lundi 13 décembre 2010

L'enfer, c'est les autres

"Je est un autre", a écrit Arthur Rimbaud. Qui ne s'est pas trompé, même s'il ignorait alors qu'il resterait un poète éblouissant mais aussi qu'il deviendrait trafiquant d'armes. Donc, je est un autre. C'est dire si l'autre l'est, autre. L'autre est trop différent de l'un et surtout de chacun d'entre nous. Il y a trop d'étrangers dans le monde, estimait Pierre Desproges qui affirmait par ailleurs qu'ils sont nuls. Ce en quoi tant de gens lui donnent raison.
A Moscou ce samedi, un millier de supporters (ou soi-disant supporters, mais avec le Q.I. d'un supporter) du Spartak Moscou ont fait la chasse aux "bougnoules", entendez par là les autres, les personnes d'origine caucasienne ou asiatique. Plusieurs d'entre elles ont été tabassées sous les yeux d'une police visiblement trop fatiguée pour intervenir. En Russie, la haine sert aujourd'hui d'arme politique (1).
A Buenos Aires, la police a dû protéger les sans-abri d'origine bolivienne, paraguayenne ou péruvienne, victimes pendant cinq jours d'agressions de la part de la population locale. Une population quasi exclusivement d'origine étrangère (1).
En France, ce sont les Roms qui sont désormais chargés de tous les péchés d'Israël.
Chez nous, ce serait justement les Juifs. La Belgique a connu en 2009 une hausse sensible d'actes antisémites. Au point que nombreux sont les Juifs belges qui quittent le pays pour se réfugier en Israël, en Australie ou en Suisse (2).
Les autres sont nuls, c'est vrai. Tandis que les uns sont beaux, sont forts, sont purs. En un mot, n'hésitons pas à le dire, les uns sont les meilleurs. Chacun se laisse guider par son ego. Chacun se voit en coq. Même Bart De Wever, héros flamingant. C'est le comble. Pour le coq flamand, tous les autres sont trop différents de lui: les Wallons, les socialistes, le roi, tous les Belges sont trop étranges, voire étrangers. Il vient de le dire à Der Spiegel et ne comprend pas qu'on ne le comprenne pas. On voit par là que non seulement les autres sont nuls, mais en plus ils sont cons. Et en plus ils sont nombreux.

J'étais devenu un mensonge sur pattes / Qui saoule grave / Et qui sait même pas ce qu'il dit / Qui voit même pas que c'est un malade / Et qui dit comme ça / Tout le monde dit / Y dit comme ça / Les autres / Les autres / C'est pas moi, c'est les autres / Les autres
Abd Al-Malik

(1) LLB, 13.12.2010
(2) JT RTBF, 13.12.2010

2 commentaires:

gabrielle a dit…

Vous avez magistralement fait le lien entre toutes ces lamentables situations.

François a dit…

Bonne citation d'Abd Al Malik, amenée ici fort à propos.

Je vois que tu gardes des goûts très sûrs...