dimanche 2 décembre 2018

D'urgence

Pendant que, en France comme en Belgique,  des chiens en meute mettent le feu à des bâtiments publics, saccagent des commerces, incendient des voitures, des pneus et du mobilier urbain - contribuant à leur triste manière à la pollution et au réchauffement climatique, d'autres plaident pacifiquement pour une France sans pesticides de synthèse et pour un climat vivable.
Ainsi va ce monde où le club des brutes épaisses s'agrandit un peu plus chaque jour, à la base comme au sommet, tandis que des citoyens conscients et responsables se lèvent.
Comme chaque premier vendredi du mois, celles et ceux qui veulent des coquelicots se réuniront, ce 7 décembre à 18h30 sur la place de leur commune ou devant leur mairie pour faire signer l'appel à l'interdiction des pesticides (1).
Et ce dimanche après-midi, des dizaines de milliers de citoyens marchent à Bruxelles pour réclamer des mesures de sauvegarde d'un climat plus malmené que jamais. "L'Europe, France y compris, explique le climatologue Jean Jouzel, a (...) tenu les engagements pris à Kyoto (en 1997) de réduction des émissions... jusqu'en 2007, où celles-ci sont reparties à la hausse." (2) La concentration de CO2 dans l'atmosphère n'avait jamais dépassé les 300 ppm (3). "Or, rappelle Jean Jouzel, on est passé en seulement cent cinquante ans à plus de 400 ppm, du jamais-vu depuis huit cent mille ans. Et cela va continuer à monter..."
Que faire pour contenir le plus possible la hausse des températures? "Abandonner le pétrole, le gaz et le charbon d'ici à 2050, c'est justement ce qui permettrait de tenir l'objectif d'1,5 degré. Cela signifie qu'on diminue par deux nos émissions dans les dix prochaines années, et qu'on poursuive l'effort dans les vingt ans qui suivent! C'est drastique. Pour cela, il faut que chaque citoyen réfléchisse à chacun de ses comportements, et surtout que tous les secteurs d'activité, logement, transports, agriculture, énergie... s'y mettent. Cela suppose des investissements majeurs."
Ces investissements pourraient être financés, propose Jean Jouzel, par "une Banque européenne du climat, qui mettra à disposition des prêts à taux zéro pour des projets liés à la transition énergétique. On y ajoute un budget européen de 100 milliards d'euros par an appuyés sur une taxe modique de 5% sur les bénéfices non réinvestis des sociétés." Et on crée six millions d'emplois en Europe. Qu'attendons-nous? Nous peut-être. Nous qui peinons à accepter un changement que nos modes de vie ont rendu obligatoire. Nous qui boudons les élections européennes. Nous qui devons cesser de laisser les dirigeants de la planète agir si peu en faveur du climat. 
Il n'est pas trop tard. Mais il est plus que temps de cesser de croire que nous avons le temps. 


(1) A signer sur https://nousvoulonsdescoquelicots.org
(2) Télérama, 21.11.2018.
(3) partie pour million, cad millionnième. 300 ppm = 300 cm3 de CO2 par m2 d'air.

1 commentaire:

Bernard De Backer a dit…

La France est un pays irréformable et ingouvernable qui rejoue sans cesse sa Révolution. Dans aucun autre pays d'Europe les mouvements sociaux ne donnent lieu à de tels embrasement périodiques avec une opposition irresponsable dans ses propos. Que 200.000 gilets jaunes et de casseurs provoquent une crise pareille est consternant. Voyez le Royaume-Uni déchiré par le Brexit : 700.000 personnes manifestent pacifiquement à Londres. L'Irlande du nord était une guerre coloniale, c'est autre chose