Réflexions intéressantes (comme toujours) de la rabbine Delphine Horvilleur, dans un interview à Franc-Tireur (1), par rapport à la montée de l'antisémitisme et à la mobilisation d'une bonne partie de la jeunesse non seulement pour les Palestiniens dans leur ensemble mais aussi contre tous les Juifs. "Le problème est que la jeunesse a la conviction très forte d’être dans le camp du « bien ». Dans nos livres d’histoire, il y a une réécriture historique qui donne l’impression que les « méchants » se savaient « méchants ». Or la jeunesse hitlérienne, par exemple, devait être sincèrement persuadée d’être dans le bon camp. Et cela est entretenu par des discours de binarité politique, d’une simplification du narratif inquiétante."
Depuis des décennies, pour l'extrême gauche, tout ce qui dysfonctionne dans les rapports entre Etats est imputable aux Etats-Unis. Sans eux, comment expliquer les conflits mondiaux ? Depuis la nuit des temps, les Juifs sont coupables de tous les maux. On pouvait espérer, et on l'a longtemps cru, que l'horreur absolue que représente l'Holocauste éviterait à jamais ces accusations infondées. Mais les êtres humains ont besoin d'explications simples, de boucs émissaires clairs.
" Je constate, dit encore Delphine Horvilleur, en échangeant avec eux (les jeunes) que l’urgence est de rétablir une complexité. Ce qui n’est pas simple face à l’instantanéité des réseaux sociaux. C’est une génération qui lutte contre la binarité dans les questions de genre notamment, mais qui est championne toutes catégories de la binarité politique, plus particulièrement sur ce conflit. Elle est instrumentalisée par des discours d’élus réducteurs et d’une simplification caricaturale. Il est donc nécessaire de leur proposer de complexifier la réalité du narratif auquel ils sont confrontés. En parlant avec eux des Palestiniens d’Israël, des Arabes israéliens, de la société israélienne dans sa diversité, cela brouille un discours préétabli, et cela suscite leur esprit critique. Imager, illustrer avec des exemples de parcours dont les jeunes n’entendent pas parler et ne soupçonnent pas l’existence permet de convoquer leur sensibilité et leur réflexion. "
Tant de jeunes (et de moins jeunes d'ailleurs) restent coincés dans les schémas de leur enfance, dans des répartitions "Cowboys - Indiens". Il y a les bons d'un côté, les méchants de l'autre. Et ceux qui ne pensent pas comme eux sont forcément méchants. Finalement, ce sont des analyses très trumpistes.
(1) https://www.franc-tireur.fr/antisemitisme-a-lecole-une-rentree-toxique
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