samedi 10 décembre 2011

Des villes à vivre

Cette ville, on la qualifiera de moyenne, du moins en Belgique où elle est située. En France, elle serait petite. On la traverse à pied en 20 à 25 minutes. Elle vit au début des années 2010 comme elle vivait dans les années '80. Deux, trois artères sont piétonnières, mais les voitures y ont toujours, partout, droit de cité. Des centres commerciaux y ont poussé à ses portes, attirant le chaland qui peut s'y garer gratuitement et aussi longtemps qu'il le veut, à deux pas de boutiques sans charme ni originalité.
En ville, sitôt que les autorités locales entendent supprimer deux ou trois places de parking, les boucliers se lèvent. Ceux des fonctionnaires, des enseignants, des étudiants, des commerçants surtout et de leurs clients. Le client entend rester le roi, surtout s'il est automobiliste et même s'il préfère aller voir ailleurs. Les chantiers se multiplient, sans apparente concertation. Les commerces ferment. La Commune, voici quelques années, a organisé une navette qui circulait en centre ville les jours de marché. Elle ressemblait à un fourgon cellulaire orné de publicités. Elle resta vide. La ville se veut touristique. Elle a des ressources historiques, patrimoniales, culturelles, mais elles sont laissées au second rang. Le premier est occupé par la bagnole. Ainsi vit Tournai.
A Gand, l'une des grandes villes de Belgique, l'approche est tout autre. La ville a été réaménagée, la circulation repensée. Le piéton y a la priorité. Après lui vient le cycliste. Puis, les transports en commun. Et enfin, seulement, la voiture, avec un avantage aux véhicules partagés. Les aménagements urbains favorisent les usagers faibles, diminuent les vitesses et découragent l'utilisation de la voiture en centre-ville. Les parkings sont prévus pour dix mille vélos. Des places VIP sont offertes aux spectateurs qui se rendent à bicyclette au théâtre ou au concert. (1) Les piétons sont rois et légions en ville. D'autres villes vivent de la même manière: Freiburg im Breisgau, Berlin, Amsterdam et tant d'autres.
L'auto-proclamé maillot jaune tournaisien vient de présenter le Plan Communal Cycliste de la ville dont il est déjà maïeur avant même les élections. La Région investira deux millions d'euros, la Ville 600.000, pour favoriser l'utilisation du vélo. C'est un début, mais on se dit qu'il manque encore et toujours une vision, de l'audace, un peu de courage politique, pour que la ville de Tournai (re)devienne agréable à vivre. Des parkings de dissuasion, des navettes visibles et efficaces, des vélos en location, un réaménagement complet de la ville... L'Union européenne imposera une diminution de moitié des véhicules à moteur thermique en ville en 2030. Elle les interdira en 2050. Il suffirait juste d'oser être de son temps.

(1) lire "Le modèle gantois, transposable au BW?", in Espace-Vie, décembre 2011

1 commentaire:

gabrielle a dit…

Les chiffres, parus dans la presse la semaine dernière, sont éloquents: 100 piétons et 69 cyclistes ont été tués en 2010 en Belgique.