jeudi 8 octobre 2015

Extrême grotesque

Grotesque. Grotesque et pathétique. Comment qualifier autrement la prise de parole de la fille à papa Le Pen au Parlement européen hier face à Angela Merkel et François Hollande? Visiblement très fière de ce qu'elle considère comme un remarquable trait d'esprit, elle a qualifié le président français de "vice-chancelier, administrateur de la province France". Elle a dénoncé la perte de souveraineté de la France au profit de Bruxelles, Berlin et Washington et, une fois encore, fustigé l'accueil de candidats réfugiés. François Hollande lui a répliqué vertement que la souveraineté européenne permettait de lutter contre les souverainismes, les populismes, les extrémismes (1). Le Front national et sa présidente (qui n'arrive pas à échapper à l'atavisme et éructe de plus en plus comme son père) démontrent chaque jour leur incapacité à être de leur temps: perdus dans les mouvements qui agitent la planète, ils ne voient d'autre solution que celle du repli sur soi et du rejet de l'autre . Mais  Marine Le Pen le sait mieux que quiconque, le ridicule ne tue pas, au contraire. Elle a compris que les traits grossiers, les discours simplistes, les attaques perfides rapportent des voix.
C'est ainsi qu'avance l'extrême droite. Car d'extrême droite, elle est bel et bien, quoi qu'elle veuille faire croire et imposer. Hier, la Cour d'appel de Paris a confirmé le jugement rendu précédemment: on ne peut reprocher à Jean-Luc Mélenchon d'avoir qualifié la fille à papa de fasciste. Il faut appeler un chat un chat, dit Mélenchon, suivi par le tribunal (2).
"Pour l'essentiel, c'est vrai, le programme du parti n'a pas changé, écrivait en mai dernier Olivier Bot (3). Peine de mort, préférence nationale, défense de l'identité française menacée par des éléments exogènes, souverainisme économique, gouvernement par référendum. Elles (Marine et Marion Le Pen) font du neuf avec du vieux. Pas antisémites, mais islamophobes. Actionnant les peurs de déclassement de Français modestes, elles désignent elles aussi des boucs émissaires. Comme leur champion électoral, David Rachline, quand il mène la vie dure au social et au culturel tel que les maires de la génération Le Pen (Jean-Marie) l'ont fait avant lui."
Tel Robert Ménard qui déteste les journalistes, les insulte, refuse de les recevoir. Qui, parce qu'il déteste les humoristes, a refusé (c'était le 11 mai dernier), la présence sur le plateau du Grand journal de Canal+, où il était invité, de l'humoriste Yassine Belattar (4). Qui trafique à la nord-coréenne une photo de l'AFP pour susciter ce qu'il cherche: la peur et le rejet (5).
Aujourd'hui, la tante et sa nièce sont considérées comme de potentielles présidentes de Régions. L'une est députée européenne, l'autre députée à l'Assemblée nationale et toutes deux membres d'un parti qui fustige le cumul des mandats pratiqué par les élus des autres partis, tant honnis par l'extrême droite. Mais le Front national est au-dessus des règles. Ou plutôt il a les siennes: l'arbitraire, l'autocratie, la suffisance, le mépris pour les règles et pour les gens.

Post-scriptum: bonne réaction de Frédéric Cuvillier à l'intervention de Marine Le Pen, la bobo parisienne:
http://www.huffingtonpost.fr/frederic-cuvillier/marine-le-pen-parlement-europeen_b_8263656.html?utm_hp_ref=france

(1) http://www.liberation.fr/politiques/2015/10/07/le-pen-hollande-le-clash-face-a-merkel_1399339
(2) http://www.liberation.fr/politiques/2015/10/07/pour-la-justice-jean-luc-melenchon-peut-qualifier-marine-le-pen-de-fasciste_1399043
(3) La sortie du Zebulon, Olivier Bot, La Tribune de Genève, 4 mai 2015, in le Courrier international, 13 mai 2015.
(4) L'extrême droite défiée par le rire, Télérama, 27 mai 2015.
(5) http://www.lalibre.be/actu/international/ils-arrivent-la-couverture-du-journal-de-beziers-fait-polemique-l-afp-enrage-55f141023570b0f19e8823ee
E pour rire:
http://www.liberation.fr/politiques/2015/06/02/le-fn-developpe-son-sens-des-collectifs_1321337

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