mercredi 3 janvier 2018

Rester stoïque

Début 2017, j'invitais à croire en la lumière en ces temps obscurs.
En 2016, à faire mille choses, parmi lesquelles marcher et prendre du recul, ne rien subir sans réagir, s'emporter et se laisser emporter, pratiquer la chasse aux idées reçues et simplistes, ouvrir sa porte, avoir envie de comprendre (et essayer), sourire, savoir dire non, et parfois oui.
En 2015, j'exprimais l'espoir que les gouvernements investissent massivement dans l'éducation et la culture pour favoriser l'intelligence tant individuelle que collective.
En 2009, j'espérais une remise à neuf, un climat flambant neuf.
En 2018, qu'espérer encore sinon tout cela? Espérer ne pas s'habituer au banal. Le banal aujourd'hui, c'est l'extrême droite au pouvoir en Autriche, c'est le triomphe des populismes et des replis sur soi, c'est le renvoi dans leur pays dictatorial de réfugiés soudanais, c'est le boucher de Damas qui reste président de la Syrie, c'est le pays le plus puissant de la planète dirigé par un Ubu imbécile enorgueilli de son intelligence, c'est la Terre qui se réchauffe globalement non pas de deux mais de trois degrés,  c'est l'islamisme qui tue aveuglément, c'est l'agression de policiers qui sauvent des enfants d'un incendie, c'est la bêtise et le rejet de l'autre qui se nourrissent mutuellement sur les réseaux asociaux. On s'habitue à tout. Ce qui nous faisait hier descendre dans les rues nous fait aujourd'hui soupirer.
Sur les conseils d'un commentateur habituel de ce blog, je viens d'entreprendre la lecture du dernier livre de Pierre Ansay: "Restons stoïques face à ce monde inquiétant - Epictète et Spinoza peuvent nous y aider" (1). On y trouve des "remarques sur la bêtise médiatique", on y apprend à "ne pas ignorer son ignorance", à "se passer de la reconnaissance des autres", à "prendre le parti de se conduire en homme", à penser plutôt qu'hennir, à "éviter le devenir con". Parce que "mieux vaut comprendre la connerie que s'y mettre à son tour". En ces temps inquiétants et fatalistes, voilà sans doute des voies de salut, des chemins de traverse qui pourraient nous éviter les sorties de secours.

(1) éd. Couleur livres, Bruxelles, 2017.

Aucun commentaire: