Dans cinq jours, on saura qui présidera les Etats-Unis durant les quatre prochaines années. On craint le pire, tant les électeurs américains, comme beaucoup d'autres dans le monde, semblent aujourd'hui prêts à choisir le pire candidat. Le pire étant ici une horreur absolue. De nombreux électeurs républicains ont fait le choix de voter pour Kamala Harris pour faire barrage à l'affreux. Mais d'autres voteront pour lui en toute connaissance de cause. Interviewée à la télévision récemment, une électrice républicaine affirme détester Trump mais lui donnera quand même sa voix pour rester fidèle à ses valeurs. Quelles valeurs ? Choisir Trump, c'est choisir le racisme, le sexisme, la brutalité, le mensonge, le mépris des autres et de l'Etat de droit, la suffisance, le pouvoir de l'argent. C'est aussi pactiser avec Poutine, laisser annexer une partie de l'Ukraine par la Russie, soutenir les pires dictateurs, tourner le dos à la démocratie.
Certains estiment qu'il ne serait pas étonnant - au vu de la manière dont Trump défend Poutine et la Russie depuis des décennies - que le milliardaire soit tenu par un chantage exercé sur lui par le maître du Kremlin (1). Selon l’ancien procureur adjoint de New York, Kenneth McCallion, l'agent immobilier Donald Trump, en difficulté financière dans les années '80, a accepté des valises de cash de la mafia russe. Depuis, les aides russes aux campagnes de Trump ont été nombreuses et les élus républicains sont nombreux à prendre des positions favorables à la Russie. "Nous sommes nombreux à nous demander si ces républicains qui adoptent des positions étranges sur la Russie n’ont pas été payés ou soumis à d’autres formes de persuasion », affirme John Bolton qui fut conseiller à la sécurité nationale sous l'administration de Donald Trump en 2018-2019. "Le plus inquiétant, pense Antoine Vitkine, est que, si Trump revient au pouvoir, il pourra cette fois s’appuyer sur un camp républicain devenu majoritairement hostile à l’Ukraine. Et contrairement à 2017, il pourra compter sur un électorat acquis à son tropisme russe. Selon un sondage YouGov, Vladimir Poutine est encore plus populaire aujourd’hui qu’avant l’invasion dans l’électorat républicain, fasciné par cette figure autoritaire et ultraconservatrice."
Quoi qu'il en soit, la suffisance et l'inculture d'Ubu Trump le rendent totalement manipulable.
Manipulable et aidé par une armée de manipulateurs. Le mois dernier, relate Charlie Hebdo (2), six you(en)tubeurs américains ont été arrêtés. Ils avaient été engagés par une chaîne pour réaliser des vidéos commentant l'actualité américaine. Dans l'une d'elles ils attribuaient un attentat islamiste à l'Ukraine. Les responsables de ce média dit alternatif étaient payés par Russia Today, porte-voix du Kremlin. La Russie utiliserait plus de 2800 influenceurs dans plus de 80 pays. Pour eux, l'argent n'a pas d'odeur.
Un Américain réfugié à Moscou, John Marc Dogan, a créé plus de 160 sites web et publié plus de 50.000 messages. Parmi eux, un site présenté comme le site officiel de Kamala Harris dans lequel celle-ci annoncerait vouloir ouvrir totalement les frontières, donner des papiers à tous les migrants et 500 milliards d'aide à l'Ukraine. Tout est faux, mais a de quoi faire un peu plus peur encore aux conservateurs.
Quant au GRU, service de renseignement militaire russe, il aurait mis en place plus de 270 médias relais d'information en ligne pour diffuser de la propagande anti-ukrainienne et pirater la campagne des Démocrates.
Ces médias dits alternatifs et les réseaux prétendument sociaux étaient vus, à leur naissance, comme des outils de démocratisation de l'information. Ils sont aujourd'hui de puissants vecteurs de lutte contre la démocratie.
Ajoutons à tout ce fatras Elon Musk qui achète les votes en organisant une tombola hebdomadaire pour offrir un million de dollars à tout électeur qui s'est engagé pour son ami Trump et on voit qu'on se trouve face à une démocratie très vacillante.
En France, une enquête récente d'Ipsos indique que 31% des moins de 35 ans estiment que la démocratie n'est pas le meilleur système politique. Les affreux ricanent.
(2) Lorraine Redaud et Yovan Simovic, "Ingérence russe - Trump l'œil électronique de Moscou",
Charlie Hebdo, 30.10.2024.
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