jeudi 9 juin 2022

Pas dupes de la Nupes (ni des autres)

Dans le courrier des lecteurs de Charlie Hebdo récemment (1), un certain LucS. B s'étonne de voir que l'hebdomadaire satirique, après avoir torpillé Macron et le RN tire "à boulets rouges" sur Mélenchon. Il trouve Charlie difficile à comprendre : "si on vous suit bien, il ne nous reste plus qu'à voter pour LREM aux législatives, et ensuite, vous pourrez recracher votre venin sur la Macronie et ses affidés".
Ce lecteur tire des conclusions surprenantes et pour le moins simplistes. S'attaquer à l'extrême droite et à la Macronie impliquerait-il forcément de soutenir les yeux fermés cet attelage hétéroclite qu'est la NUPES et son gourou, le si clivant et de moins en moins laïc Mélenchon ? Toute analyse critique devrait-elle être évitée ? On a compris que la NUPES a de quoi inquiéter (2) et on voit et entend chaque jour certains de ses chefs de file éructer et chercher à augmenter son indice de bruit médiatique. La France dite insoumise a d'ores et déjà décidé que le prochain chef du gouvernement français serait son lider maximo. Dans cette campagne électorale assez calme, l'affiche qu'on voit le plus est d'ailleurs celle de celui qui n'est pas candidat aux législatives : "Jean-Luc Mélenchon, premier ministre". Le dauphin de ce dernier estime que le président Macron, qu'il appelle "bonhomme", n'aura pas le choix. Devant l'indignation que suscite cette appellation, il répond par des propos de comptoir (3). On soupire. Et on en arrive, au moins un peu, à comprendre l'inquiétant désintérêt des électeurs français pour ces élections. Actuellement, seuls 46% d'entre eux sont prêts à aller voter dimanche. L'abstention pourrait battre des records. 
"Un peu comme lors des dernières régionales, il semble que les Français connaissent extrêmement mal les candidats en présence ou n’ont pas envie de s’y attarder", écrit Brice Teinturier, directeur général délégué d’Ipsos (4). "Tout se passe donc comme si cette élection était intégralement nationalisée, avec une attention très faible des Français pour la dimension locale de leurs candidats et pour leurs propositions." De quoi décourager dès lors les candidats de terrain qui voient débarquer, de plus en plus nombreux, des candidats parachutés. On en trouve dans tous les partis (5).
Evoquant les diverses causes qui expliquent "l’atonie du corps électoral et l’absence de dynamique", Brice Teinturier y relève celle-ci : "dans cette élection dont l’issue semble jouée d’avance, il n’y a ni désir ni confiance forte pour Ensemble ! et pour la Nupes. En 2017, les Français découvraient M. Macron, approuvaient ses premières mesures et étaient sensibles au profond renouvellement du personnel politique qui se profilait. Rien de cela en 2022. Dans de très nombreux domaines, les niveaux de confiance sont faibles ou très faibles, le gouvernement est perçu comme insuffisamment renouvelé et son action beaucoup trop lente. Mais, à l’inverse, si la Nupes l’emportait, les Français considèrent qu’elle ne ferait globalement pas mieux et même moins bien sur la plupart des sujets soumis à leur jugement." 
Résumons-nous : la démocratie n'est pas au mieux de sa forme.

(1) "On a reçu ça", Charlie Hebdo, 18.5.2022.
(2) (Re)lire sur ce blog "Vieilles pratiques et faux espoirs", 15.6.2022 et "Une gauche suicidaire", 7.5.2022.
(3) https://www.huffingtonpost.fr/entry/legislatives-2022-manuel-bompard-qualifie-macron-bonhomme-mepris-repond-lrem_fr_629e3800e4b0b1100a6778fd?ncid=other_huffpostre_pqylmel2bk8&utm_campaign=related_articles
(4)  https://www.lemonde.fr/politique/article/2022/06/08/elections-legislatives-2022-le-risque-du-desinteret_6129345_823448.html
(5) https://www.huffingtonpost.fr/entry/aux-elections-legislatives-2022-ces-candidats-ne-pourront-pas-voter-pour-eux_fr_629f4221e4b090b53b89821a

Aucun commentaire: