vendredi 30 mars 2012

Atomiser le gaspillage

L'idée de François Hollande de réduire la part de l'énergie nucléaire est "folle", selon le candidat président Sarkozy. La France est le pays le plus nucléarisé qui soit. Au cœur de la récente vague de froid, le 7 février très exactement, le record de consommation électrique y a été dépassé. La France a ainsi dû acheter de l'électricité à l'étranger. Le nucléaire ne serait donc pas la panacée? Et s'il était la cause de ce gaspillage? L'électricité d'origine nucléaire entraîne une culture de la consommation effrénée. Quantité de maisons en France sont équipées du chauffage électrique, plutôt que d'un chauffage ayant recours aux énergies renouvelables. Des études l'ont indiqué: plus la part du nucléaire est importante, plus on est dans une habitude de gaspillage. "Notre modèle énergétique est fondé sur une production censée augmenter indéfiniment pour satisfaire une consommation en croissance permanente, explique Thierry Salomon, un des promoteurs en France du concept de négaWatt (1). On a construit cinquante-huit réacteurs en s'assurant que la consommation serait au rendez-vous, quitte à la stimuler par les moyens les plus absurdes, comme la promotion du chauffage électrique dans des logements mal isolés, ce qui fait de nous une exception en Europe!"
La révolution énergétique n'est pas pour demain en France où le lobby nucléaire entretient la confusion entre électricité et énergie. Le nucléaire n'y représente pas 80% de l'énergie mais 80% de l'électricité et seulement 20% de l'énergie totale consommée.
Mais le nucléaire, c'est l'autonomie énergétique, clament ses thuriféraires qui semblent (?) oublier que la totalité du minerai brut d'uranium est importé du Kazakhstan, du Canada et du Niger qui ne nous semblent être ni des DOM ni des TOM.

En Belgique, une étude (2) estime que la diminution de notre consommation d'énergie permettrait la fermeture d'un, voire de deux des trois plus anciens réacteurs nucléaires (Doel 1 et 2). L'objectif d'une diminution de 4 TWh (5% de la consommation électrique) ou même de 6 TWh est raisonnable, selon Greenpeace et le Bond Beter Leefmilieu. Il faudrait pour cela que tous les nouveaux bâtiments publics respectent les normes de construction passive et que soient améliorées les performances en matière d'efficacité énergétique.
Pour diminuer les consommations, Thierry Salomon pointe deux approches: "l'investissement dans l'efficacité des appareils électriques, qui permet une baisse de la consommation à service rendu égal, mais aussi une politique de sobriété, qui consiste à traquer les gaspillages - et qui a l'avantage d'être gratuite! En combinant les deux, dit-il, on diminue de 45% notre consommation d'énergie" (1).

"Est-ce qu'on a besoin d'autant d'électricité?, se demande Hideo Furukawa, l'un des plus importants auteurs contemporains japonais (3). L'été dernier, à Tokyo, avec l'arrêt d'un certain nombre de réacteurs, il y a eu des consignes pour économiser l'énergie. Résultat: la consommation a diminué de 15% . Et tout le monde a vécu normalement."

Pendant ce temps-là, le président Sarko, celui qui marche sur l'eau, ne jure que par le nucléaire.
C'est le nucléaire ou la bougie, dit-il, tel un millénaro-catastrophiste. Les Japonais ont les deux en même temps. Mais il n'est de pire sourd que celui qui veut se faire réélire contre le cours de l'histoire.

(1) "Révolution énergétique, c'est pour aujourd'hui ou pour demain?", Télérama, 1er février 2012.
(2) réalisée par Climact à la demande de Greenpeace et du Bond Beter Leefmilieu (voir LLB, 28 février 2012).
(3) Charlie Hebdo, 21 mars 2012

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