lundi 19 décembre 2011

Gardez-moi de mes amis

Qui sont ses amis, qui sont ses ennemis? La NVA ne s'y retrouve plus, elle a beaucoup de mal à faire la différence. Bart De Wever, son président, estime que "c'est la NVA qui a fait baisser le score de l'extrême droite. (...) Le grand ennemi du Vlaams Belang, c'est moi et moi seul", a-t-il déclaré (1).
Dans le même temps, Ben Weyts, député NVA, se faisait allumer à la Chambre par Gerolf Annemans du V.B.: le député d'extrême droite asticote la NVA sur ses positions. Il affirme qu'elle fut, un temps, prête aux concessions avec les francophones, que le Gouvernement flamand (dont est membre la NVA) soutient le programme fédéral, que l'accord institutionnel de ce dernier correspond au projet du Gouvernement flamand. Chaque fois, Ben Weyts lui a rétorqué qu'il se trompait d'ennemi: "M. Annemans, lui a-t-il dit, regardez autour de vous: votre ennemi n'est pas à la tribune!" (2). Pierre Bouillon (du Soir) estime que Wouter Beke, patron du CDV, n'avait peut-être pas tort "quand il déclarait que la NVA ressemblait de moins en moins à la Volksunie (dont elle est l'héritière) et de plus en plus au Vlaams Belang".
Le journaliste indépendant Guido Fonteyn pense de même: il estime qu'il y a "une prise de conscience croissante en Flandre - entre autres dans les milieux syndicaux - que la NVA n'est pas seulement un parti communautaire, mais qu'elle se situe aussi à l'extrême droite sur les plans social, économique et même culturel. Le groupe autour de De Wever (...) attend seulement le jour de la proclamation de la république flamande indépendante. Afin de pouvoir y servir (...) les intérêts d'une élite de fortunés. Certainement pas les intérêts du peuple (flamand)..." (3). La NVA n'a donc pas seulement des amis ou de faux ennemis. Elle sait aussi se faire des ennemis qui ne sont pas forcément là où on (et elle) le pense.
Et voilà maintenant que De Wever se découvre de nouveaux amis: ce sont les supporters d'Etienne Tshisekedi en Belgique. Ils manifestent à Bruxelles pour contester la victoire de Joseph Kabila. Ils considèrent que les partis belges francophones ont soutenu et soutiennent encore l'actuel président. Ils se drapent dès lors, avec une logique pour le moins particulière, dans le drapeau flamand, annonçant que désormais ils voteront pour Bart De Wever. Voilà donc le boutefeu de la Belgique consacré sauveur de la démocratie congolaise. Après tout, si Dewinter s'exile en Namibie, pourquoi pas Bart au Congo? La terre africaine va-t-elle réconcilier les frères ennemis? On se le demande. On se demande aussi si les Africains ont mérité ça?

(1) "De Wever condamne le oui des souris", Le Soir, 14 décembre 2011
(2) "Quand le Belang, à trois reprises, se trompe d'ennemi", Le Soir, 14 décembre 2011
(3) Le Vif, 16 décembre 2011

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