samedi 10 novembre 2018

Du caractère citoyen du coquelicot

Elle a participé vendredi dernier à un rassemblement "Nous voulons des coquelicots" à Reims. Sur les marches en béton brut de la mairie en chantier, elle a eu l'outrecuidance de peindre à la peinture à l'eau quelques coquelicots. Bilan: 15 heures de garde à vue et une convocation au tribunal où elle risque 500 € d'amende et un stage de citoyenneté (1). L'ensemble de ces poursuites est scandaleux et grotesque. Mais un stage de citoyenneté parce qu'on demande l'interdiction des pesticides! Cette infirmière a agi en citoyenne responsable et de tristes sires voudraient lui apprendre ce qu'est la citoyenneté!? 

90% des milliers de prélèvements officiels effectués dans les rivières révèlent la présence de pesticides sous la forme de nombreuses molécules différentes, et 60% dans les nappes souterraines.
Les responsables politiques sont bien conscients des dégâts qu'occasionnent les pesticides de synthèse. Même le président Sarkozy (celui qui trouve que "l'environnement, ça commence à bien faire") entendait s'y attaquer. En septembre 2007, sous son impulsion, un groupe de travail prévoyait un plan de réduction de 50% en dix ans, plan aussitôt contesté par l'industrie chimique et le monde agricole. En est sorti un texte qui annonçait une volonté forte mais sans engagement clair et ferme. D'ailleurs, la FNSEA s'est alors dit satisfaite de ce plan de réduction de l'utilisation des pesticides "sans calendrier".
De 2007 à 2017, la consommation de pesticides n'aura pas baissé de 50%, mais augmenté de 20%.
De 2008 à 2010, les traitements par pulvérisation ont augmenté de 2,6% et de 7% pour les enrobages de semences (chiffres du Ministère de l'Agriculture).
En 2012, l'UIPP (l'industrie produtrice de pesticides) était fière d'annoncer que les épandages de pesticides avaient augmenté de 1,3% et son chiffre d'affaires de 5%.
En juin 2013, l'INSERM (Institut national de la santé et de la recherche médicale) publiait une expertise qui relie exposition aux pesticides et cancers de la prostate, lymphones non hodgkiniens, myélomes multiples, maladie de Parkinson.
En 2013, la consommation de pesticides augmentait de 9,2%.
En 2014, un médecin généraliste de Limoges, Pierre-Michel Périnaud, lançait un appel signé par 1200 de ses confrères au sujet des pesticides: "Médecins de terrain, nous avons constaté l'augmentation des maladies chroniques chez nos patients (cancers, troubles de la fertilité, mais aussi maladies neurologiques, diabètes, allergies...). Nous avons aussi constaté que les preuves de la responsabilité de substances chimiques très largement répandues dans notre environnement s'accumulaient."
En 2014, la consommation de pesticides augmentait de 9,4%. Et ce surtout pour les substances cancérogènes, mutagènes et reprotoxiques dont on annonçait la fin en 2008.
Le nombre de doses par unité (NODU) a augmenté de 22% entre 2009 et 2015.

Selon des enquêtes officielles, les pommes vendues par la grande distribution continuent d'être pesticidées en moyenne 34 fois de suite. Les tomates plus de 12 fois, plus de 19 pour les vignes de Champagne, plus de 18 pour les pommes de terre.
Récemment, dans un supermarché, j'ai vu des citrons présentés "sans traitement". En plus petit en-dessous, il était indiqué: "après cueillette" (2).

Ne faudrait-il pas imposer des stages de citoyenneté à tous les paysans qui sont en train de transformer des prairies en champs dans lesquels ils cultiveront, avant de le vendre à l'autre bout de la planète, du maïs ou du tournesol qu'ils arroseront copieusement de pesticides? Ne faudrait-il pas imposer des stages de citoyenneté à tous ceux qui roulent à tombeau ouvert avec des voitures qui polluent cent mille fois plus que de la peinture à l'eau? Ne faudrait-il pas imposer des stages de citoyenneté à tous ces élus qui refusent de taxer le kérosène des avions et le carburant des monstres de croisière? A tous ceux qui refusent d'interdire les pesticides qui empoisonnent l'environnement et nos vies? A tous ceux qui cyniquement ne voient que leur intérêt plutôt que l'intérêt général?

Si ce n'est fait, signez et faites signer l'appel
"Nous voulons des coquelicots": https://nousvoulonsdescoquelicots.org

(2) Toutes les informations et les chiffres ci-dessus sont extraits de "Nous voulons des coquelicots", Fabrice Nicolino et François Veillerette, éd. Les Liens qui libèrent, 2018.



3 commentaires:

Grégoire a dit…

Il y a un peu plus d'une semaine, je me suis rendu dans une foire aux vins. Avec un peu plus de 300 exposants, il était préférable de faire la sélection au préalable. Mon premier critère fut le bio. Pour être honnête, je n'ai pas acheté que du bio. J'ai pris du conventiel et du HVE. Dans les discussions que j'ai eues avec l'un ou l'autre viticulteurs, l'un d'entre eux, pourtant en bio, m'a dit qu'il n'était "pas prouvé que le bio soit bon pour la santé" (sic), mais que le choix du bio pour lui était pour lui l'expression d'une philosophie de production (ou quelque chose comme ça). Quant à l'un de ceux qui étaient en HEV (certification « Exploitation de Haute Valeur Environnementale », moins stricte que le bio) ne voulait pas du bio car en cas de mauvaiss conditions climatiques, impossible de pulvériser pour sauver sa récolte.
Un copain agriculteur, à qui, avec un petit clin d'oeil, je demandais s'il allait passer en bio un jour, me répondit qu'il ne pulvérisait pas pour son plaisir, et qu'en terme de quantité au mètre-carré, c'était nettement moins que le particulier (particulier, en général, car, personnellement, je ne mets rien sur mon potager). J'ai failli lui faire remarquer que contrairement à lui, le particulier n'avait pas la "prétention" de nourrir des personnes qu'il ne connaissait pas. Tant que j'ai les moyens, j'achète bio, c'est le meilleur moyen de soutenir ceux qui, pour des raisons hautement éthiques ou bassement commerciales, ont choisi cette voie. Là où je n'ai pas eu de peine à croire un viticulteur bio, c'est qu'il est préférable d'acheter bio français que bio... disons... d'un autre continent, question de sérieux dans les contrôles, entre autres ( https://www.liberation.fr/checknews/2018/06/18/les-bananes-bio-importees-peuvent-elles-avoir-ete-traitees-avec-14-pesticides-interdits-en-france_1659391).

Grégoire a dit…

Une petite info concernant le bio, une étude épidmiologique française, publiée dans la revue JAMA Internation Medicine, le 22 octobre 2018, nous apprend que consommer régulièrement des produits biologiques réduit (et ce n'est pas du conditionnel) d'environ 25 % le rsique de cancer. Cette étude qui portait sur 70.000 personnes est le résultat de recherches effectuées de 2009 à 2016.
Une autre info, cette fois à propos d'Asia Bibi, cette chrétienne pakistanaise, condamnée à mort pour blasphème. La Grande-Bretagne a(urait) refusé sa demande d'asile, car, selon l'Association britannique des chrétiens pakistanais, la Grande-Bretagne était inquiète des troubles potentiels provoqués dans le pays, d'attaques contre les ambassades et des civils. Le vivre-ensemble perd du terrain, semble-t-il...

Michel GUILBERT a dit…

J'avais lu cette info concernant l'attitude de la Grande-Bretagne. C'est là le triomphe du terrorisme: faire peur au point que les démocrates militants, celles et ceux qui veulent simplement faire respecter leurs droits se retrouvent seuls, abandonnés par les démocrates qui font profil bas... Tristes temps!