jeudi 18 octobre 2018

Grands désespérés

Le climat change et les catastrophes se succèdent et se succèderont. Mais qui s'en soucie?
Pas les élus et les chefs d'entreprise de Saint-Etienne chez qui l'annonce de l'abandon de la construction d'un tronçon d'autoroute entre leur ville et Lyon suscite un "grand désespoir". Ces élus et ces chefs d'entreprise nous désespèrent. Ils sont "furax", nous dit la journaliste de France Inter (1), d'apprendre que cette voie de 47 km ne se fera pas. Jugé peu compatible "avec la tragédie écologique", ce projet d'A45 a été enterré par la Ministre des Transports. Aussi délicat qu'un Mélenchon face à des policiers qui le perquisitionnent, un cadre du Medef a déclaré: "qu'ils aillent se faire foutre". C'est précisément ce qui nous arrive et nous arrivera à tous: se faire foutre par le dérèglement climatique entretenu par le Medef et tous ses correspondants et leurs soutiens à travers le monde. "Une erreur historique", disent les pro-A45, sans penser une seconde que c'est l'inverse, la création de l'autoroute, qui serait aujourd'hui une erreur historique.
A Limoges s'est créé un "Comité de salut climatique", référence au Comité de salut public, premier organe du gouvernement révolutionnaire mis en place en 1793 par la Convention pour faire face aux dangers qui menaçaient alors la République. Lors d'une récente conférence, ce Comité rappelait qu'il faut s'attendre en Limousin, comme ailleurs, à une rareté de l'eau, à la sècheresse, à des canicules fréquentes, à un impact majeur sur la faune et la flore. "Quand ça va devenir difficile chez nous, c'est que ce sera carrément invivable ailleurs", selon Jean-Jacques Rabache, le directeur de Limousin Nature Environnement. Jean-Louis Pagès qui anime ce Comité estime que "à force de dire qu'il y a des solutions, on finit par oublier qu'il y a des problèmes à régler. La léthargie collective doit cesser". Il est urgent d'agir, renchérit Nicolas Thierry, vice-président de la Région Nouvelle-Aquitaine en charge de la biodiversité: "le citoyen a principalement deux cartes entre les mains: la première, c'est sa carte de crédit pour faire des choix éclairés en tant que consommateur. L'autre, c'est sa carte d'électeur." 
Mais ils sont nombreux en politique et plus encore dans les milieux économiques ceux qui pensent vivre encore dans les années '60, ceux qui croient encore que les voitures et les autoroutes sont facteurs d'un développement dont ils ne veulent pas voir la fin, ceux qui n'ont fait que multiplier les "erreurs historiques". Au risque de voir l'histoire s'arrêter. 
Disons-le tranquillement: qu'ils aillent se faire foutre.

(1) Journal de 8h, ce 18 octobre 2018.
(2) "La fin d'un monde et l'espoir d'un autre", Le Populaire du Centre, 17.10.2018.



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