pas la moindre critique. Au point de faire taire les journalistes qui ont le toupet de lui poser des questions (5).
Est-il encore temps d'annuler cette élection que risque de payer la terre entière? Est-on obligé de nommer à la tête d'un des plus puissants Etats de la planète un homme qui devrait plutôt suivre une longue cure de psychiatrie ? N'existe-t-il pas dans un hôpital psychiatrique une représentation du bureau ovale de la Maison blanche où il pourrait éructer tout son saoûl?

Mère Ubu. - Eh! pauvre malheureux, si je passais par la casserole, qui te raccommoderait tes fonds de culotte?
Père Ubu. - Eh vraiment! et puis après? N'ai-je pas un cul comme les autres?
Mère Ubu. - A ta place, ce cul, je voudrais l'installer sur un trône. Tu pourrais augmenter indéfiniment tes richesses, manger fort souvent de l'andouille et rouler carrosse par les rues. 
Alfred Jarry, Ubu Roi.

(1) http://www.lemonde.fr/elections-americaines/article/2017/01/10/trump-nomme-son-gendre-a-la-maison-blanche_5059998_829254.html
(2) http://www.lemonde.fr/les-decodeurs/article/2016/12/22/le-cabinet-de-trump-est-aussi-riche-que-126-millions-d-americains_5052945_4355770.html
(3)http://www.lalibre.be/actu/usa-2016/carl-paladino-allie-de-trump-declenche-une-polemique-en-souhaitant-qu-obama-contracte-la-vache-folle-585e88d4cd70138bd424fea3
(4)  http://www.huffingtonpost.fr/2016/12/12/le-congres-a-majorite-republicaine-defie-donald-trump-et-ouvre-enquete/?utm_hp_ref=fr-homepage
(5) http://www.lalibre.be/light/insolite/en-plein-discours-trump-se-lache-sur-un-journaliste-de-cnn-vous-taisez-vous-video-58768c94cd708a17d561934d

3 commentaires:

Grégoire a dit…

Quant à celui qui est encore en fonction pour quelques jours, les médias européens en feraient presque un saint en comparaison. Dans un reportage, (sur une télévision française lors d'un journal télévisé il y a quelques jours) consacré au photographe qui le suit depuis huit ans, tous les jours, pendant 12 heures, allant jusqu'à faire plus de mille clichés par jour, l'actuel président a dit une phrase plutôt cynique. Il a déclaré, en gros, que c'était pénible d'être observé en permanence. Et ce gars est le président d'un pays qui emploie plus d'un millions de personnes pour espionner le monde entier. La chancelière allemande, espionnée, lui a dit que cela ne se faisait pas entre amis. On ignore la réponse de son interlocuteur. Les trois derniers présidents français l'ont été, et le sont encore. Enfin, si cela peut consoler, un historien américain, Allan Lichtman, qui a prédit sans erreur, les gagnants des élections américaines depuis 1984, pense, mais ne prédit pas, que Trump ne finira pas son mandat...

Michel GUILBERT a dit…

S'il pouvait même ne pas le commencer, le monde ne pourrait que s'en mieux porter!
A écouter: le billet de Sophia Aram sur France Inter ce lundi matin.

Grégoire a dit…

Sophia Aram, j'ai hâte (je suis abonné à son podcast).
Et à voir ce soir, très tard - 22h50 - (comme tout ce qui est soupçonné d'intelligence, disait Pierre Desproges) : Idiocracy sur Arte, qui semble quand même une comédie.
http://www.arte.tv/guide/fr/072374-000-A/idiocracy
Prémonitoire avec 10 ans d'avance, mais moins flippant que le tout aussi prémonitoire Brazil de Terry Gilliam.