samedi 24 février 2018

Une communauté peu commune

Combien de fois dans une vie se sera-t-on senti impuissant, honteux, rageant de voir des innocents se faire massacrer sans qu'on n'arrive à lever le petit doigt?
Il y a eu, qu'on y assiste quasiment en direct ou qu'on le découvre peu après, le Cambodge tout entier, Sabra et Chatila, Sarajevo et Srebrenica, Kigali et l'ensemble du Rwanda, Alep et tant d'autres villes et régions où des crimes de masse ont été perpétrés sans que ce qu'on appelle la communauté internationale ne réagisse. 
Il y a aujourd'hui la Ghouta en Syrie où Bachar el-Assad fait tranquillement massacrer ses compatriotes par centaines. Cinq cents en sept jours. Bientôt des milliers sans doute, vu l'incapacité du reste du monde à empêcher cette tuerie programmée.
Honte à Assad qui tue son propre peuple juste pour pouvoir prolonger (de combien de temps?) son pouvoir. Honte à Poutine qui le soutient activement. Honte à l'Iran et à ses barbus qui servent un dieu aux mains pleines de sang. Honte aussi à ceux qui détournent pudiquement les yeux en renvoyant dos à dos armée syrienne, rebelles et jihadistes de Daech. 90 % des victimes syriennes sont le fait de l'armée d'Assad. Cet homme est un boucher.
Et nous, nous sommes là, navrés, scandalisés de voir des enfants, des femmes, des hommes  mourir sous les bombes de celui qui n'a jamais mérité d'être leur président.
Il y a quelques années, Barak Obama et le reste des pays démocratiques ont laissé passer les occasions, qui ne manquaient pas, d'intervenir fermement en Syrie en rappelant le pouvoir en place au respect des règles minimales. Assad et Poutine ont bien compris qu'ils pouvaient tout se permettre, que nous nous contenterions de dire que ça ne se fait pas.
L'ONU se trouve prisonnier de ses propres règles de fonctionnement. Poutine le cynique n'est pas prêt à lâcher son allié sanguinaire et utilisera jusqu'au bout son droit de veto pour éviter toute décision du Conseil de Sécurité qui permettrait une intervention forte en Syrie.
Combien de fois dans une vie est-on assourdi par son propre silence?

Post-scriptum: le Conseil de Sécurité de l'ONU réclame - enfin - un cessez-le-feu en Syrie.
http://www.lalibre.be/actu/international/le-conseil-de-securite-de-l-onu-reclame-a-l-unanimite-un-cessez-le-feu-en-syrie-5a91a1c6cd70b558ed7ca572

http://www.lalibre.be/actu/international/syrie-plus-de-500-civils-tues-en-sept-jours-de-raids-sur-la-ghouta-5a915b99cd70f0681dd6bdb6
http://www.lemonde.fr/syrie/article/2018/02/24/plus-de-500-morts-civils-au-septieme-jour-de-bombardement-sur-la-ghouta-orientale_5262081_1618247.html
(Re)lire sur ce blog "Alep, notre honte", 2.10.2016.

1 commentaire:

Anonyme a dit…

C’est triste. Et encore ne s’agit-il que de la partie visible d’une dictature. Il y a toutes celles qui ont des pratiques plus feutrées. La Chine au Tibet et maintenant à Hong-Kong, la Corée du Nord, la Russie en Tchétchénie. La Turquie avec les Kurdes locaux et les laïcs…
Le chaos libyen découle d’une intervention de la France et du Royaume-Uni. Celui de l’Irak de celle des Etats-Unis. Intervenir en Syrie ? Tout le monde est déjà sur place : Russes, Américains, Français, Iraniens, Turques, …, et Israël en embuscade. Ca va chaotiser sévèrement.
Attendre le feu vert de l’Onu, c’est comme pour un pirate de recevoir une lettre de mission le convertissant en corsaire. Les dégâts seront les mêmes mais la morale sera sauve.
Alors tout cela ne sert à rien ? Ben non. Mais il faut le faire tout de même.

Jean