mercredi 15 décembre 2010

Un goût de voyage

Je n'ai jamais épousé aucune thèse de complot. Mais ici franchement, je doute. La CIA ne serait-elle pas derrière la déglingue à laquelle nous assistons? Ou Al-Qaida? Ou l'ETA, les FARC, que sais-je encore? Je parle ici de l'état de nos transports en commun. Un de mes frères a fait le pari de se passer de voiture. Il souffre, peste, déplore les trains en retard, supprimés, détournés, les voyageurs de la STIB abandonnés sur le pavé bruxellois. Et la désinvolture avec laquelle les sociétés de transport en commun traitent leurs usagers. Un jour, ce sont les feuilles mortes qui expliquent la pagaille, un autre la neige, un accident, un conducteur qui n'a pas su se lever, une panne, un vol de câbles, une défectuosité de la locomotive, la présence sur la voie d'un train en détresse... (1) On voit par là que les motifs d'excuses ne manquent pas. A chaque jour suffit le sien.
A Tournai, les autorités communales ont repensé le parking dans toute la ville, pour éviter les voitures-ventouses. Sage décision. Sauf qu'elles n'ont pas pris en compte les navetteurs, à présent obligés de se garer au diable vauvert - ce qui, on en conviendra, est fort loin - pour ensuite rejoindre la gare. Voudrait-on les décourager de ne plus prendre le train qu'on ne s'y prendrait pas autrement.
L'utilisation des TEC reste une pratique mystérieuse. Début de cette année, j'avais acheté à Tournai une carte de dix voyages que j'ai utilisée sans problème entre la gare de Namur et Jambes. Impossible par contre d'en faire usage, plus récemment, dans un bus des TEC à Charleroi pour me rendre de la gare au Musée de la Photographie à Marchienne. "Pas grave", s'est contenté de me dire le chauffeur. Entre chez moi et la petite ville voisine, la carte ne fonctionne pas non plus. Mais cette fois le chauffeur s'est montré inquiétant par rapport à cette carte qu'il dit ne pas connaître: "ne la montrez surtout pas aux inspecteurs, vous auriez des ennuis", a-t-il dit. Depuis, je la cache soigneusement. Je n'ai plus de raison d'aller à Jambes, mais je me sens obligé d'y retourner pour ne pas perdre le bénéfice de cette carte.
En 2010, on a enregistré en Belgique une hausse de 15% de nouvelles immatriculations (2). L'industrie automobile aurait-elle ourdi un complot? Les dirigeants des services de transport en commun seraient-ils tous actionnaires des grandes marques de voitures? La paranoïa me guette. Je reste chez moi. Je ne dors plus.

(1) voir blog.pierreguilbert.be
(2) JT RTBF, 14.12.2010

4 commentaires:

gabrielle a dit…

Voulez-vous vraiment mettre de mauvaise humeur une fidèle lectrice en évoquant la SNCB et autres TEC? :-)

Voici quelques 40 années que je prends la ligne des chemins d'enfer 161 et un peu moins les TEC du Brabant wallon.

Pour arriver au constat que leur logique n'est pas la même que celle du commun des mortels. Ces boîtes vivent en autarcie dans leur galaxie avec leurs propres petits problèmes existentiels, ce qui est le comble pour des entreprises qui devraient avoir les roues sur terre et le service inconditionnel aux usagers en ligne de mire.

Les arguments foireux pour justifier les retards ont encore atteint un sommet récemment avec l'explication au JT d'une des porte-parole de la SNCB: "Beaucoup plus de feuilles sont tombées cette année".

J'attends le jour où on va nous expliquer que le soleil s'est brusquement levé à l'ouest.

Anonyme a dit…

"un conducteur qui n'a pas su se lever" : bien sûr, toujours en profiter pour de lâches attaques contre les travailleurs avec des relents anti-syndicaux, sans vouloir tenir aucun compte de la dégradation des conditions de travail.

Michel GUILBERT a dit…
Ce commentaire a été supprimé par l'auteur.
Michel GUILBERT a dit…

Attaque? La formule exacte et politiquement correcte utilisée par la SNCB est "arrivée tardive d'un conducteur". Et le chef de gare d'expliquer que ça arrive à tout le monde de ne pas savoir se lever.
Lâche? Elle est signée. Au contraire de ce message courageusement anonyme auquel je suis bien bon de répondre.
Enfin, les travailleurs du chemin de fer ne sont-ils pas en train de perdre le sens du service public, dans la foulée de ceux qui les dirigent? Sont-ils capables de comprendre le ras le bol du "public"? Je pose la question. Si je peux...