vendredi 2 novembre 2018

Si dispensables plastiques

Avons-nous besoin d'une paille (qu'elle soit en plastique ou en papier) pour boire (1)?
Avons-nous besoin de prendre l'avion pour aller passer un week-end à l'autre bout de l'Europe ou deux semaines au soleil des Antilles?
Avons-nous besoin de regarder des films dans un avion (et, en plus, sur des écrans individuels)?
Avons-nous besoin de pansements qui deviennent électroluminescents quand ils détectent des infections dont on peut suivre l'évolution grâce à son smartphone (oui, ça existe)?
Avons-nous besoin de baskets avec des lumières clignotantes?
Avons-nous besoin d'un téléphone individuel?
Avons-nous besoin de deux ou même d'une seule voiture individuelle dans une famille?
Avons-nous besoin de rasoirs, de stylos ou de gobelets jetables?
Avons-nous besoin d'eau en bouteille?
Avons-nous besoin de tant d'emballages pour nos biscuits, nos pizzas, nos salades ou nos fromages?
Avons-nous besoin d'emballages plastiques autour de marchandises posées sur une palette?
Avons-nous besoin de viandes, de vins ou de pommes qui viennent de l'autre bout du monde?
Avons-nous besoin de viande tout court?
Avons-nous besoin de participer, par notre consommation de biens qui ne nous sont pas indispensables mais qu'on nous vend comme tels, à une telle surproduction, à un tel gaspillage et à une telle production de déchets?
La réponse va de soi: non. Evidemment, non. Mais, allez savoir pourquoi, nous achetons quotidiennement tout cela. Parce que tout cela participe à notre confort, même si celui-ci concourt à notre perte.

Dimanche dernier, un représentant du lobby du plastique était l'invité de l'émission Vox Pop sur Arte (2). Interpellé par la journaliste sur les océans qui meurent des déchets plastiques, il ne répond à aucune question. C'est, d'après lui, aux consommateurs de se responsabiliser et aux pouvoirs publics d'assurer un meilleur recyclage. Il doit être assez aisé d'agir de manière plus responsable qu'un producteur de plastique. 

Chaque minute, 80 à 120 tonnes de déchets, en majorité en plastique, partent à la mer. Parfois de très loin. Les rivières ont d'importants pouvoirs de transport. Les petits ruisseaux font les grands gyres. Les gyres sont ces continents flottants faits de déchets. Ils se multiplient. Le plus vaste se situe dans l'Atlantique nord, il est trois fois plus grand que la superficie de la France. Sachant que le plastique a une durée de vie moyenne de 600 ans, calculez quand les océans cesseront de respirer.
Le navigateur Yvan Bourgnon et sa société Sea Cleaners est en train de construire un bateau dévoreur de plastique, le Manta (3), grand comme un terrain de football, qui a pour ambition de ramasser 10.000 tonnes de déchets plastiques par an. Il faudrait mille bateaux de ce type pour rammaser tous les déchets que nous avons envoyés en mer. D'ici 2022, l'équipe espère mettre son premier Manta à l'eau et peut-être dans les vingt ans à venir une trentaine de bateaux qui seront autonomes en énergie. Un quart du financement seulement d'un premier bateau est acquis. Si les producteurs de plastique étaient un tout petit peu responsables, ils sauraient où investir leurs gigantesques bénéfices. 

(1) Les pailles en plastique sont interdites. Un fabricant ingénieux en crée en papier. Mais qui donc a besoin d'une paille pour boire? Les consommateurs de nourriture fast food. On les voit boire à la paille leurs sodas dans des gobelets en carton. Mais qui donc a besoin de gobelets jetables, même en carton? 
(2) Vox Pop, Arte, 28.10.2018: https://www.arte.tv/fr/videos/078527-031-A/vox-pop/
(3) https://www.franceinter.fr/emissions/carnets-de-campagne/carnets-de-campagne-30-octobre-2018




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