lundi 13 décembre 2010

Le jeu de la vérité

Comment savoir si un demandeur d'asile est sincère, si les arguments qu'il avance pour demander la protection d'un Etat autre que celui où il vivait sont plausibles? La République tchèque a mis en oeuvre une solution innovante. Elle est phallométrique. On a du mal à y croire, mais c'est l'Agence européenne des droits fondamentaux qui nous la fait connaître dans un rapport récent (1). Des demandeurs d'asile qui se disent victimes de persécution à cause de leur homosexualité sont placés face à des images qui leur montrent un couple hétérosexuel en pleine copulation. Si les capteurs érectiles du demandeur d'asile ne fournissent aucune réponse, c'est qu'il est effectivement homosexuel, en concluent - avec une logique désarmante - les autorités tchèques. La Commission européenne, via le porte-parole de la Commissaire en charge des Affaires intérieures, s'en est émue, estimant que "cette pratique suscite des doutes quant à sa conformité avec les articles 4 et 7 de la Charte des Droits fondamentaux" de l'Union européenne. L'information ne dit pas comment la République tchèque vérifie que des demandeurs sont bien victimes de persécution en fonction de leurs préférences politiques ou religieuses. S'ils se disent persécutés parce qu'ils sont catholiques, doivent-ils tomber à genoux devant une photo du pape? Si c'est parce qu'ils sont musulmans, doivent-ils tomber automatiquement de leur lit dès le premier appel du muezzin? S'ils sont de farouches capitalistes fuyant un régime communiste, doivent-ils avoir envie de plonger si on leur montre une piscine emplie de billets de banque (un test un peu coûteux, il est vrai, mais il faut savoir se donner les moyens de ses politiques)? Si c'est l'inverse, doivent-ils savoir chanter l'Internationale par coeur et avec des larmes dans la voix? Pour savoir si une personne victime de persécution l'est à cause de ses choix écologistes, c'est facile: il suffit de lui donner le choix entre une BMW et un vélo.
Pour savoir si la bêtise est humaine, c'est facile: il suffit d'ouvrir son journal.

A quoi pensent les Tchèques quand ils pensent à quelque chose? Pensent-ils comme des Tchèques, pensent-ils rouge ou pensent-ils rose ou pansent-ils leurs plaies?
Dick Annegarn

(1) voir LLB de ce 11 décembre: "Quand l'asile tient à une érection".

1 commentaire:

gabrielle a dit…

On suppose que les pratiques tchèques ont dû faire sursauter le CGRA.