lundi 7 septembre 2015

Humanité et son contraire

La mobilisation de citoyens un peu partout en Europe en soutien aux candidats réfugiés est réjouissante. Les réseaux sociaux, réels et virtuels, jouent leur rôle. Des associations humanitaires assurent l'accueil, proposent de l'aide, des formations. D'autres viennent de se créer pour l'occasion. Des citoyens se sont rassemblés sur des places publiques, par milliers parfois, pour manifester leur volonté d'ouverture des frontières aux hommes, femmes et enfants qui fuient la guerre. Des personnes qui disposent d'une chambre libre, d'une résidence secondaire la mettent à disposition de réfugiés. Des footballeurs, des artistes manifestent aussi leur solidarité, notamment en offrant un de leurs cachets aux associations d'accueil.
Autant d'attitudes qui soulignent, dans le même temps, l'étroitesse d'esprit et la mesquinerie d'esprits peu éclairés et des partis politiques qui font commerce de la haine et de l'exclusion. Tel le leader de l'Ukip, parti anglais populiste: Nigel Farage ne veut pas de réfugiés en Grande-Bretagne, il estime qu'il suffit d'empêcher les bateaux de partir. Va-t-il proposer de les torpiller? Marine Le Pen n'est pas en reste: elle n'a visiblement pas appris grand chose à "l'université d'été" de son parti. Elle parle de clandestins plutôt que de réfugiés et estime qu'il faut "restreindre considérablement le droit d'asile". Son discours exprime bien que ce parti reste, quoi qu'essaie de faire croire son état major, un parti d'extrême droite. Sans doute Marine Le Pen ne voit-elle pas les raisons pour lesquelles des millions de Syriens fuient le régime sanguinaire d'Al-Assad, ce président qu'elle se refuse à condamner. Les militants du FN ont scandé ad libitum leur slogan préféré "On est chez nous". Florian Philipot veut bien d'un quota de réfugiés par pays "à condition que ce soit un quota zéro". On se demande pourquoi on a dû assister à une telle querelle de famille si c'est pour entendre le FN tenir les mêmes propos haineux que celui de son répugnant fondateur. 
Comment s'étonner dès lors que les réseaux informatiques soient aussi, trop souvent, bien plus asociaux que sociaux? S'y déversent des torrents de boue, de haine, de méchanceté, de bêtise.
De nombreux pays ont fermé leurs portes. Le problème des réfugiés n'est pas le leur. L'Arabie saoudite accueille les pélérins de la Mecque, mais pas les réfugiés, notamment musulmans, en détresse. La foi a ses limites. On se le demande: qu'est-ce qu'une terre sainte? La Hongrie, la Roumanie, la Bulgarie ne veulent pas d'étrangers, en tout cas pas musulmans. La Slovaquie ne veut accueillir que des chrétiens, tout comme le maire de Roanne en France. Les non chrétiens, même touristes, savent à présent quels pays et quelles villes ils doivent éviter.
Mais tous ces esprits racrapautés n'y pourront rien: les réfugiés arrivent et arriveront, tant que leur vie sera en danger. Reste ensuite non seulement à les accueillir, mais aussi à leur permettre de s'intégrer.

A voir: Sophia Aram et François Morel dans un duo inattendu:
http://www.franceinter.fr/emission-le-billet-de-sophia-aram-oh-putain-la-famille
A lire:
http://www.lalibre.be/actu/international/pourquoi-l-ue-est-elle-divisee-en-deux-sur-la-question-des-refugies-55e9e1ee35709767897d96f6
http://www.liberation.fr/monde/2015/09/05/a-nickelsdorf-distribution-d-amour-pour-les-milliers-de-refugies-arrives_1376385

1 commentaire:

gabrielle a dit…

Le Danemark suspend ses liaisons ferroviaires avec la France pour que les réfugiés ne les empruntent pas; une ignoble journaliste hongroise s'attaque physiquement à des personnes sans défense; un politicien français ose prétendre que 800.000 migrants prévus en Allemagne passeront ensuite en France; un secrétaire d'état belge à l'asile et la migration ironise qu'il doit "leur offrir l'hôtel peut-être"?; des épiscopats cathos sont prêts à ne recevoir que des réfugiés chrétiens; la France de 66 millions d'habitants fait tout un foin pour accueillir 24.000 personnes... sur deux ans; les complotistes de tout bord affirment que la photo de l'enfant syrien décédé sur une plage turque est une mise en scène; etc. etc.
L'Europe se donne en spectacle vraiment immonde.