vendredi 30 octobre 2015

Pour vivre heureuses vivons cachées

La loi française interdisant le port du voile intégral dans l'espace public a cinq ans. A cette occasion, France Inter s'est interrogé sur la situation (1). Visiblement, le port du niqab ou de la burqa a augmenté depuis lors. Un millier de femmes ont subi des contrôles qui, de l'avis de la police, sont difficiles à effectuer.
Une jeune fille de dix-sept ans témoigne: "je me sens mieux quand on me voit pas". Peut-être devrait-elle consulter un psychologue. Une autre parle de sa tante qui se promène entièrement voilée: elle ne supporte pas le regard des gens qui, "à force, sont endoctrinés", dit-elle. C'est le monde à l'envers: en se cachant des autres, elle fait tout pour être remarquée, mais voudrait ne pas l'être. Peut-être devrait-elle songer à ôter son voile pour passer inaperçue.
Une sociologue, qui a réalisé un documentaire sur les femmes entièrement voilées, témoigne: quasiment toutes sont soit issues de familles d'origine musulmane qui ne leur ont pas donné d'éducation religieuse, soit, pour l'autre moitié, converties à l'islam. En s'habillant de la sorte, elles veulent être reconnues comme hyper religieuses. Elles sont en recherche identitaire: "une semaine après leur conversion, elles portent le voile intégral". Comme elles veulent marquer "un désir de rupture par rapport à la société", elles ont adopté le voile intégral depuis qu'il est interdit. Bref, conclut la journaliste Claire Servajean, "ce qu'on peut dire, c'est que c'est donc une loi contreproductive". Un avis assez abrupt et carré. Elle oublie de rappeler que ce voile n'a rien de religieux. "Le voile intégral n'est pas islamique, explique la designer Leyla Belkaïd, le porter n'est donc pas un retour aux sources, contrairement à ce que pensent les gens. Faire de la burqa un élément d'identité et un symbole de l'islam est très récent. C'est une invention contemporaine." (2)
En s'habillant de la sorte, elles font le jeu des islamistes qui détestent les femmes (sauf maman, bien sûr) et veulent les cacher.
En fait, porter la burqa, c'est comme s'exprimer anonymement sur Internet: je te vois, je sais qui tu es, mais tu ne me vois pas et ne peux savoir qui je suis et, surtout, ne me regarde pas, tu me stigmatiserais. On n'est pas dans la communication, on ne peut savoir qui est la personne cachée en face de nous. On touche là à une forme de pathologie. Certaines jeunes femmes sont anorexiques, d'autres se voilent entièrement.
Pourquoi faudrait-il accepter le voile intégral dans l'espace public? Imagine-t-on demain tous les passants masqués dans les rues, les places publiques, les transports en commun, les travailleurs cachés derrière un voile à l'atelier, au bureau ou sur les chantiers, les étudiants déguisés à l'école? Comment peut-on se reconnaître quand on est caché? Quelle existence a-t-on? On voit par là que la profession de psychologue a de beaux jours devant elle.

(1) http://www.franceinter.fr/player/reecouter?play=1168351 (en fin de journal)
(2) http://www.lexpress.fr/actualite/societe/la-burqa-est-une-invention-contemporaine_842841.html
A (re) lire sur ce blog:
- "De l'utilité de la burqa", 24 octobre 2011;
-  "Women in black", 21 mars 2011;
- "Burqa pas, après tout?", 13 août 2010;
- "Vin, voile et burqa", 22 juin 2009.
Et aussi:
http://bigbrowser.blog.lemonde.fr/2015/10/12/au-canada-on-vote-masque-pour-denoncer-le-port-du-niqab/

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