(1) Le Wall Street Journal évaluait à la mi-septembre à un million le nombre de morts et blessés russes et ukrainiens en deux ans et demi de guerre, avec plus de deux fois plus de morts russes qu’ukrainiens : 80 000 morts et 400 000 blessés côté ukrainien et (autre évaluation, moins précise) côté russe, 200 000 morts et 400 000 blessés.
(2) https://www.courrierinternational.com/article/vu-d-israel-la-mort-de-yahya-sinwar-risque-d-aggraver-le-chaos-a-gaza_223536
A lire aussi : https://www.lemonde.fr/idees/article/2024/10/18/mort-de-yahya-sinouar-un-succes-militaire-une-opportunite-politique_6355110_3232.html
samedi 19 octobre 2024
Aveuglés par leur ego
Sinouar aura été un aussi piètre stratège que Poutine. Quoi qu'ils en pensent, il ne suffit pas de se prendre pour un grand homme pour l'être. Comme bien d'autres, l'un comme l'autre ont le sang de leurs compatriotes sur les mains. Et ils ont exacerbé le nationalisme chez ceux qu'ils voulaient anéantir.
Poutine pensait prendre en trois jours l'Ukraine. Il est responsable de centaines de milliers de morts dans les deux camps et surtout dans le sien (1).
Sinouar pensait que son attaque du 7 octobre 2023, d'une ampleur et d'une violence inédites, allait entraîner dans sa guerre le Hezbollah et l'Iran et que son grand rêve allait se réaliser : la destruction de l'Etat d'Israël. Et c'est Gaza qui est à terre et ce sont plus de 40.000 Gazaouis qui ont été tués. "Rétrospectivement, sa décision de lancer une attaque surprise contre Israël avec pour ordre de tuer, torturer et violer des civils – hommes, femmes, enfants ou bébés – aura été le fruit de son aveuglement, écrit Yossi Melman dans le quotidien israélien Ha'Aretz (2). Ce fut une erreur fatale. Contrairement à ce qu’il croyait, l’Iran et le Hezbollah ne l’ont pas rejoint dans sa tentative de détruire l’État hébreu, préférant opter pour une guerre d’usure en demi-teinte. Il ne restera pas dans les livres d’histoire tel qu’il l’espérait, c’est-à-dire comme un Saladin moderne ayant libéré les musulmans du joug des hérétiques pour leur rendre dignité, mais plutôt comme un nom de plus sur la longue liste des dirigeants palestiniens ayant attiré de nouvelles calamités sur leur peuple."
Rien n'indique que cette mort puisse signer la fin de la guerre. Ha'Aretz rappelle la longue liste de noms de dirigeants et de chefs d’organisations terroristes (Hamas, Hezbollah, Djihad islamique palestinien) qui ont tous été tués par l’armée israélienne. "Pourtant leurs organisations, malgré les nombreux revers infligés, continuent de prospérer, motivées par cette idéologie islamiste délétère. On dit que les cimetières sont remplis de gens irremplaçables. Et Yahya Sinwar va sans aucun doute être remplacé par son frère Mohammed, un chef du Hamas, qui est toujours à Gaza."
Le quotidien israélien voit deux conséquences probables à cette mort.
Faute d'interlocuteur à Gaza, il est probable que les derniers otages (une centaine, mais sans doute seulement une dizaine encore en vie) soient exécutés par vengeance. "L’autre conséquence, c’est que la possibilité d’un cessez-le-feu et de négociations s’éloigne encore davantage. Il sera très tentant pour Nétanyahou et son cabinet d’extrême droite de prendre le contrôle total de Gaza pour ensuite l’annexer et, comme nous l’a montré l’histoire de la Cisjordanie, construire de nouvelles colonies juives et confisquer les terres palestiniennes." Mais surtout, écrit encore Yossi Melman, "la mort de Sinwar va conforter Nétanyahou dans son ego démesuré et sa folie meurtrière. Il n’a aucune envie de mettre fin à la guerre à Gaza et au Liban, quel que soit le prix à payer pour les jeunes Israéliens au quotidien. Sous Nétanyahou, la société israélienne, qui a perdu, au cours de l’année écoulée, plus de 1 700 civils et soldats et était connue pour son attachement à la vie humaine, est devenue insensible. Nétanyahou et sa secte ont forgé le slogan “Victoire totale” mais, pour eux, cela veut surtout dire “Pouvoir total”."
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