mercredi 11 février 2015

On peut rire de tout mais pas vraiment

Ce qui est étonnant n'est pas qu'il ne soit plus "Charlie", c'est qu'il l'ait été. Hervé Hasquin, grand libéral  devant un Eternel qui n'est pas le sien mais surtout devant sa propre éternité et ancien ministre-président de la Communauté française de Belgique, s'écoute tempêter. Il adore s'écouter, il ne s'en lasse pas. "Non, je ne suis plus Charlie", dit-il (1), à cause de la couverture du dernier numéro de Charlie Hebdo qui l'a "outré". "Leur bêtise m'exaspère", dit-il parlant de l'équipe de Charlie. "J'accepte le blasphème, on doit pouvoir rire de tout." On se doute alors qu'il y aura un "mais". Effectivement. "Mais il faut pouvoir en user à propos. Et là, quelle connerie!" Nous sommes en guerre, "guerre de civilisation et de religion" selon lui, donc on ne peut pas rire de tout. Sacré Hervé! Visiblement, il n'a pas compris le dessin. La compassion éprouvée par le Prophète serait-elle un sentiment qui lui échappe? Il n'a pas vu comme d'autres (2), la "tendresse" et "l'intelligence" du dessin de Luz. Il devrait prendre le temps de comprendre, mais il ne l'a pas, ce temps. Il n'a que celui de s'écouter. 
Me revient en mémoire cette sortie d'Hervé Hasquin. C'était au Parlement de la Communauté française de Belgique, il y a une quinzaine d'années. Répondant à un député qui venait de l'interpeller, il lui a rétorqué: "Monsieur, vous ne manquez pas de suffisance". Il n'a toujours pas compris pourquoi il avait provoqué un tel fou-rire dans l'assemblée. 
Peut-on rire de la suffisance?

Hervé,
J'suis énervée.
Brigitte Fontaine (NRV)

(1) Le Vif/L'Express, 23 janvier 2015.
(2) www.liberation.fr/societe/2015/01/14/aujourd-hui-le-prophete-est-aussi-charlie_1180802

2 commentaires:

Grégoire a dit…

On trouve l'interview, dont l'intérêt m'échappe, de ce docteur en philosophie, professeur d'université, secrétaire perpétuel de l'Académie royale de Belgique, etc. (la page wikipédia à son sujet est à la limite du ridicule tant elle est dithyrambique) sur le site du vif. Il insulte l'équipe de Charlie, qui a eu le tort, selon lui, de continuer à résister face à la sauvagerie. De quel droit? Le chapeau de l'article en ligne le présente comme historien (pas de diplôme à ce sujet), ensuite d'ex-ministre (on est tous ex-quelque chose, et alors?), et enfin secrétaire perpétuel... (l'Académie de Belgique s'exprime donc par lui?). Parmi les victimes de Charlie Hebdo, il y avait l'irremplaçable Bernard Maris. Celui-ci, dans une conférence donnait les raisons pour lesquelles les pleuples arabes musulmans, "à tort ou à raison, se considèrent encore victimes de l'occident" selon Hasquin, raisons que semble ignorer ce dernier, pourtant historien. peut-être dans cette conférence :https://www.youtube.com/watch?v=ay6W0NI2FNY)... Mais j'ai peine à en retrouver le passage... Plusieurs raisons, donc.
1. L'adoption tardive de l'imprimerie, qui limitait de facto la propagation des connaissances.
2. Le fait de ne pas vouloir adopter la caravelle, le type de bateau qui emmena Colomb vers le nouveau monde.
Là, j'en suis moins sûr...
3. Le statut social des femmes, privant la société de la moitié de son intelligence.
Plus facile de chercher des responsabilités ailleurs...


Une "phrase" à la grammaire douteuse, mais juste, selon moi, dans sa concision terminant un commentaire sur un article à propos des attentats de Charlie Hebdo, me vient souvent à l'esprit : "Si pas content, pas lire".

gabrielle a dit…

Hervé Hasbeen.