jeudi 10 novembre 2016

Elite, toi-même!

Au lendemain de l'élection de Dingo Trump, les analyses se bousculent pout tenter de comprendre l'incompréhensible. Et elles restent, pour la plupart, simplistes, dichotomiques. Comme au lendemain du Brexit. Comme après chaque poussée du FN en France. Le mot le plus répandu dans la presse d'aujourd"hui, c'est "élite". On nous explique que l'élection de Trump le vulgaire est l'expression d'un rejet des élites par les classes populaires. Sans que personne ne définisse ces fameuses élites. On comprend qu'il s'agit de la classe politique, des milieux économiques, des médias. Peut-être ausi des intellectuels. Toutes ces catégories vivraient entre elles, en vase clos, sans problème d'argent et surtout sans aucun contact avec la population. Comme si cette population était homogène. Comme si tout journaliste, tout responsable politique, tout entrepreneur vivait dans les quartiers chics des grandes villes avec des salaires mensuels dépassant les 5000 €. Comme s'ils étaient déconnectés de toute réalité autre que la leur. C'est oublier (ou vouloir ignorer) qu'il y a des situations extrêmement diverses et que Donald Trump, puissant homme d'affaires milliardaire, vit dans un luxe bien plus important que celui dans lequel baigneraient une majeure partie des élites auxquelles il serait soi disant opposé. Et Marine Le Pen n'appartiendrait pas à l'élite, elle, la fille à papa, qui gagne beaucoup d'argent grâce à son statut de députée européenne et dont le micro-parti Jeanne est poursuivi par la Justice pour enrichissement frauduleux (1)?
Il y a, nous disent ces brillants analystes, deux Amérique, il y a deux Grande-Bretagne, il y a deux France. Mais comment savoir alors de quel côté on est rangé? Fait-on partie de l'élite dès qu'on a fait des études supérieures? Même si on a des revenus modestes? Même si on vit à la campagne ou en banlieue? Et l'artisan qui gagne bien sa vie grâce à ses compétences et son travail fait-il automatiquement partie des classes populaires délaissées? Tout artiste fait-il, par définition, partie de l'élite? Où classer (car il s'agit bien de cela pour trop d'analystes: classer pour comprendre) tous ceux que leurs réflexions et leurs valeurs ont amené à vivre de manière la plus économe possible? Où classer ceux qui font tout pour empêcher des étrangers de s'installer chez eux et se plaignent d'être esseulés? Il existe quantité d'associations, d'organismes, de groupes qui créent quotidennement du lien entre des habitants d'origines diverses qui se rencontrent, échangent, montent des projets ensemble. Il n'y a pas de catégories étanches, même s'il est confortable d'y classer les gens. Il y a une multitude de situations et il n'y a pas uniquement des victimes d'un côté et de l'autre des politiques cyniques qui les méprisent. Bien sûr il y en a, mais les pires de ces derniers s'appellent sans doute Trump ou Le Pen.
On ne combattra pas le populisme à coups d'analyses simplistes.

Post-scriptum: les analystes se trompent... Encore une fois, les faits sont complexes. Et il faut s'embarrasser de nuances. Désolé!
http://www.lalibre.be/actu/usa-2016/non-ce-ne-sont-pas-les-pauvres-qui-ont-vote-pour-donald-trump-infographie-58242c67cd70fb896a67b5da
http://www.liberation.fr/desintox/2016/11/10/comment-le-fn-recupere-et-truque-le-vote-trump_1527575
http://www.lemonde.fr/idees/article/2016/11/14/eloge-des-elites_5030578_3232.html

(1) (re)lire sur ce blog "Au-dessus des lois", 14 octobre 2015.


1 commentaire:

Didier L. a dit…

Une définition simple, celle des Khmers rouges : tous ceux qui portent des lunettes. À partir de quoi on peut faire une collection de têtes.