samedi 4 janvier 2020

Je système, moi non plus

Le Système, si honni, n'a pas beaucoup de souci à se faire. Le Système, qu'est-ce? Un magma indéfini, auquel - à notre corps défendant (parfois, mais pas toujours) - nous participons tous. Et allègrement.
La période des fêtes se termine. L'argent a bien circulé, les commerces ont bien vendu, les voitures ont bien roulé (il est vrai qu'il était assez difficile de circuler en train en France).
Le Système a de beaux jours devant lui. Il ne manque pas de soutiens.

Il vit grâce à ceux qui se persuadent qu'ils ont besoin de leur voiture pour le moindre déplacement;
ceux qui délaissent les petits commerces et préfèrent acheter dans les supermarchés et via Internet; ceux qui font le lit d'Amazon;
ceux qui achètent de la viande d'Argentine, des asperges du Pérou, des tomates et des fraises en plein hiver;
ceux qui prennent des vacances au minimum deux ou trois fois par an et, grâce aux vols low cost,  le plus loin possible;
ceux qui partent chaque hiver à l'autre bout de la terre pour trouver du soleil et de la chaleur parce que, vous comprenez, sans soleil ils dépriment;
ceux qui ont oublié qu'ils savent rouler à vélo;
ceux qui n'utilisent que Google et tous ses dérivés;
ceux qui savent que leur banque est nuisible à la planète mais trouvent que c'est compliqué d'en  changer;
ceux qui passent la moitié de leur vie sur leur smartphone et se jettent sur le dernier modèle de téléphone mobile et le dernier jeu video à la mode;
ceux qui réélisent des professionnels de la politique qui ont cessé de compter leurs mandats, parce qu'on sait qu'on peut compter sur eux pour un passe-droit ou une lettre de recommandation;
ceux qui font le choix d'un Trump, d'un Poutine, d'un Bolsonaro, d'une Le Pen, parce qu'ils les croient anti-système alors que personne n'en a profité et ne les incarnent plus qu'eux.

Le Système sait que si nous sommes nombreux à pester contre lui, nous le sommes beaucoup moins à  changer nos habitudes.
Qu'un responsable politique ait le courage de s'attaquer à la voiture, à son usage et à son coût et il sera aussitôt couvert de goudron et de plumes.
Le monde court à grande vitesse dans le mur du dérèglement climatique et on a vu circuler ces derniers jours une pétition appelant à s'opposer à l'augmentation du prix du carburant à la pompe.
Le lobby automobile n'a pas à dépenser d'argent pour se défendre. Nous le soutenons tous. Même s'il faudrait interdire la publicité pour les bagnoles. On l'a interdite pour le tabac, vu sa dangerosité pour la santé. On l'a limitée pour l'alcool. Pourquoi pas pour les voitures, nuisibles pour la planète? Parce que les voitures continuent à nous faire rêver. Comme l'ensemble de ce Système que nous maudissons.

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