mercredi 4 octobre 2017

Le cauchemar américain

Cinquante-neuf morts à Las Vegas, tués par un homme armé comme un régiment entier. Plus de onze mille personnes tuées par des armes à feu aux Etats-Unis depuis le début de cette année. 273 fusillades de masse, soit quasiment une par jour depuis le début de 2017. Et Trump et la Maison blanche d'affirmer qu'il est prématuré de s'interroger sur une modification de la loi sur la possesssion individuelle d'armes. Y a-t-il position plus imbécile, plus hypocrite, plus répugnante? A partir de combien de morts l'homme qui joue à être président jugera-t-il que le moment est venu de s'interroger sur la vente libre d'armes individuelles, y compris des armes de guerre, dans son pays? Aux Etats-Unis, on dénombre plus d'armes à feu (265 millions) que d'habitants. 3% des Américains en possèdent la moitié (1). Mais Trump et les siens, qui comptent parmi leurs fervents supporteurs la NRA, puissant lobby des armes, ne voient que "folie" dans le massacre de Las Vegas, sans se poser la question de savoir s'il est normal de laisser des fous furieux acheter un arsenal entier. Et si ce n'est pas précisément cette possession d'armes qui rend fou. C'est le destin, laisse entendre Ubu Trump, qui voit, comme le fait remarquer un journaliste, tous ces actes répugnants comme des catastrophes naturelles contre lesquelles seules les prières pourraient agir. Alors qu'il adresse des reproches aux habitants de Porto-Rico victimes d'un ouragan.
Deux jours avant ce carnage, le New York Times titrait: "477 jours. 521 tueries de masse. Zéro action du Congrès." (2) Ce qui manque à ce président, c'est visiblement du courage, de la volonté et de l'intelligence.
" Le cauchemar que connaît aujourd’hui l’Amérique - et c’est vraiment un cauchemar -, affirmait il y a peu Philip Roth, l'un des plus grands écrivains américains (le plus grand, selon Harlan Coben), vient de ce que l’homme qui a été élu président des Etats-Unis souffre de narcissisme aigu ; c’est un menteur compulsif, un ignorant, un fanfaron, un être abject animé d’un esprit de revanche et déjà quelque peu sénile. Et en disant cela, je minimise ses travers. Jour après jour, sa conduite, son manque d’expérience et l’ineptie des propos qu’il tient publiquement nous indignent. Il n’y a aucune limite aux dangers dans lesquels la folie de cet homme risque d’entraîner le pays et le monde tout entier." (3)

A quoi reconnaît-on un imbécile? Notamment à son incapacité à imaginer que ses propos et/ou ses actes peuvent avoir l'effet exactement contraire à celui qu'il recherche. Récemment, des joueurs de football américain ont pris l'habitude de mettre un genou à terre pendant l'hymne national pour protester contre les violences envers les noirs. Le président twitteur, avec la délicatesse qu'on lui connaît, a aussitôt appelé la fédération de football à "virer ces fils de pute". Il s'est ainsi mis à dos toute la fédération de ce sport "traditionnellement blanc et à coloration républicaine" (4). 
Récemment, un général américain, directeur d'une académie militaire, a sèchement et fermement condamné le racisme constaté parmi ses troupes (5), un rappel nécessaire en ces temps où le président semble faire de la division une valeur. 
Quand donc enfin les représentants républicains (si ce terme signifie quelque chose) auront-ils plus de courage que lui et, pour le bien de leur pays et du monde, feront-ils tomber cet accident de l'Histoire?

(3) http://next.liberation.fr/livres/2017/09/15/entretien-avec-philip-roth-j-aurais-aussi-bien-pu-etre-un-sein-de-la-taille-d-un-homme_1596692
(4) http://www.lemonde.fr/sport/article/2017/09/26/comment-donald-trump-a-retourne-la-nfl-et-le-monde-du-football-americain-contre-lui_5191787_3242.html
(5) http://www.huffingtonpost.fr/2017/09/29/le-discours-coup-de-poing-du-general-americain-jay-silveria-apres-un-acte-raciste-deleves-officiers_a_23227886/?utm_hp_ref=fr-homepage

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