dimanche 4 septembre 2011

Footu

Une fois n'est pas coutume, parlons football. Après tout, c'est dimanche, jour du seigneur foot. Les joueurs de l'équipe belge de football - qu'on appelle encore et toujours Diables rouges, allez savoir pourquoi - ont fait jeu égal avec ceux de l'Azerbaïdjan. Certains commentateurs parlent de la "modeste" équipe d'Azerbaïdjan. Le qualificatif est amusant: il s'appliquerait tout aussi bien - si pas mieux - à une équipe belge qui accumule les faux pas et ferait bien de faire profil bas.
Par ailleurs, on parlera aussi de foot "de haut niveau", même si ce niveau est bien bas. A tous les points de vue.
Comme tous les sports de compétition, le foot est devenu une affaire de fric, un spectacle sans éthique, loin de l'esprit olympique dont se revendiquent encore quelques naïfs et de nombreux hypocrites. Dans une interview récente (1), Michel Piccoli estime que "l'argent régente tout, et avec vilenie - j'emploie ce mot charmant à dessein, dit-il. Ce commerce gigantesque tue pour moi beaucoup de choses, y compris le sport. Regardez le foot ou les joueurs de tennis: ils ont l'air de bêtes féroces. Fini la grâce, place à la hargne. C'est terrible, on a l'impression qu'ils se haïssent". On a en effet bien du mal à comprendre ces sportifs qui, dès qu'ils ont marqué un point ou gagné une épreuve, se précipitent sur une caméra en éructant. On s'attendrait à entendre des cris de joie, à voir des sourires. Et on assiste à des expressions de guerriers haineux.
Ces nouveaux riches, mercenaires de leur discipline, se vendent au plus offrant, prêts à jouer dans des championnats sans enjeu ni intérêt, pourvu que l'argent coule à flot. On a ainsi vu tout récemment un certain Samuel Eto'o rejoindre la modeste équipe d'Anzhi Makhachkala, au Daguestan, république caucasienne bordélique et violente, où tout s'achète, les meilleurs joueurs du monde aussi bien qu'un titre de ministre. Comptez pour ce dernier deux millions d'euros (2). Eto'o, lui, gagnera vingt millions d'euros par an, devenant ainsi le footballeur le mieux payé du monde. Le Daguestan, il n'en verra sans doute pas grand chose: comme ses co-équipiers, il vivra à Moscou, à 1500 kilomètres de là, se contentant de fouler les pelouses de l'Anzhi Makhachkala une fois toutes les deux semaines.
Ces nouveaux riches de footballeurs sont constamment "sous pression" ("ils nous ont mis la pression" ou "la pression était trop forte", voilà des expressions très à la mode chez les sportifs, et les footballeurs en particulier). Ce qui explique sans doute leur comportement de délinquants quand ils se retrouvent dans des hôtels de type palace: "Et puis il y a le pire cauchemar du personnel, un cas à part qui transcende les nationalités: les joueurs de foot", écrivent Perrine Cherchève et Anna Topaloff, dans un dossier de Marianne sur les palaces (3). "Pour peu qu'ils aient gagné un match, ils se lâchent méchamment, restent confinés dans leur chambre pendant des jours, trop occupés à mettre à sac et à dévaliser le minibar. De vraies terreurs. A tel point que les maîtres d'hôtel du room service tirent à pile ou face pour désigner celui qui aura la malchance de frapper à leur porte." Certains les appellent "sportifs de haut niveau"...

Voir aussi l'excellent documentaire (même s'il est parfois inégal) de Pascale Lamche: "Black Diamond" sur le foot business et la traite des enfants africains à qui on promet la lune sous la forme d'un ballon rond.

(1) Télérama, 24 août 2011
(2) www.rue89.com/rue89-football-club/2011/08/31/
foot-dis-samuel-etoo-tu-sais-ce-que-cest-le-daguestan-219885
(3) Marianne, 13 août 2011

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