mardi 24 février 2015

Le parti du diable angélique

Il est difficile de rendre présentable un parti dont les membres ne le sont pas. La fille à papa Le Pen le constate chaque jour. Les candidats F.N. sont aujourd'hui nombreux à se presser sur les listes pour les prochaines élections cantonales. Et beaucoup d'entre eux, très fiers, se laissent aller sur Tweeter, sur Facebook ou tout autre moyen de parler de soi et de bomber le torse. Ils expriment ce qu'ils pensent, et donc leur racisme, leur antisémitisme, leur homophobie, leur pétainisme (biffer la mention inutile, s'il y en a), bref leur bêtise (1). Ils n'ont pas encore compris que ce qui se dit entre militants ne doit pas toujours être communiqué à l'extérieur. Ils ont du mal à faire la part des choses. La présidente-de-père-en-fille a regretté ces "propos maladroits et imprudents". Elle ne les qualifie pas d'abjects, d'immondes ou simplement d'inacceptables. Non, ils sont juste "maladroits et imprudents". On comprend par là qu'ils ne sont pas assez politiquement corrects dans le cadre d'une campagne qui doit donner une image lissée du parti. La fille à papa a dès lors compris qu'il vaut mieux éviter, autant que possible, l'expression publique de tous ces candidats qui profitent de la campagne électorale pour exprimer leur haine des autres. Aussi cette campagne se mènera-t-elle en porte-à-porte plutôt qu'en meetings. On n'est jamais trop prudent.
Voilà pourquoi le parti de la famille Le Pen (2) fera un carton lors de ces élections. Un Français sur trois est nostalgique de l'ancien régime, ce bon vieux temps de la féodalité où des familles se transmettaient le pouvoir en leur sein, plumaient le bon peuple en s'enrichissant sur son dos, tout en tenant des discours d'une consternante teneur intellectuelle. C'est ce qu'il faut croire quand on voit cette confirmation des sondages: 30% des Français seraient prêts à voter pour le F.N. Et tant pis s'il tient un discours d'une extrême faiblesse sur l'économie du pays (3), tant pis si le parti et sa présidente se font de l'argent sur le dos de l'Etat (4). C'est le parti à qui ses sympathisants pardonnent tout. Même de les gruger.
Il faut dire que la présidente a fait bien plus que dédiaboliser le parti, au point que la voilà sanctifiée. Dans un "Hymne à Marine", un candidat F.N., Xavier Sainty, chante la "divine Marine au visage d'un ange", il la voit comme un "sublime cadeau du ciel". Il parle de sa "douceur" et de sa "bonté qui nous fascine". On s'inquiète. On ne sait plus s'il faut rire ou pleurer. Si on est dans le premier ou le trente-sixième degré. En tout cas dans le trente-sixième dessous. Voir la bonté, la douceur et le visage d'un ange en la fille à papa Le Pen, c'est ce qu'on doit appeler des "visions". L'extrême droite semble plus dangereuse à consommer que l'alcool, l'ecstasy et le cannabis réunis. On en a internés pour moins que cela.

(1) www.huffingtonpost.fr/2015/02/23/candidats-fn-departementales-derapages-dediabolisation_n_6731948.html?utm_hp_ref=france
(2) lire "Le sens de la famille", 31 janvier 2015. On apprend en même temps (1) que la belle-mère de la fille à papa Le Pen, Thérèse Aliot, mère de Louis, est également responsable du FN pour le département de l'Ariège. Décidément, oui, ce parti a vraiment le sens de la famille.
(3) lire "Sortie de route", 17 février 2015.
(4) www.liberation.fr/politiques/2015/02/20/fn-les-kits-de-campagne-etaient-bien-obligatoires-pour-les-candidats_1206426

A lire aussi: "Marine Le Pen prise aux mots" de Cécile Alduy - ou le double langage de la présidente-de-père-en-fille
http://www.20minutes.fr/politique/1544247-20150218-front-national-comprendre-double-langage-marine-pen


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